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Pour la première fois depuis novembre, la Bourse de Toronto a perdu du terrain pour une deuxième semaine consécutive, souligne Martin Roberge, de Canaccord Genuity, dans son analyse hebdomadaire.
Compte tenu du rebond marqué de l’indice S&P/TSX depuis un an et de sa forte ascension dans la foulée de l’élection de Donald Trump, il n’y a rien d’étonnant à ce ressac de 0,7%. Ce qui est toutefois de moins bon augure, c’est que la Bourse de Toronto voit ses principaux piliers ébranlés au même moment, soit les banques, les pétrolières et les producteurs de métaux.
Le secteur de l’énergie subit en effet les contrecoups du plongeon de 8% des prix du pétrole cette semaine. Le poids lourd Suncor Energy(Tor., SUN), qui pèse pour 3% de l’indice torontois, a fléchi de plus de 3% au cours des cinq dernières séances.
Les prix du pétrole ont touché leur plus bas en près de trois mois en raison de nouvelles craintes à propos de la surabondance de l’offre. Non seulement les stocks de brut ont continué d’atteindre des records aux États-Unis, mais le département de l’Énergie a signalé une hausse de la production américaine. Sans compter les sombres commentaires de Harold Hamm, un des pionniers du pétrole schiste et dirigeant de Continental Resources, selon qui le pétrole de schiste américain pourrait «tuer le marché du pétrole» si la production devait augmenter trop rapidement, tel que le rapportait l’AFP.
Or, le secteur de l’énergie revêt une importance cruciale pour la progression du TSX. Il est en effet responsable de près de la moitié de la croissance des bénéfices au Canada, souligne M. Roberge.
D’autres matières premières ont aussi perdu du lustre au cours de la dernière semaine. Le prix du cuivre a reculé de 4% et l’once d’or, de 2%.
Comme si ce n’était pas assez, le scandale entourant la Banque Toronto Dominium(Tor., TD) vendredi s’est ajouté aux facteurs qui mettent en péril l’élan haussier de la Bourse de Toronto.
Les banques du pays ont connu toute une ascension depuis leur creux de février 2016. Le titre de la TD a bondi de 45%, celui de la plus importante institution du pays, la Banque Royale(Tor., RY), de plus de 50%. La principale banque québécoise, la Banque Nationale(Tor., NA) a encore mieux fait avec un gain de 65%.
Un tel mouvement haussier ne peut durer éternellement, d’autant plus que des risques de surchauffe importants demeurent dans certains marchés immobiliers du pays. L’économie du pays évolue encore à basse vitesse, bien qu’elle gagne en vigueur si on se fie aux données sur l’emploi dévoilées vendredi et à d’autres statistiques publiées récemment.
«Le potentiel haussé est limité pour les banques canadiennes compte tenu du contexte (valeur de l’immobilier, endettement des ménages, etc.», dit François Têtu, gestionnaire de portefeuilles pour le Groupe François Têtu affilié à Valeurs mobilières Desjardins.
Voyez aussi l'analyse du gestionnaire de portefeuilles Steve Bélisle au sujet des titres bancaires.
Par ailleurs, bien que d’importance relative pour la Bourse de Toronto, plusieurs entreprises ont dévoilé des résultats décevants au cours des derniers mois. L’action du spécialiste montréalais de l’éclairage DEL, Lumenpulse(Tor., LMP), a perdu plus du cinquième de sa valeur après avoir dévoilé des résultats décevants à son troisième trimestre et abaissé ses prévisions.
Idem pour le manufacturier montréalais Dorel(Tor., DII.B), qui a perdu 10% à la suite de résultats du quatrième trimestre inférieurs aux attentes. Le bénéfice ajusté de 0,24$US par action a été nettement inférieur à celui de 0,54$US l’action attendu par les analystes.
Deux autres titres qui ont présenté des résultats décevants dans le dernier mois, Groupe Canam(Tor., CAM) et Yellow Pages(Tor., Y), ont touché de nouveaux creux en 52 semaines, après une perte respective de 5% et de 9,5% au cours des cinq dernières séances.
Le S&P/TSX ne pourra pas non plus compter sur son ancien numéro un, la pharmaceutique lavalloise Valeant(Tor., VRX), qui a poursuivi son déclin en cédant un autre 9% dans la dernière semaine.
La Bourse de Toronto n’est en hausse que de 1,4% cette année, comparativement à 6% pour l’indice S&P 500 et à 5,8% pour le Dow Jones.
Comme ses principaux piliers se sont affaiblis, la Bourse de Toronto doit trouver de nouvelles locomotives pour supporter son élan. À l’instar du Canadien National(Tor., CNR), qui a touché vendredi un nouveau sommet annuel. Mais en raison de la cherté de nombreux titres, cette quête est loin d'être gagnée d’avance.
Lisez mes autres blogues, dont Comment se mettre en danger en 2017, qui traite de la Bourse canadienne.