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Aujourd’hui, le web fait partie de notre mode de vie. Malgré tout le rapprochement, la flexibilité et la rapidité qu’il permet, il est tout de même désormais possible pour plusieurs « personnes malintentionnées » de copier, détourner, détruire l’image qu’on a parfois mis beaucoup de temps à concevoir. De plus, avec l'émergence des réseaux sociaux, soigner sa e-réputation sur le web est devenu vital pour les marques, et aussi pour les individus. Mais comment le faire?
J’ai posé quelques questions à Odile Simard, directrice, enquête et informatique judiciaire chez Forensik, qui intervenait la semaine passée dans le cadre du colloque sur la cyberenquête organisé par l’entreprise québécoise Vorepass fondée par Jérôme Bail. « De nos jours, nous parlons beaucoup de cyberintimidation auprès des jeunes. Toutefois, je crois que ça va évoluer pour être d’avantage centré sur la diffamation en entreprise ainsi que sur la réputation d’un adulte. »
J’imagine ne pas être la seule à me méfier de plus en plus du web, pour y partager des expériences/photos/impressions personnelles. Et Mme Simard le confirme, en précisant que même si quelqu’un décide de ne pas se créer de profil sur le web, un ami peut scanner une photo de ladite personne et la publier sur Internet. Il est également important de réaliser que dès que nous ajoutons une photo ou commentaire sur le Web, il ne nous appartient plus (!). Il devient la propriété du site Internet en question qui peut le modifier et le publier à sa convenance (ex: Google Drive, iCloud). »
De quoi se tourner les doigts 7 fois avant de publier quelque chose…
Pour Mme Simard, il est primordial de réfléchir à ce que l’on dévoile avant de le mettre sur Internet et utiliser son jugement. Nous pouvons partager des expériences personnelles, mais sans trop se dévoiler et éviter ainsi, de donner de l’information personnelle. « Un bon indice, est de se demander si ce qu’on publie sur Internet, on le dirait devant la personne ».
Pour les individus qui voudraient s’occuper seuls de leur e-réputation, Mme Simard nous donne quelques trucs. On peut se « googler » régulièrement afin de déterminer quelle information est disponible sur soi et ainsi suivre l’évolution de sa e-réputation. Si on y trouve de l’information qui ne nous avantage pas, on peut simplement demander à l’auteur de retirer sa publication. Si ça ne fonctionne pas ou que l’auteur est inconnu, il est possible de contacter le propriétaire du site (tel que Facebook et Google) pour les informer que le contenu est diffamatoire. À ce moment, le propriétaire du site va réviser le contenu et déterminer si c’est diffamatoire ou pas et, si requis, prendre action en retirant le contenu.
Il est donc possible de contrôler soi-même sa e-réputation, mais seulement jusqu’à un certain point. Car s’il y a un potentiel pour aller devant les tribunaux, Mme Simard recommande fortement de demander de l’aide d’un professionnel (la police, des avocats ou des firmes privées de sécurité) « pour la préservation de la preuve.»
À noter, tous les types de contenu ne peuvent être retirés, étant du domaine public, comme par exemple les articles des médias tels que les journaux. C’est pourquoi Odile Simard de Forensik conseille d’utiliser des sites Internet reconnus et de ne pas se dévoiler sur des sites qui ne semblent pas légitimes. « Il est important de s’assurer qu'il ne s’agit pas d’un faux site Internet dont l’objectif est de recueillir de l’information sur les personnes » (par exemple, le recrutement pour du terrorisme qui s’effectue également dans le cyberespace.)
Un dernier truc ?
Sachez que vous pouvez « noyer » l’information, c’est-à-dire publier des éléments afin que le contenu diffamatoire se trouve dans des anciens résultats lors d’une recherche sur le web, puisqu’on va rarement lire les résultats de recherche des pages subséquentes.
Retrouvez plus d’informations sur les événements sur la cybercriminalité organisés par l’entreprise Vorepass.
Déborah Cherenfant est fondatrice de Mots d'Elles et créatrice de Coloré Design. Elle est responsable du dossier de l'entrepreneuriat à la CRÉ de Montréal.