Johnson accuse la Russie de «crime de guerre»
7h49 | Londres — Le premier ministre britannique Boris Johnson a accusé mercredi la Russie de s'être rendue coupable de «crime de guerre» en Ukraine en raison des armes utilisées contre des civils et appelé l'ONU à «exiger» un retrait russe.
«Ce que nous avons déjà vu de la part du régime de Vladimir Poutine concernant l'utilisation des munitions larguées sur des civils innocents, cela constitue déjà à mon avis un crime de guerre», a-t-il déclaré devant les députés britanniques, qui se sont levés pour une ovation à l'ambassadeur ukrainien Vadym Prystaïko, présent dans les galeries de la Chambre des Communes.
Le procureur de la Cour pénale internationale (CPI) a annoncé lundi l'ouverture «aussi vite que possible» d'une enquête sur la situation en Ukraine, évoquant des «crimes de guerre» et «crimes contre l'humanité».
Amnesty International a en particulier dénoncé l'utilisation de bombes à sous-munitions, interdites en 2010 par une convention internationale, estimant que cela devrait faire l'objet d'une enquête pour «crime de guerre».
«Poutine a fait une grave erreur de calcul dans son odieuse attaque contre une nation souveraine», a déclaré M. Johnson.
«Il a sous-estimé l'extraordinaire force d'âme du peuple ukrainien ainsi que l'unité et la détermination du monde libre à s'opposer à sa barbarie», a-t-il ajouté.
Il a appelé les pays membres de l'ONU à condamner, lors du vote de l'Assemblée générale prévu mercredi, l'invasion russe de l'Ukraine et à «exiger que Poutine fasse rentrer ses tanks»: «Si, au contraire, Poutine redouble d'efforts, nous continuerons à augmenter la pression économique.»
Interpellé par l'opposition pour savoir pourquoi le Royaume-Uni ne sanctionnait pas le milliardaire Roman Abramovitch, propriétaire du club de foot de Chelsea, il a refusé de commenter un cas individuel, mais assuré que Londres comptait «continuer de resserrer l'étau» sur le pouvoir russe.
Sanctions UE: 7 banques russes exclues de Swift, RT et Sputnik interdits de diffusion
6h54 | Bruxelles — Les Vingt-Sept ont exclu sept banques russes du système financier international Swift, mais épargné deux établissements liés aux ventes d'hydrocarbures, et interdit de diffusion en Europe avec effet immédiat mercredi les médias russes RT et Sputnik, selon le Journal officiel de l'UE.
Destinée à couper en partie l'économie russe de la finance mondiale en représailles de l'invasion de l'Ukraine par Moscou, l'exclusion de Swift vise VTB, la deuxième plus grosse banque de Russie, ainsi que Bank Otkritie, Novikombank (financement de l'industrie), Promsvyazbank, Rossiya Bank, Sovcombank et VEB (banque de développement du régime).
Ces établissements «sont les premiers concernés par le financement de l'effort de guerre» de Moscou en Ukraine, a expliqué un responsable européen, affirmant qu'environ un quart du volume du système bancaire russe est concerné par cette exclusion.
La mesure sera effective à partir du 12 mars, selon le Journal officiel. Les États membres de l'Union européenne avaient donné leur feu vert à cette sanction mardi soir, à l'issue de plusieurs jours de négociations.
En revanche, la mesure ne vise ni Sberbank, première banque du pays, ni Gazprombank, bras financier du géant des hydrocarbures, par lesquels transitent la majeure partie des paiements pour les livraisons de gaz et pétrole russes à l'UE.
L'Allemagne et l'Italie avaient craint ces derniers jours de ne plus pouvoir payer leurs approvisionnements de gaz russe, dont elles sont très dépendantes, en cas de blocage de l'accès à Swift des banques russes chargées de ces transactions.
L'exclusion de Swift est présentée comme une «arme atomique» financière: cette plateforme de messagerie sécurisée permet des opérations comme le transit des ordres de paiement et ordres de transferts de fonds entre banques.
Swift, société de droit belge, avait exclu en 2012 plusieurs banques iraniennes à la suite d'une décision de l'UE. La plupart avaient été réintégrées en janvier 2016.
Au total, environ 80% du système bancaire russe est visé d'une façon ou d'une autre par une batterie de sanctions financières de l'UE, adoptées depuis 2014 à la suite de l'annexion de la Crimée par Moscou, selon le responsable européen.
Le Journal officiel de l'UE a confirmé également l'interdiction de la diffusion dans l'Union, sur les réseaux de télévision comme sur internet, des médias d’État russes Sputnik et Russia Today, accusés d'être des instruments de «désinformation» de la Russie dans sa guerre contre l'Ukraine.
Cette mesure doit être appliquée par chaque État membre via son autorité de régulation des médias et ses opérateurs télécoms.
La principale banque russe Sberbank quitte le marché européen
6h20 | Moscou — Le groupe Sberbank, la principale banque de Russie, a annoncé mercredi se retirer du marché européen, après avoir été touché par des sanctions financières massives en représailles à l'invasion de l'Ukraine par Moscou.
«Sberbank a décidé de se retirer du marché européen. Les banques filiales du groupe sont confrontées à des sorties de fonds anormales et à des menaces concernant la sécurité de leurs employés et de leurs bureaux», a indiqué le groupe dans un communiqué cité par les agences de presse russes.
Selon ce communiqué, Sberbank n’est pas en mesure de fournir des liquidités à ses filiales européennes, en raison d'une ordonnance de la Banque centrale de Russie.
Vers 6h15, heure du Québec, le certificat de dépôt de Sberbank sur la place londonienne s'effondrait de 94% à 0,01 dollar.
Sberbank était présent dans huit pays européens: l'Allemagne, l'Autriche, la Croatie, la République tchèque, la Hongrie, la Slovénie, la Serbie et la Bosnie-Herzégovine.
«Les filiales (européennes) de Sberbank disposent d'un niveau élevé de capital et d'actifs, les fonds des clients sont assurés en conformité avec les législations locales», a assuré la banque russe.
La filiale de Sberbank en Suisse n'est elle pas concernée, a précisé dans un communiqué Polina Trizonova, cheffe du service de presse de la banque. «La filiale de Sberbank en Suisse ne fait pas partie du groupe Sberbank Europe, la banque en Suisse continue de fonctionner normalement», a-t-elle expliqué.
Mardi soir, le régulateur bancaire de l'Union européenne avait annoncé qu'une procédure de dépôt de bilan allait être ouverte concernant la principale filiale en Europe de Sberbank, fragilisée par les sanctions financières.
Cette filiale basée en Autriche, Sberbank Europe AG, qui emploie près de 4 000 personnes, va faire l'objet d'une «procédure d'insolvabilité» dans ce pays, avait précisé cette autorité, le Conseil de résolution unique (CRU).
Sberbank a par ailleurs annoncé mercredi de robustes résultats financiers pour 2021, avec un bénéfice net en hausse de 64% à 1 246 milliards de roubles (près de dix milliards d'euros au taux actuel, très déprécié depuis 2021).
Mais depuis l'automne 2021, la capitalisation de Sberbank a fondu de près de 95%.