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Nous savions déjà que les investisseurs ont tendance à détenir une proportion importante d'actions de leur pays de résidence, même quand ce marché représente une faible partie de la capitalisation boursière mondiale. Une situation qui entraîne une concentration de portefeuille. Voilà qu'une analyse de la firme américaine Charles Schwab révèle que le marché boursier de plusieurs pays développés se comporte de façon similaire à un seul secteur d'activité du marché mondial1. Qu'ils soient canadiens, japonais ou américains, les investisseurs n'y échappent pas et détiennent un portefeuille encore moins diversifié qu'ils ne le croyaient : est-ce votre cas ?
Malgré l'accès facile et à faibles frais aux marchés étrangers (notamment grâce aux FNB), les investisseurs ont un penchant pour des titres de sociétés dont le nom leur est familier. De plus, les recherches publiées par les firmes de courtage canadiennes mettent l'accent sur les entreprises locales (qui sont souvent leurs clientes). Le risque lié aux devises et le sentiment que les multinationales canadiennes offrent de facto une diversification géographique sont d'autres raisons expliquant le home bias (la préférence nationale).
Selon Charles Schwab, aucun pays n'offre une diversification boursière mondiale ; pas même les États-Unis où les investisseurs détiennent environ 75 % de leurs actions en titres américains. Leur analyse révèle que la Bourse d'un pays développé évolue souvent de façon similaire à l'indice mondial d'un secteur spécifique. Voici quelques exemples de l'impact du home bias au Canada, au Japon et aux États-Unis.
Au Canada
Avec près de 100 titres de sociétés de moyenne et grande tailles, l'indice MSCI Canada couvre 85 % de la capitalisation boursière canadienne. Or, son rendement et ses fluctuations s'apparentent à l'indice mondial MSCI Énergie depuis plus de 15 ans. Bien que le secteur de l'énergie n'occupe que 22 % de l'indice canadien MSCI, notre économie est tributaire des ressources naturelles et nos banques sont exposées au cycle des commodités. Selon Schwab, la seule raison qui justifierait les investisseurs canadiens de détenir plus de 50 % de leurs actions en titres locaux est qu'ils croient que le secteur de l'énergie devrait accaparer plus de 50 % de leur portefeuille. Je doute que ce soit le cas de plusieurs lecteurs.
Au Japon
Les 300 titres de l'indice MSCI Japan couvrent 85 % du marché boursier japonais. Le secteur de la consommation discrétionnaire y domine. Pourtant, la Bourse y évolue comme le MSCI World Financials Index depuis 10 ans. Il en ressort que la performance des sociétés japonaises est influencée par les conditions financières à l'échelle mondiale. Ainsi, les investisseurs nippons qui détiennent en moyenne plus de 75 % de leurs actions en titres locaux voient leur portefeuille varier selon le secteur financier mondial.
Aux États-Unis
Les 600 titres de sociétés de moyenne et grande tailles de l'indice MSCI USA couvrent 85 % du marché boursier américain. L'indice est dominé par les technologies de l'information, et son comportement calque celui de l'indice mondial MSCI de ce même secteur. Aussi, il suit de près l'évolution de l'indice MSCI mondial, constitué à 50 % d'actions américaines. Malgré cela, l'évolution du plus important marché boursier du monde se colle davantage à celle du secteur des TI qu'à celle du marché mondial, largement diversifié dans 23 pays et plus de 1 600 titres.
Trois éléments clés à retenir
1. Au-delà de la politique et de l'économie, la différence de rendement entre les pays s'explique en grande partie par l'exposition à divers secteurs, selon Charles Schwab.
2. Pour que son portefeuille soit bien diversifié, l'investisseur ne devrait pas se limiter aux actions canadiennes, américaines et japonaises, car il n'est ainsi exposé qu'à trois secteurs. Il doit plutôt être diversifié à l'échelle mondiale.
3. La diversification réduit la volatilité et assure d'être toujours présent dans le secteur qui performe le mieux. En contrepartie, elle peut réduire la performance lorsqu'un secteur «surperforme» les autres sur une longue période.
Hélène Gagné, F.Adm.A., est gestionnaire de portefeuille chez Gestion privée PEAK (une division de Valeurs mobilières PEAK) Pl. Fin. et conseillère en sécurité financière chez Gagné, Morin & Associés M.T.L. Elle est l'auteure du livre Votre retraite crie au secours.
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