[Photo : Shutterstock]
Les entreprises qui investissent plus que la moyenne dans la formation de leur personnel performent davantage. Et en règle générale, le rendement de l'investissement dépasse les seuls gains financiers, comme en témoigne l'expérience d'AMEC Usinage.
À lire aussi :
› Des investissements qui en valent la peine
› Le défi de Sixpro : fidéliser ses nouveaux employés
› S'adapter à la disparition d'un gros client
Le fabricant de pièces de précision de Saint-Augustin-de-Desmaures, dans la région de Québec, éprouvait un problème technique récurrent avec une pièce destinée à l'un de ses cinq principaux clients. «Nous en étions au point où nous avons failli perdre ce contrat», se souvient Éric Morin, directeur des opérations de la PME d'une cinquantaine d'employés, qui oeuvre comme sous-traitant dans les domaines aéronautique, manufacturier, médical, de l'énergie, de l'optique et de la photonique. «J'ai donc mis sur papier les instructions de travail permettant de régler ce problème complexe, j'ai formé tous les intervenants clés, acheté les équipements nécessaires et fait le suivi lors des productions subséquentes.»
Éric Morin estime que cette formation a eu un effet triple. «En plus de conserver un contrat mensuel, nous arrivons à le produire sans faire de rejet - ce qui le rend plus rentable - et nous avons grimpé dans l'estime de notre client en transformant un irritant en une occasion de montrer que nous étions capables de relever des défis», résume-t-il. Sans oublier l'impact positif sur le moral des employés, ajoute la directrice du développement des affaires et du développement organisationnel, Geneviève Paré. «Leur opinion sur cette tâche-là était extrêmement négative, et elle ne l'est plus», remarque-t-elle.
Une démarche sur trois ans
La PME figure parmi les 28 % des répondants au Baromètre industriel québécois 2015 qui ont investi plus de 2 % de leur masse salariale en formation en 2015.
«Il y a une nuance à apporter, fait valoir Éric Morin. Une entreprise peut se vanter de consacrer 3 % à son budget de formation, mais si elle a un roulement de personnel hors de contrôle et pas d'actifs organisationnels, c'est de l'argent jeté aux poubelles. Si elle met une structure en place pour conserver cette formation en tant qu'actif, ça devient un investissement parce qu'elle construit quelque chose qui va durer.»
C'est pour cette raison qu'AMEC s'est engagée dans une démarche de trois ans destinée à «placer la bonne personne à la bonne place» au sein de l'entreprise. «Dans la dernière année, nous avons refait toutes les descriptions de postes. Nous allons maintenant adapter les compétences des gens avec leurs nouveaux rôles et responsabilités en misant sur la formation», détaille Mme Paré.
Des stagiaires en génie industriel seront embauchés afin d'appuyer la révision des procédures de travail et la création de documents de formation standardisés. «Dès septembre, nous serons beaucoup mieux outillés pour établir les plans de formation et nous assurer que notre schéma de main-d'oeuvre est optimal en fonction de nos besoins à long terme», dit M. Morin.
L'ensemble de cette démarche influera positivement sur l'ambiance au sein de l'usine et sur la mobilisation des employés. «Ils se sentent importants, autant s'ils ont une formation que s'ils en reçoivent une, et pensent qu'ils peuvent obtenir de l'avancement», note Mme Paré. Cela crée des liens entre les anciens et les nouveaux, et pour les vétérans, ça change un peu le mal de place», ajoute Éric Morin.
À constater tous les bénéfices qu'apporte la formation à une PME manufacturière comme AMEC Usinage, une question reste en suspens : pourquoi 17 % des entreprises interrogées lors de l'enquête du Baromètre industriel québécois ont-elles investi en formation moins que le minimum prescrit par la loi, ou n'ont pas investi du tout, en 2015 ? «Les secteurs aéronautique et manufacturier ainsi que les ateliers d'usinage ont quand même eu beaucoup de difficulté dans la dernière année», fait valoir Geneviève Paré.
«La formation, c'est du long terme : si on est en train d'essayer de se maintenir à la surface, on ne pense pas à avoir une bonne technique de crawl», illustre Éric Morin.
À lire aussi :
› Des investissements qui en valent la peine
› Le défi de Sixpro : fidéliser ses nouveaux employés
› S'adapter à la disparition d'un gros client