À la demande de l’abbaye Val Notre-Dame, la firme Le Chêne aux pieds bleus a recensé 80 sites où l’abondance de plantes et de champignons intéressants permettait d’envisager une récolte d’une année à l’autre.
Frère André a partagé son idée avec les autres, et il a été décidé de faire faire un inventaire des plantes se trouvant dans les 155 hectares de forêt accessibles. C'est ainsi qu'en août 2014 Daniel Lachance, un conseiller en écoforesterie à la tête de la firme Le Chêne aux pieds bleus, établie à Sainte-Béatrix, a planté sa tente au coeur de la forêt durant des semaines afin de répertorier, GPS à la main, chaque plante digne d'intérêt. «L'objectif consistait à localiser très précisément tout ce qui pouvait se récolter, aussi bien d'un point de vue nutritif que médicinal : têtes de violon, boutons de marguerites, etc.», dit-il.
Résultat ? M. Lachance a mis au jour 80 sites prometteurs, où l'abondance de plantes intéressantes permettait d'envisager de les récolter d'une année à l'autre. Ce qui a aussitôt été entrepris pour une quinzaine d'entre eux. «Nous nous sommes alors lancés dans la production de petits pots de brocolis d'asclépiades, de sel de champignons homard, ou encore d'aiguilles de mélèzes», dit frère André. Et de souligner : «En 2015, nous avons pu faire 150 pots de têtes de violon marinées. Ils se sont tous vendus en quelques jours !» Les frères de l'abbaye ne s'attendaient pas à un tel succès commercial. Ils se sont vite trouvés à court de produits forestiers comestibles, ce qui les a motivés à en faire davantage. Du coup, les projets abondent :
À la demande de l’abbaye Val Notre-Dame, la firme Le Chêne aux pieds bleus a recensé 80 sites où l’abondance de plantes et de champignons intéressants permettait d’envisager une récolte d’une année à l’autre.
Du chocolat aux noisettes. En 2014, la chute de production de noisettes en Turquie, à l'origine de 70 % de la production mondiale, a posé d'énormes difficultés d'approvisionnement pour tous les producteurs de chocolat aux noisettes. «C'est bien simple, il nous a été impossible d'en acheter cette année-là, tant les prix avaient bondi», se souvient frère André. D'où l'idée de récolter des noisettes dans la forêt, et même de planter des noisetiers à proximité du magasin : d'ici 5 ou 6 ans, l'abbaye espère devenir ainsi autosuffisante.
Des champignons cultivés. Avec le concours de Daniel Lachance, les frères entendent se lancer dans la production contrôlée de champignons, et devenir par la même occasion des pionniers de la mycosylviculture au Québec. Il s'agit d'inoculer des spores de champignon dans des souches d'arbres morts placées en zones humides, puis de procéder régulièrement à la récolte.
L'initiative de l'abbaye Val Notre-Dame fait des émules. Vingt-quatre propriétaires de forêts privés de Lanaudière ont confié le mandat au Chêne aux pieds bleus de répertorier tout ce qui pouvait être cultivé sur leurs terres, puis lui ont donné le feu vert pour y implanter des vergers potagers.