Qu’est-ce qui fait qu’une équipe est performante ? C’est avec cette question en tête que sept dirigeants d’entreprise québécois se sont lancés dans le programme de leadership Atteindre des sommets. Cette aventure de 10 semaines, conçue par Les Affaires et Groupe Esprit de corps, s’est conclue à la mi-avril par un défi grandeur nature dans les montagnes Blanches du New Hampshire.
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Au cours de ce programme, nos sept participants ont entrainé leur tête et leur corps pour être capable de gravir, en équipe, le mont Washington, réputé pour la rudesse de son climat. Tout au long de ce parcours, ponctué de push-ups, de lunges et de séances de dépassement collectif, ils ont été guidés par Gilles Barbot, président fondateur d’Esprit de corps, et son associé Samuel Ostiguy.
Le 12 avril, l’heure du défi final sonnait enfin. Nos leaders allaient pouvoir mettre en œuvre les ingrédients d’une équipe prête à se dépasser : l’engagement, le courage, l’humilité, l’interdépendance, la confiance, ainsi que la conviction que si la douleur est temporaire, la fierté, elle, est durable.
Au pied de la montagne, avant le départ, ils prêtent serment tour à tour : « Je vais monter la chaîne présidentielle ». C’est maintenant officiel, chacun adhère à l’objectif commun. L’engagement est confirmé. Il est 19 heures lorsque nous nous mettons en marche, dans une atmosphère fébrile.
Trois heures plus tard, ils atteignent la Log Cabin, un abri de bois rond où ils passeront la nuit. Une très courte nuit, puisque le grand départ pour l’ascension est donnée peu avant 5h le lendemain matin. Dès le départ, la dénivellation est brutale. Sur le coup, personne n’en parle. « Soyez conscient de l’impact de ce que vous dites sur le reste de l’équipe », avait averti Gilles Barbot. Tout le monde sait qu’on en arrache, tout le monde en arrache autant, alors avançons.
À l’arrivée dans la zone alpine, où les sapins rapetissent et dégagent l’horizon, le soleil se lève et les leçons d’affaires sont partout. Comme dans cette déclaration d’un des participants, Martin Dupuis, de Transport Watson, ému par le paysage : « Il faut être attentif, c’est tellement beau ! » Autrement dit, par analogie : ne soyons pas obnubilés par les opérations quotidiennes, gardons l’œil ouvert pour reconnaître, apprécier et saisir les occasions d’affaires.
Et soyons reconnaissants, ajoute sa coéquipière Nathalie Tremblay, de Marmott Énergies : « J’ai assez vu de chefs d’entreprise qui ne se prenaient pas pour des queues de cerise. Il faut savoir dire merci, réaliser combien la vie nous sourit ».
Il est vrai que la majesté de la chaîne présidentielle force l’humilité. Les sommets s’alignent les uns derrière les autres, l’équipe est forte et grimpe sous le soleil. La chance lui sourit. Mais à quel point un environnement favorable assure-t-il un succès ?
L’équipe sera confrontée à cette question quand, après avoir maitrisé les monts Jefferson, Clay et Washington, elle se retrouve, épuisée, face à un autre sommet. « Derrière moi, vous voyez le mont Monroe, déclare Gilles Barbot. Soit vous décidez de le monter avec vos sacs à dos parce que vous êtes des guerriers. Soit vous le faites, mais sans les sacs à dos. Ou encore, vous dites : “Atteindre des sommets, c’est bien, mais on est brulés et on veut descendre”. Que choisirez-vous ? »
Hésitation. Pierre Marc Tremblay, de Convivia-Pacini, qui souffre du mollet depuis le début, se prononce : « Je n’ai ni le cœur ni le goût de monter. Je pourrais attendre ceux qui voudraient y aller et les encourager ». Le reste de l’équipe débat : puisque tous s’entendent sur le fait qu’on ne laissera personne derrière, prendra-t-on l’option minimale ou trouvera-t-on les ressources pour soutenir le maillon le plus faible et pousser l’équipe vers un nouveau sommet ? Josée St-Onge, de PwC, dit qu’elle a le goût de le faire, mais qu’elle aura besoin d’aide. D’autres coéquipiers sont sur les freins. C’est Christian Bélair, de Credo, qui assénera l’argument décisif. « J’ai le vilain défaut de toujours être willing, de m’embarquer. Ma crainte, c’est toujours de revenir à l’hôtel, puis de regretter. »
Tout est dit. Pierre Marc quitte le cercle et détache son sac : « On y va ! » Il doutait de lui, mais il a maintenant confiance dans ses coéquipiers pour l’aider, et réciproquement.
L’équipe a donc ajouté un 4e mont à son palmarès ce jour-là, dépassant de loin son objectif initial. Le lendemain, lors de la rencontre finale de l’équipe, tous reviennent sur ce moment charnière où le Défi a pris tout son sens. « J’aimerais que chacun se rappelle comment on était au pied du mont Monroe et comment on se sentait après, a demandé Stéphan Parent, des Fêtes de la Nouvelle-France. Oui, j’étais fatigué, mais au fin fond de moi, une chose me disait qu’après tout ce qu’on a vécu, partir vers le bas ne se pouvait pas, on devait partir vers le haut. »
Au moment de repartir dans leurs entreprises respectives, les participants étaient des leaders transformés. À l’image de Laurent Pieraut, de CS Communication and Systems Canada : « Du fait de la croissance rapide de mon entreprise, j’essaye de développer un esprit d’équipe. J’étais à court d’exemples qui pourraient accrocher mes employés. Avec ce qu’on a fait là, j’ai maintenant des exemples, j’ai de nouveau de l’oxygène ».
Découvrez :
• le reportage complet du Défi final dans le journal Les Affaires du 25 avril
• la présentation de chacun des participants
• le récit de leur première rencontre
• un reportage, écrit et vidéo, lors de leur Défi préparatoire sur le mont Royal