Le réveil sonne à 4 h 15. Petits yeux, grands sourires. Malgré la courte nuit, nos leaders sont prêts pour les sommets. Nous démarrons vers 5 heures, à la lumière des lampes frontales, crampons aux pieds. En se remémorant cette partie du Défi, Martin Dupuis, de Transport Watson, traduit parfaitement le sentiment général à cet instant : «Quand ça fait trois minutes que tu as commencé à marcher et que tu as les cuisses qui chauffent, ouf, tu sais que la journée va être longue !» De fait, la dénivellation est brutale. Sur le coup, personne n'en parle. «Soyez conscient de l'impact de ce que vous dites sur le reste de l'équipe», avait dit Gilles Barbot. Tout le monde sait qu'on en arrache, tout le monde en arrache autant, alors avançons.
Comme nous gagnons la zone alpine, que les sapins rapetissent et dégagent l'horizon, le soleil se lève, projetant l'ombre du mont Jefferson sur la vallée. Somptueuse récompense de nos efforts.
Dans cette zone à la végétation rase, la neige glacée alterne avec des blocs de rochers plus ou moins stables. Pas toujours facile en crampons, fera remarquer plus tard Christian Bélair, de la start-up Credo. Mais à cette heure matinale, cet équipement est nécessaire, même s'il nous ralentit. L'ambition n'interdit pas la prudence.
Vers 7 h 30, nous prenons une pause à l'abri du vent pour retirer les crampons et croquer notre deuxième déjeuner de la journée. Cette pause, comme les suivantes, durera entre 5 et 10 minutes. Même si la météo est clémente, nous nous refroidissons très vite. La température est toujours une préoccupation dans un coin de nos têtes.
L'humilité
Nous touchons le sommet du mont Jefferson à 10 heures. Nous marchons depuis cinq heures et sur ce pic élégant, qui offre une vue à 360 degrés, nous pouvons apprécier le chemin parcouru (fierté) et celui qui reste à faire (grande respiration).
Les leçons d'affaires sont tout autour de nous. Comme dans cette déclaration de Martin, ému par le paysage : «Il faut être attentif, c'est tellement beau !» Autrement dit, par analogie : ne soyons pas obnubilés par les opérations quotidiennes, gardons l'oeil ouvert pour reconnaître, apprécier et saisir les occasions d'affaires.
Et soyons reconnaissants, ajoute Nathalie Tremblay, de Marmott Énergies : «J'ai assez vu de chefs d'entreprise qui ne se prenaient pas pour des queues de cerise. Il faut savoir dire merci, réaliser combien la vie nous sourit».
Il est vrai que la majesté de la chaîne présidentielle force l'humilité. Les sommets s'alignent les uns derrière les autres, notre équipe est forte et nous grimpons sous le soleil. La chance nous sourit. Mais à quel point un environnement favorable assure-t-il un succès ?
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