Pas facile, l’année 2016 jusqu’à maintenant. L’indice canadien S&P/TSX a chuté de 4,8% depuis le début de cette année, et de 16% sur un an. L’indice américain S&P 500 a quant à lui cédé près de 9% en 2016. Les investisseurs reçoivent constamment des échos au sujet de l’effondrement possible de la Chine, une récession mondiale imminente et l’éclatement de la bulle d’endettement. Comment arriver à garder son calme lorsque l’on constate l’effet de ces menaces sur la valeur de son portefeuille?
Nous avons recueilli des questions qui nous ont été soumises et avons donc fait le blogue sous forme de questions / réponses. Nous espérons vous aider à prendre un certain recul face aux tumultes boursiers actuels.
Est-il possible qu’à ma retraite, mes investissements ne valent que le tiers de ce que j’ai maintenant?
Lorsque les marchés s’effondrent, le réflexe commun consiste à imaginer le pire en extrapolant les récents résultats boursiers loin dans le futur. En théorie, tout demeure possible dans l’univers de la Bourse, surtout à court et moyen terme. Toutefois, il faut garder à l’esprit que la Bourse reflète l’état de notre économie à long terme. Si tout le monde cesse de dépenser, et que plus personne ne va à l’épicerie ou s’achète de voiture, les sociétés ne dégageront plus de profits. Les résultats à la Bourse seront désastreux. Cependant, il n’y aura plus de travail non plus, et si vous avez de l’argent à la banque, vous risquez de ne pas être en mesure de le récupérer. Cet argent pourrait même perdre toute sa valeur. Autrement dit, si vous imaginez le pire pour nos sociétés modernes, il faut envisager de vous construire un abri avec des provisions de nourritures et médicaments à profusion. En effet, dans un tel scénario, votre argent ne risque pas de servir à grand-chose.
Si par contre, vous entrevoyez un avenir moins sombre à long terme, assurez-vous d’investir avec un horizon de temps assez long. Nous prévoyons normalement cinq ans au minimum. Ce délai vise à éviter que vous ayez à vendre au pire moment par besoins de liquidités nécessaires à votre survie.
Peut-on éviter les récessions lorsque l’on est investisseur, et ainsi ne pas être en Bourse lorsque tout s’effondre?
La réponse courte est : oui. Il suffit de ne jamais investir en Bourse. Cependant, une telle question révèle plutôt le désir de rafler de gros gains lorsque tout va bien, sans ne rien perdre lorsque les marchés piquent du nez. Dans ce cas, la réponse est non. Admettons que nous voudrions personnellement éviter la Bourse lorsqu’il y a risque de récession. Qu’aurions-nous fait? Commençons l’expérience juste après la crise financière. Devant les craintes actuelles exprimées par de nombreux experts, nos avoirs seraient investis en encaisse. Toutefois, cela aurait été le cas depuis la crise! En effet, nous nous rappelons bien toutes les manchettes depuis 2010 où certains experts remettaient en question la reprise aux États-Unis. À chaque année, les bonnes données économiques du pays semaient le doute.
Quant à la Bourse, son excellente progression froissait bien des gens. C’était trop beau pour être vrai : il fallait que le marché chute et revienne à la raison! Si nous avions agi avec ‘’prudence’’, nous aurions évité la Bourse en 2010. Or, à moins de demeurer en encaisse ou en obligations pour la vie, il nous aurait fallu trouver le moment idéal pour venir en Bourse. En outre, nous aurions attendu que les manchettes économiques soient favorables, par crainte d’investir au pire moment. Résultat? Nous aurions sacrifié un rendement potentiel de 100% au minimum, et serions sur les lignes de côté en attendant d’investir enfin lorsqu’on ne parlera plus de risques de récession! Nous parions que lorsque les craintes à ce sujet se seront estompées, la Bourse se sera appréciée de façon significative.
La Chine, une superpuissance mondiale, connaît des difficultés et pourrait s’effondrer. N’avez-vous pas peur des conséquences en Bourse?
En tant qu’investisseurs ayant étudié quelque peu l’histoire de la Bourse, nous retenons une chose à propos des corrections liées aux craintes économiques : la menace semble toujours nouvelle et différente. En 2011, on s’inquiétait de la banqueroute de certains pays d’Europe. Vers la fin de l’année 2012, les discussions tournaient autour du précipice fiscal américain. Chaque fois qu’une nouvelle menace fait son apparition, elle effraie les investisseurs. Puis avec le temps, le calme semble revenir, et la même menace produit beaucoup moins d’effets lorsqu’elle est déjà connue.
Personnellement, cela fait déjà plusieurs années que nous nous questionnons face à la Chine. Quant à l’Europe, nous estimons que leurs problèmes sont loin d’être réglés! Ajoutons à cela le niveau d’endettement des ménages canadiens, la gigantesque dette nationale des États-Unis et le manque de croissance économique dans les pays développés : si vous cherchez des raisons pour ne pas investir, vous en trouverez! Le jour où vous n’aurez plus aucune raison d’avoir peur, ce sera à notre tour de devenir craintifs. L’évaluation des titres en Bourse reflètera cette confiance et nous peinerons à trouver des aubaines.
Une question de tempérament
Nous ne savons jamais d’avance ce qu’il adviendra de l’économie à court et moyen terme. Nous ne savons pas non plus si un titre que nous aimons ne baissera pas davantage une fois qu’il a été acheté. Nous demeurons toutefois optimistes, car nous avons obtenu un bon prix au moment de son acquisition. Quand un moment de panique survient, comme c’est le cas depuis quelques mois, il peut devenir tentant de céder au mouvement de masse et de courir vers la sortie. Or, l’histoire se répète. Si vous n’en pouvez plus, vous n’êtes pas les premiers ni serez les derniers. Vous devez alors vous questionner sur votre tempérament face à la Bourse afin d’éviter de revivre ce cauchemar dans le futur. Vous devez être honnête avec vous-même et connaître votre tolérance aux fluctuations.
Les médias continueront de divulguer ce qui va mal dans le monde, et la Bourse continuera de fluctuer fortement. Le prix à payer pour des rendements supérieurs repose dans la possibilité de fortes variations. Après quelques années de bons rendements, les investisseurs ont tendance à l’oublier!