Hillary Clinton avait tout préparé pour défoncer le plafond de verre. Ça ne s'est pas produit, la pression populiste aura été trop forte. Les femmes sont sorties doublement perdantes de cette élection qui a consacré un homme qui les méprise, et nous voilà partis pour quatre ans avec une first lady en parfait contraste avec Michelle Obama, charismatique et érudite.
Le 9 novembre, il était donc plus que nécessaire de célébrer le leadership féminin. Ça tombait bien, c'était le gala organisé par le Réseau des femmes d'affaires du Québec. Une soirée toujours riche en émotions, et cette année, c'est à Marion Duchesne que l'on doit le moment fort de la soirée.
La fondatrice et dirigeante de Mediaclip, un concepteur de logiciels montréalais, est montée sur la scène du Palais des congrès pour recevoir le prix de la catégorie «Entrepreneure active à l'international», elle qui réalise 93 % de son chiffre d'affaires à l'étranger, dans 30 pays différents. Elle était visiblement fière et surprise. Mais aussi, visiblement remplie d'une immense gratitude.
Mon calepin était hors de portée et je n'ai pas ses mots exacts, mais elle a dit en substance : «J'aimerais que tout le monde se lève et qu'on s'applaudisse, parce que mon succès, c'est le succès de toute une communauté». Des comptables, des avocats, des investisseurs, des mentors, des associés, des clients... La salle s'est dressée comme un seul homme, comme une seule femme devrais-je dire, pour applaudir à cette marque de reconnaissance collective.
J'entends constamment des gens s'interroger sur la pertinence d'avoir, encore en 2016, une communauté de soutien du leadership féminin. Est-ce qu'on peut s'entendre pour dire que tant que le fossé salarial au Canada entre hommes et femmes frisera 20 % ; que tant que 45 % des entreprises du TSX n'auront aucune femme sur leur conseil d'administration ; que tant qu'il n'y aura qu'une seule femme à la tête de l'exécutif de ces sociétés... Est-ce qu'on peut s'entendre pour dire que oui, cette communauté de soutien, composée de femmes mais aussi d'hommes, est très pertinente ?
Il faut célébrer les réussites, et il faut agir pour changer les règles. La fondatrice de l'OBNL La Gouvernance au Féminin, Caroline Codsi, était tout récemment à Ottawa avec Justin Trudeau pour discuter de parité. Notamment, du projet de loi C-25, présenté cet automne par les libéraux, qui contraindrait les sociétés par actions à divulguer à leurs actionnaires certaines informations, dont le nombre de femmes au sein de leur conseil et de leur direction. Ces initiatives mobilisent aussi bien des femmes que des hommes, qui ont compris que c'est dans l'intérêt de tous. Les filles, on ne lâche pas ! Et les gars non plus !
Julie Cailliau
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