Combien de fois on se prend à lire pendant des heures des histoires portant sur des personnages qu’on aime. Dès notre plus jeune âge, un de nos moments préférés est d’écouter un de nos parents nous raconter une histoire avant de nous endormir. Plus tard, s’ajouteront la télé, les jeux vidéos, le cinéma et le théâtre. Tout au long de notre vie, nous sommes fascinés par les histoires sous toutes leurs formes, quels que soient nos intérêts, peu importe le pays où on grandit.
L’entrepreneur a souvent une bonne histoire à raconter. Et celle-ci est souvent son meilleur argument de vente. Les gens sont touchés par les récits d’adversité, les rebondissements, les bifurcations inattendues, les coups de chance et les personnages qui se relèvent après un échec. C’est exactement le parcours de l’entrepreneur.
Que ce soit les circonstances fortuites qui ont mené à l’émergence d’une idée, le parcours acharné qui a débouché sur invention, ou le cheminement personnel de celui qui se lance en affaires, l’histoire doit être la pierre angulaire de la stratégie de communication d’un entrepreneur.
Qui au Québec n’aime pas l’histoire d’un Guy Laliberté qui crachait du feu dans les rues de Baie-Saint-Paul et qui est devenu roi du cirque, ou d’une Cora Tsouflidou qui a ouvert un restaurant en dernier recours ne sachant «que» cuisiner et qui, des années plus tard, s'est retrouvée à la tête d’une des plus grandes chaînes de restauration au Canada? Il y a certes des histoires plus captivantes que d’autres, qui peuvent nous faire rire, nous faire pleurer ou nous inspirer. L’important est de savoir la raconter. Il ne suffit pas d’énumérer les étapes empruntées afin de bâtir son entreprise ; l'histoire doit nous transporter.
Pourquoi garder secret un itinéraire aussi captivant, avec ses obstacles et ses débâcles? Par ce qu’on a honte en se disant qu’on a certainement fait quelque chose de mal. Pourquoi est-ce aussi rocambolesque et compliqué ? On ne le réalise pas dans le moment, mais ce parcours deviendra notre histoire.
Savoir la raconter n’est pas à la portée de tous. On ne manie pas tous le verbe comme Molière. Cependant, l’authenticité est souvent la meilleure manière. Certains entrepreneurs telle que Geneviève Everell de Sushi à la maison viennent de loin. Son histoire personnelle est tout droit sortie d’un film. Élevée par des parents toxicomanes, elle a réussi non seulement à s’en sortir, mais à le faire avec brio en dévoilant son enfance avec une étonnante franchise. Pour d’autres, comme Dominique Brown de Chocolats Favoris, c’est son virage improbable, des jeux vidéos vers les chocolats, qui fascine.
N’ayez pas peur de parler de votre histoire. Elle peut vous paraître anodine, mais elle peut changer la trajectoire de votre entreprise de manière décisive. Quand que lavais les planchers à l’hôpital Sainte- Justine afin de financer ma compagnie, jamais je n’aurais cru que je l’allais écrire mon histoire dans un livre et parcourir le pays pour donner des conférences.
Je suis convaincu que si on connaissait l’histoire de tous les produits que l’on consomme, on consommerait différemment ! Avec la multiplication des réseaux de communication, l’évolution de la manière de consommer et le changement démographique, l’histoire revient à l’avant-scène, l’histoire est plus que jamais la véritable «star».