Nous avons un besoin urgent de leaders courageux, intègres et tournés vers le bien commun. Nous subissons avec douleur les conséquences d'une société dirigée par des leaders obnubilés par le pouvoir et l'argent, occupés davantage à se servir qu'à servir.
Pour éveiller ce courage, inspirons-nous des femmes, qui ont un élan naturel pour répondre aux besoins des personnes qui les entourent et assurer la cohésion de la famille. Ces femmes qui sautent dans l'action pour venir en aide à quelqu'un et qui vont porter sans relâche un projet qui est bon pour l'ensemble.
Bien sûr, il y a les Lise Payette, Indira Gandhi et Lucille Teasdale de ce monde... Mais il y a aussi, plus près de nous, les Hélène, Julie, Laure...
Je me rappelle encore du jour où ma collègue Hélène était revenue de chez un client à qui l'on fournissait du personnel, en me disant qu'il lui semblait que pour mieux le servir et sécuriser les employés recommandés, nous devions être sur place pour accueillir notre personnel et le présenter. Avec ma tête de gars plus calculateur, je lui ai dit que ce n'était pas compris dans le contrat et qu'il faudrait renégocier... Elle m'a regardé, complètement hébétée, et m'a dit : « La question n'est pas de savoir si on le fait ou non, mais qui le fera... Alors j'y serai demain matin et on verra les détails ensuite ». Voilà ce qu'on appelle « répondre » avec courage. J'ai beaucoup appris ce jour-là et je l'en remercie.
J'ai aussi été inspiré par Julie, le jour où je suis passé saluer notre équipe de Sherbrooke pour savoir comment se passait la fusion entre deux bureaux. Après avoir entendu tout le monde me dire que tout se passait bien, elle a pris la parole en disant, avec l'authenticité qu'on lui connaît : « Ben voyons donc ! Ça ne va pas du tout, c'est difficile, le climat est tendu... » Cette sortie a permis un dialogue vrai qui a contribué à transformer le climat. C'est ce qu'on appelle avoir le courage de dire les vraies affaires.
Il y a deux semaines, l'abbé du monastère de Saint-Jean-de-Matha, où j'animais une formation sur le discernement, m'a avoué que dans sa collectivité, dès qu'un besoin criant dans un pays se fait sentir, les premières personnes à se mobiliser sont les femmes, même si l'environnement politique met leur vie en danger. Avant même qu'on ait terminé la réflexion, elles sont sur place pour aider. C'est ce qu'on appelle le courage d'abnégation.
Je suis aussi grandement influencé par Laure Waridel qui a cofondé Équiterre. Elle nous incite à réfléchir, à faire des choix responsables pour nos collectivités comme pour l'environnement. Voilà ce qu'on appelle avoir le courage de troquer nos besoins égoïstes à court terme pour assurer un monde meilleur à ceux qui nous suivent et assurer la pérennité de notre espèce.
Je crois que le courage dont je parle prend racine dans l'instinct maternel, qui est de donner la vie et de la protéger, intuitivement convaincu que la survie passe par l'interdépendance des êtres humains, par la force de la collectivité, que ce soit dans la famille, dans la ville ou dans l'entreprise au sein de laquelle nous évoluons.
Nous sommes tous admiratifs devant ces leaders exceptionnelles que sont nos mères et nos grand-mères qui, pour la plupart, ont su placer le bien-être collectif avant leurs propres besoins et ainsi plonger dans l'action avec courage.
Je ne partage pas l'idée que les femmes doivent apprendre à être plus stratégiques, politiques ou calculatrices... Cette race est assez répandue ! Le défi que nous avons dans nos organisations, pour que la performance passe par la cohabitation des deux sexes, c'est qu'il faut être ouvert à l'idée de se reconnaître et s'admirer réciproquement. La différence de l'autre peut parfois sembler une menace : par exemple, le directeur de production peut se sentir menacé par une contremaître qui lui raconte les états d'âme de son équipe. La trouve-t-il crédible ? Derrière ce doute se cache parfois l'inconfort face à un comportement qui n'est pas le nôtre. Je nous incite plutôt, hommes et femmes, à solliciter ce courage de nous mettre au service des autres et de nos projets collectifs, et à passer à l'action. Finalement, le courage d'être nous-mêmes. On en a un besoin urgent. Et vous, quelle femme vous inspire ce courage ?
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