Si les grands centres urbains rêvent, ce sont les villages et les petites villes (moins de 10 000 habitants) qui passent à l'action. Sous la moyenne québécoise sur le plan des intentions (18,2 % pour les petites villes et 13,8 % pour les villages, par rapport à une moyenne de 20,1 %), ils surpassent légèrement la moyenne lorsqu'il est question d'entreprendre des démarches (respectivement 11,7 % et 11,1 %, comparativement à une moyenne de 10,2 %) et largement lorsqu'il s'agit de devenir propriétaires (respectivement 11,6 % et 10,2 % ; moyenne de 7,9 %).
«En région, le passage à l'action est plus rapide, moins complexe, plus pragmatique. Il est peut-être facilité du fait que les gens se connaissent plus qu'en ville. Ce sont des "faiseux"», résume Rina Marchand.
Des «faiseux» plus pressés qu'ailleurs. Dans les villages, 26,1 % des répondants prévoient créer leur entreprise dans les 12 prochains mois ; dans les métropoles, la proportion chute à 7,6 %.
Autre fracture entre régions et milieux urbains : le moyen envisagé pour se lancer en affaires. Les champions dans la création de nouvelles entreprises sont les grands centres, à 73,5 %. De leur côté, les petites villes et les villages se démarquent dans la relève d'entreprise : à 32,5 % et 36,5 % respectivement, alors que la moyenne québécoise est de 18,7 % pour cette catégorie.
Bonne nouvelle pour les régions, 69,4 % des Québécois souhaitent entreprendre dans la région où ils demeurent. Cependant, près du quart des répondants de la Côte-Nord (24,4 %) et 18,8 % des Lanaudois pensent s'exiler pour se lancer en affaires.
Et «le recours à l'aide gouvernementale est plus fréquent en région, relève Mme Marchand, en indiquant les conclusions de l'Indice. Ce n'est surtout pas le moment de perdre des structures d'accompagnement». Et s'il est «trop tôt pour juger de l'effet de l'austérité [sur la vigueur entrepreneuriale régionale], admet M. Chirita, ça reste une préoccupation».
Entre les métropoles, où l'on rêve, et les zones rurales (ou faiblement peuplées), où l'on agit, il reste les villes «moyennes» et «grandes», soit celles qui comptent de 10 000 à 250 000 habitants. Dans ces dernières, les indicateurs mesurés par l'Indice sont tous situés sous la moyenne québécoise. «S'il y avait un coup de barre à donner, ce serait probablement là, s'entendent pour dire Gabriel Chirita et Rina Marchand. Toutefois, nous n'avons pas les données pour expliquer le phénomène.»
C'est peut-être un effet de «ville-dortoir», où Longueuil et Lévis abritent des travailleurs ou entrepreneurs de Montréal et Québec.
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