Percer le marché africain est un travail de longue haleine, dit Jean-Daniel Nieminen, directeur général d’Équipements KN.
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L'entreprise de Rouyn-Noranda expédie de la marchandise en Afrique depuis une douzaine d'années pour des minières canadiennes. Pour voir s'il est possible de faire plus, Jean-Daniel Nieminen participe en 2013 à une mission commerciale d'Export Québec au Burkina Faso. Il en revient convaincu. «Les besoins sont énormes. Il y a un manque d'expertise et d'équipements de qualité. Et les entreprises locales souhaitent nouer des partenariats pour bénéficier d'un transfert des connaissances.»
Percer le marché africain est toutefois un travail de longue haleine. «Les missions, c'est un point de départ, constate l'entrepreneur de 34 ans qui cible l'Afrique de l'Ouest. Il faut y aller souvent, car c'est presque impossible de prospecter le marché à partir du Canada. Les Africains veulent nous voir et nous revoir. Ils veulent toucher à la machinerie.»
«Les 4 P - patience, présence, persévérance et politesse - sont des ingrédients essentiels au succès, confirme Benoît La Salle, président du conseil d'administration du Conseil canadien pour l'Afrique. Les entreprises qui souhaitent exporter en Afrique ont donc avantage à désigner parmi leur équipe un responsable de ce marché.»
Benoît La Salle sait de quoi il parle. Pdg de Windiga Énergie, une firme québécoise spécialisée dans la production d'énergie renouvelable en Afrique, il est aussi le fondateur de la minière Semafo, qui exploite des mines d'or au Burkina Faso. «Quand on n'est pas là, les projets n'avancent pas. J'ai bâti Semafo en y allant deux fois par mois pendant 15 ans.»
Carrefour minier
Après plus de 100 000 $ en frais de voyage depuis trois ans, Équipements KN voit poindre les premiers résultats. Elle commence à recevoir des demandes de soumission, et elle vient de conclure une entente avec un distributeur local. Surtout, elle a fondé une filiale au Sénégal, Les Industries Orientales SAU. «Il s'agit d'un hub minier, indique M. Nieminen. Grâce à un entrepôt sous douane que nous rendrons accessible aux entreprises canadiennes du secteur minier, celles-ci auront un accès plus rapide au marché de l'Afrique de l'Ouest.»
Un tel entrepôt donnera la possibilité de suspendre le paiement des droits de douane jusqu'à la sortie des marchandises. Il permettra aussi aux entreprises minières en début d'opération de bénéficier des exemptions douanières que le gouvernement sénégalais leur consent à l'achat de biens importés. Équipements KN a acquis un terrain de quatre hectares à Kédougou, à 700 km de Dakar, pour y bâtir son entrepôt, qui devrait ouvrir vers la fin de l'année. «C'est une approche stratégique, salue Benoît La Salle. L'Afrique de l'Ouest connaît un développement minier sans précédent. De plus, les minières ont toujours besoin d'équipements pour hier. Avec des stocks sur place, ça leur facilitera la vie.»
Le Sénégal, un pays démocratique et stable politiquement, est la meilleure porte d'entrée pour l'Afrique de l'Ouest, selon Jean-Daniel Nieminen. «On y trouve le premier port de la région pour les marchandises en provenance de l'Europe et de l'Amérique. Et il n'est pas congestionné, contrairement à celui d'Abidjan. Sans compter que deux routes principales permettent d'atteindre une quinzaine de pays. En matière logistique, c'est un choix logique.»
Le fait que le Sénégal offre des allègements fiscaux aux entreprises étrangères qui s'implantent sur son territoire a aussi pesé dans la balance. «Avec un impôt sur le revenu des sociétés de 30 %, c'est loin d'être un paradis fiscal, mais nous aurons des réductions pendant trois à cinq ans», dit l'entrepreneur abitibien.
Soutenir les mines artisanales
M. Nieminen travaille aussi à un projet de petites usines de traitement de l'or qui permettrait aux nombreuses mines artisanales de moderniser leurs procédés. «Elles utilisent des méthodes archaïques qui posent un danger pour l'environnement en plus d'être peu efficaces, dit-il. Avec nos petites usines, elles pourraient récupérer 95 % de l'or contenu dans le minerai au lieu de 40 % comme c'est le cas actuellement.»
Si le projet voit le jour, Équipements KN offrirait de la formation et de l'accompagnement pendant la première année d'exploitation. L'entreprise a d'ailleurs approché le Cégep de l'Abitibi-Témiscamingue pour développer un programme de formation.
Son objectif ? Devenir une référence en matière d'équipements miniers en Afrique de l'Ouest. «Nous sommes là pour le long terme. Je souhaite que notre entreprise contribue à l'amélioration des conditions de vie en créant des emplois et en exportant son savoir-faire.»
ÉquipementsKN expédie des pièces d’équipement pour l’activité minière en Afrique depuis 12 ans environ.
Bon à savoir
L'Afrique subsaharienne est en plein boom démographique. Sa population passera de 1,4 milliard à plus de 2 milliards d'habitants dans 30 ans. «La croissance démographique crée la demande, dit Benoît La Salle, président du conseil d'administration du Conseil canadien pour l'Afrique. L'Afrique est le prochain continent où l'on consommera, où l'on fabriquera. Déjà, la classe moyenne est en forte augmentation. Pour les exportateurs, l'Afrique est l'endroit où il faut être.» On trouve des occasions d'affaires dans plusieurs secteurs : construction, mines, énergie, agriculture, machinerie, santé, informatique, environnement, services financiers, etc.
Sur le Web
Conseil canadien pour l'Afrique : www.ccafrica.ca
APIX - Promotion des investissements et grands travaux : www.investinsenegal.com
Ça clique entre les Québécois et les Africains francophones, selon Jean-Daniel Nieminen. À cause de la langue, bien sûr. Mais aussi parce que «nous n'arrivons pas en conquérants, nous n'imposons pas nos façons de faire, nous sommes à l'écoute et nous créons des relations qui dépassent les liens d'affaires», dit-il. Une attitude qu'on rencontre moins chez les Russes, les Chinois, les Australiens et les Américains. Quant aux Français, ils sont influents en Afrique francophone, mais les sociétés africaines aiment moins travailler avec eux en raison de leur passé colonialiste, d'après l'exportateur québécois.
Coup de pouce
Pour démarcher l'Afrique, Équipements KN a reçu de l'aide d'Export Québec et des délégués commerciaux de l'Ambassade du Canada au Sénégal. «Ils donnent des conseils sur les coutumes d'affaires, donnent accès à des personnes-ressources fiables, aident à organiser des rencontres, énumère Jean-Daniel Nieminen. Ce sont un peu mes yeux et mes oreilles sur le terrain. Nos impôts paient leurs services. Il faut en profiter !» À Dakar, l'entrepreneur s'est aussi prévalu de la possibilité qu'offre Expansion Québec de louer à un coût avantageux des espaces de travail dans ses locaux. Il s'agit d'un organisme à but non lucratif qui offre aux PME québécoises des services personnalisés de domiciliation, de location de bureaux et d'accompagnement visant à soutenir chaque étape de leur développement coommercial.
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