Un stage chez Apple ?
Toutefois, il ne s'agit pas d'un phénomène uniquement québécois, mais nord-américain. « C'est encore pire dans les facultés d'ingénierie du Canada anglais », estime M. Lefebvre.
À l'heure actuelle, une vingtaine d'étudiants de l'École Polytechnique de Montréal font des stages à l'étranger. C'est peu par rapport aux quelque 1 200 stages annuels recensés à l'échelle de l'établissement, mais c'est déjà beaucoup plus qu'il y a trois ans, alors qu'on n'en trouvait presque aucun.
Fait intéressant, les étudiants québécois en génie tentés par ce type d'expérience peuvent bénéficier d'une demande croissante à l'échelle nord-américaine. « On manque d'ingénieurs en Alberta et dans les pays producteurs de pétrole. Et on sous-estime la pénurie grandissante d'ingénieurs aux États-Unis. Conséquence : de grandes firmes comme Apple manifestent leur intérêt à accueillir des stagiaires québécois », indique M. Doyle.
Bref, la situation n'a jamais été si bonne pour les apprentis ingénieurs qui veulent voir du pays.
Deux ingénieurs globe-trotters
Étudiant en génie logiciel, Philippe Marceau voulait travailler pour de grandes organisations. Aujourd'hui, mission accomplie : il passe le plus clair de son temps dans les bureaux parisiens des géants bancaires français Société Générale, BNP Paribas et Natixis. « Étant donné leurs nombreuses filiales à l'étranger, je parle à des gens situés aux quatre coins de la planète », dit l'ingénieur logiciel de 29 ans.
Embauché dès sa sortie de l'École de technologie supérieure en 2007 par Planaxis, un spécialiste québécois de la messagerie financière, Philippe Marceau traverse alors l'Atlantique. Il s'établit dans la capitale française et devient consultant en messagerie bancaire.
Il a depuis changé d'employeur, car la filiale française de Planaxis a été rachetée par Alti, une société-conseil informatique française.
Selon lui, son parcours de formation l'a préparé à relever ce défi.
C'est aussi ce qui lui aurait permis d'attirer l'attention du recruteur de Planaxis.
« Lorsque j'étais étudiant en génie logiciel, j'ai passé deux sessions à l'étranger, à San Jose et à Albuquerque. De plus, j'ai fait mes stages chez Motorola, Lockheed et Exfo, des entreprises aux ramifications internationales. Ce parcours m'a probablement ouvert les portes de Planaxis », dit-il.
Mais attention ! « Travailler à l'étranger, ce n'est pas l'équivalent de participer à un club de vacances. Il faut connaître son domaine à fond et prendre les moyens de devenir très bon ! » prévient Philippe Marceau.