La méthode et les outils choisis pour accumuler de l'argent ont un impact considérable sur les revenus de retraite. La manière de retirer cet argent le moment venu en aura aussi.
Depuis quelques années, l'industrie des services financiers est sensible à l'importance du décaissement pour les retraités, c'est-à-dire les retraits des comptes qu'on a prévus pour sa retraite. Plusieurs institutions financières et conseillers offrent à leurs clients des méthodes pour «optimiser» ces retraits.
On doit respecter un certain nombre de règles de gros bon sens dans l'ordre du décaissement des comptes de retraite. La plupart des outils de planification de la retraite font un certain travail en ce domaine, mais il faut veiller au grain quand même. Afin d'économiser de l'impôt au maximum, on prendra en considération les éléments suivants :
> D'abord, on favorisera les retraits des comptes courants en priorité pour combler ses besoins. Si jamais le revenu imposable est si faible que des crédits d'impôt doivent être «laissés sur la table», on retirera des sommes enregistrées afin d'augmenter le revenu imposable à un seuil où on commencerait à réellement payer de l'impôt. En effet, il serait dommage d'avoir un revenu imposable de 5 000 dollars alors qu'un revenu imposable de 15 000 dollars ne coûterait pas un sou d'impôt de plus. On ferait alors exprès de faire un retrait de son REER ou de son FERR (comptes enregistrés) de 10 000 dollars pour augmenter son revenu imposable sans impact fiscal.
> Ensuite, lorsque les comptes d'épargne ordinaires seront à sec, on effectuera des retraits dans son CELI, car aucun impôt n'est payable. Pour un revenu imposable trop faible, la remarque précédente s'applique également.
> Finalement, on réservera les retraits enregistrés pour la fin, après qu'on aura épuisé nos autres sources de revenus. En effet, les retraits d'un REER ou d'un FERR sont imposables à 100 %, alors que les autres sources de revenus, mis à part le CELI, le sont moins. De plus, l'impact du report de l'imposition des revenus de placement dans ces comptes est très important, car le solde des comptes croît sans être amputé d'un impôt annuel à payer. Il va sans dire que cela est aussi vrai pour le CELI.
On pourra également transférer des sommes vers le CELI lorsqu'un compte d'épargne ordinaire existe. On voudra ainsi maximiser les cotisations au CELI en y effectuant annuellement des transferts à partir du compte d'épargne ordinaire. Il en va de même pour les contributions au REER, s'il reste des droits de cotisation inutilisés avant l'âge de 71 ans.
Un autre type de transfert peut être avantageux : celui d'un fonds de revenu viager (FRV) à un REER (ou à un FERR). Comme les FRV sont assujettis à des retraits maximums, on aura plus de flexibilité si l'argent se trouve dans un REER ou dans un FERR. Des règles de transfert doivent alors être respectées, et elles ne peuvent être appliquées que dans la mesure où on n'a pas besoin du retrait maximal permis pour combler ses besoins.
En suivant cette formule, la plupart des gens optimiseront en bonne partie leur situation en ce qui a trait au décaissement de leurs comptes de retraite. Cependant, ce n'est pas une panacée. Un travail particulier sur l'ordre de décaissement pourra améliorer la situation, particulièrement pour les actionnaires. De plus, quelques autres éléments doivent être pris en compte. Comme dans bien des situations, c'est du cas par cas...
Quelques ajustements intéressants
L'optimisation du décaissement repose sur une foule d'hypothèses. Afin de tirer le maximum d'un plan d'action proposé, voici quelques éléments qui ajoutent de la valeur aux projections de retraite simulées.
> Fractionnement des revenus de pension : les illustrations tiennent-elles compte de cette possibilité ?
> Taux effectifs d'imposition implicites (TEMI) : les illustrations tiennent-elles compte des différents crédits d'impôt et des programmes sociaux ?
> Aléas des hypothèses : les projections simulent-elles des variations dans les différents taux utilisés (inflation, rendement, etc.) ?
> Types de revenus de placement : les projections tiennent-elles compte de la nature des revenus de placement ?
> Profil d'investisseur évolutif : le profil d'investisseur illustré peut-il évoluer dans le temps ?
> Pour les actionnaires d'une société privée, le retrait des dividendes devrait précéder le retrait des CELI, laissant plus de liquidités à l'abri de l'impôt dans le CELI.
*Dany Provost est actuaire, fiscaliste et planificateur financier