Sources : Conference Board du Canada et Institut du Québec
Odeur de corruption à l'Hôtel de Ville, faible création d'emplois, économie au ralenti... Alors qu'elle célèbre son 375e anniversaire, la métropole semble avoir tourné la page sur cette période. Depuis le début de 2017, l'économie montréalaise tourne à plein régime. Au-delà des facteurs plus ponctuels, ce regain de vitalité est-il durable ? Montréal est-elle assez bien positionnée pour se démarquer à l'échelle nord-américaine ?
Une croissance économique record
Le dynamisme de Montréal est bien réel, et les indicateurs économiques sont au vert. Depuis janvier 2016, plus de 140 000 emplois y ont été créés et, à 6,4 %, le taux de chômage est au plus bas.
Plusieurs chantiers publics et privés importants, comme les travaux du pont Champlain et de l'échangeur Turcot, le réaménagement de l'autoroute Bonaventure, le recouvrement de l'autoroute Ville-Marie, le déploiement du réseau de fibres optiques à large bande de Bell et la construction de nouveaux hôtels, stimulent le secteur de la construction. La faiblesse du dollar canadien et la vitalité de l'économie américaine sont favorables au secteur manufacturier. Les investissements directs étrangers atteignent des sommets, et l'industrie touristique est en plein essor. Bref, l'économie de la métropole est particulièrement forte en 2017 et enregistre sa meilleure performance depuis 2000. Montréal recommence enfin à jouer son rôle de locomotive du Québec.
Elle n'est toutefois pas la seule dans ce cas. Ces dernières années, Toronto et Vancouver étaient les villes phares du Canada. Aux États-Unis, plusieurs grandes cités ont aussi connu une forte croissance.
Malgré son récent essor, Montréal ne se démarque pas encore suffisamment du reste de l'Amérique du Nord. Elle reste en queue de peloton pour plusieurs indicateurs clés, comme la productivité, le PIB par habitant et le revenu disponible par habitant. De même, pour ce qui est du taux de diplomation universitaire, du décrochage scolaire, de l'intégration des immigrants et de la commercialisation des innovations, Montréal fait piètre figure par rapport à d'autres métropoles nord-américaines.
Le rattrapage économique est en cours, mais il demeure ardu. Ainsi, même si Montréal est sur la bonne voie, elle continue d'être moins performante et attrayante que des pôles comme San Francisco, Boston et Seattle.
Un nouvel élan pour Montréal ?
Au-delà des éléments conjoncturels qui expliquent la solide croissance de 2017, l'essor de Montréal repose sur des éléments plus fondamentaux. Le développement de compétences dans des secteurs de pointe, comme l'aéronautique, les sciences de la vie, les technologies de la santé, les technologies financières, les effets visuels, les jeux vidéo et l'intelligence artificielle, qui bénéficient de la forte croissance de la demande mondiale, un vaste réseau d'universités et de centres de recherche de renommée internationale et une qualité de vie enviable rendent Montréal attrayante.
Grâce à ses atouts, la métropole est bien positionnée pour poursuivre sur sa lancée, mais avec une population vieillissante et moins éduquée, son succès dépendra de sa capacité à former, à attirer et à retenir les meilleurs cerveaux et les meilleurs talents. Cela est loin d'être acquis, mais la volonté politique semble y être. Et avec le vent protectionniste qui souffle au sud de la frontière, c'est l'occasion rêvée pour Montréal de se tailler une place au sommet.
EXPERTE INVITÉE
Mia Homsy est directrice générale de l'Institut du Québec depuis sa fondation en février 2014.