Donald Trump (Photo: Getty images)
BLOGUE INVITÉ. C’est ici dans cette même chronique, il y a très exactement 1815 jours, soit le 15 novembre 2016 que j’écrivais ceci :
«Je ne peux m’empêcher de comparer sa campagne au parcours d’un entrepreneur qui s’apprête à lancer un nouveau produit. Il a réalisé qu’il y avait un manque, qu’il y avait un trou à combler. Sur la route, pendant des mois, il est allé à la rencontre des Américains, comme autant de clients potentiels, pour présenter sa solution et marteler ses idées. Coïncidence ou pas, Donald Trump a approché l’univers politique comme un entrepreneur aborde le monde des affaires.»
En effet, dans cette chronique, je tirais trois grandes leçons de sa victoire surprise. L’opportunité, la persévérance et l’authenticité. Il a été opportuniste, bâtissant son discours autour de thèmes et d’idéaux controversés, mais partagés par des millions d’Américains ne se reconnaissant plus dans l’offre politique du moment. Persévérant de par ses incalculables discours, entrevues et batailles juridiques qui n’en finissent plus de finir, et authentique par le fait qu’il soit resté lui-même, ou plutôt celui qu’il veut que l’on pense qu’il soit.
Je suis privilégié aujourd’hui de pouvoir, quatre ans plus tard, tirer, une fois de plus, trois leçons de son mandat présidentiel.
Cette fois-ci, je me suis amusé à comparer son style de leadership en imaginant qu’il soit à la tête d’une entreprise, plutôt qu’à la tête d’un pays.
Leçon #1
Plus grande est la promesse, plus grande est l’attente
Stéphane, notre Vice-Président exécutif dit souvent que vendre une bouteille est facile, mais que d’en vendre une deuxième représente tout un défi. Depuis toujours, l’être humain aime se laisser charmer par la nouveauté. Un peu comme le coup de foudre en amour, nos yeux ne regardent que les côtés que l’on veut bien voir. Cependant, au fil du temps, les défauts que l’on acceptait aveuglément par amour deviennent de plus en plus irritants.
Oublions les détracteurs du président et concentrons-nous sur les partisans de la première heure qui ont cru en ses promesses, l'ont supporté et porté au pouvoir. La promesse client était-elle au rendez-vous?
Après avoir été charmé par un discours aux antipodes des «élites de Washington», par ses multiples promesses quasi divines et son personnage de «self-made man», soigneusement bâti de toutes pièces, ses «clients» en ont-ils eu pour leur argent? En gros, le produit en offrait-il autant que son marketing le prétendait?
«Make America great again»! Tristement, nous avons plutôt été témoins d’un Vaudeville ayant comme unique objectif de faire briller l’incompétence du personnage principal.
Aujourd’hui, une bonne partie de ses partisans de la première heure se sentent floués par un homme promettant mer et monde et qui, au final, n’a livré que honte et chaos au peuple américain.
Leçon #2
La parole est d’argent, mais le silence est d’or
Autant en affaires, en politique que dans la vie, mieux vaut parfois écouter que de parler. Personnage pourtant reconnu pour son amour exagéré pour tout ce qui brille, rappelons-nous de ses toilettes en or dans son luxueux appartement de la Trump Tower, il aurait dû savoir que la parole est d’argent, mais que le silence est d’or!
Insultes de toutes sortes, guerres de gazouillis, envolées lyriques décousues, le Président n'a, depuis quatre ans, raté aucune occasion de prouver son incompétence et son ignorance sur une multitude de sujets. De s’injecter du désinfectant à s’autoproclamer le meilleur président de l’histoire en passant par sa gestion, ou plutôt son autodestruction de la crise sanitaire actuelle, il aurait dû, à la place, écouter l’armée d’experts, de sommités mondiales et de conseillers stratégiques, qui entourent la présidence.
Seul on va vite, ensemble on va loin. Telle est la devise que tout entrepreneur devrait adopter. Telle est la devise avec laquelle il aurait dû adapter son style de gestion. À la place, il a plutôt décidé d’éliminer autour de lui toute personne qui osait avoir une pensée différente de la sienne.
Leçon #3
Le colosse aux pieds d’argiles
Son histoire me rappelle celle du livre de Daniel dans la bible. Expression bien connue, elle fait référence à une grande puissance qui semble indestructible aux yeux de tous, mais qui finalement est très fragile en raison de sa base en argile.
Depuis plus de quarante ans, Donald Trump bâtit sa propre légende à force de mensonges, manipulations, menaces, poursuites et intimidations de toutes sortes, réussissant à se rendre au sommet de la pyramide.
Ironiquement, c’est le fait d’avoir réussi cet exploit qui lui sera fatal. Lui-même le dit lors de ses innombrables interventions. Avant de s’être lancé dans l’arène politique, sa vie, certes sous les projecteurs, était un long fleuve tranquille comparativement à celle qu’il est «obligé» de vivre depuis quatre ans.
Du jour au lendemain, Donald Trump est passé de la fiction à la réalité, des plateaux de tournage de télé-réalité à la plus grande scène au monde. Fini les secrets d’infidélités, les petites magouilles de toutes sortes ou la fausse image d’homme d’affaires à succès.
En devenant président, Donald Trump a ouvert une boîte de pandore qu’il aurait fortement souhaité garder fermée. Donald Trump voulait être le roi, il l’est devenu, il le regrettera.
En relisant ma chronique, je trouvais mon analyse juste, exclusivement basée sur de réels faits, mais sévère. Pour tout vous dire, je ne suis pas plus excité par l’offre démocrate. Joe Biden peut être un candidat de transition, mais je reste tout de même sur ma faim en réalisant que, dans un pays comptant plus de 330 millions d’habitants, ils n’ont pu trouver meilleur choix!
Je suis extrêmement exigeant quand vient le temps de juger l’univers politique. La fonction est trop noble, l’importance trop capitale, la confiance trop précieuse pour qu’une personne, peu importe son orientation ou ses croyances, puisse prendre ce rôle à la légère.
Nous oublions beaucoup trop souvent que nos élus doivent nous rendre des comptes et non l’inverse, que nous élisons des personnes et les portons au pouvoir afin de leur confier, avec un immense espoir, la gestion de notre ville, province ou pays. En tant que politologue de formation, rien ne m’agresse plus que de voir l’arène politique devenir un cirque.
Finalement, et plus légèrement, je ne peux vous laisser sans m’amuser à vous partager ma prédiction pour ce soir. Je tiens tout d’abord à vous dire que je croyais sincèrement, tout comme l’immensité de la planète (mis à part une poignée d’irréductibles qui prédisait une victoire de Trump avec pour la plupart, on va se le dire, l'unique objectif de contredire la majorité) qu’Hillary Clinton allait remporter (une courte victoire) lors de l’élection de 2016. En fait, je me console de ne pas avoir eu entièrement tort, car Mme Clinton a remporté le vote populaire, mais pas le collège électoral.
Cette fois-ci, avec l’analyse que je me fais de la situation, je prédis que Joe Biden va remporter le vote populaire ainsi que le collège électoral. De plus, je crois bien que le Sénat va également basculer en faveur des Démocrates.
Bien que je reste sur mes gardes quand vient le temps d’y aller de prédiction électorale, je sens depuis l’insupportable premier débat télévisé d’il y a quelques semaines un vent d’espoir de changement fortement soufflé chez une bonne partie des électeurs américains, notamment dans quelques états clés.
Pour ma part, cette soirée électorale est l’équivalent du Super Bowl ou d’une finale de la Coupe Stanley. J’ai bien hâte de voir comment se déroulera le tout et j’en profite pour vous souhaiter à tous une belle soirée haute en émotions!