J’ai assisté hier à une conférence sur les prévisions du marché de l’immobilier résidentiel pour l’année prochaine. Je me suis dit que ça vous intéresserait, comme moi vous êtes obsédés par les histoires de maison. De prix de maisons.
Alors, les nouvelles sont-elles bonnes? Ça dépend du côté de la clôture où on se trouve, celui des propriétaires ou celui des aspirants propriétaires. Chose certaine, elles avaient de quoi requinquer n’importe quel courtier immobilier le moindrement dépressif, si des spécimens peuvent encore subsister de nos jours.
J’ai plutôt l’impression qu’ils sont tous sur un high. Si on se fie à la boule de cristal de la Fédération des chambres immobilières du Québec (FCIQ), ce ne sera pas en 2019 qu’ils vont connaître leur down.
Comme vous le rapportait le collègue Martin Jolicoeur, hier, 2018 a été l’année de tous les records. Ils seront vraisemblablement battus en 2019, malgré des hausses attendues des taux d’intérêt.
Dans la province, la FCIQ prédit l’année prochaine une hausse des ventes de 1 % pour toucher un nouveau sommet absolu, à 87 650. Le prix? Le médian des maisons unifamiliales devrait s’accroître d’un autre 3% au Québec, pour atteindre 257 000$.
Ce qui m’a le plus soufflé de toute la présentation ne concerne même pas les prix de l’immobilier... Qu’est-ce que c’est vaste la Région métropolitaine de recensement (RMR) de Montréal!
Je n’avais jamais réalisé qu’elle s’étendait de Saint-Lin-Laurentides, dans les Laurentides, jusqu’à Saint-Jean, en Montérégie. C’est à se demander si elle n’engloutira pas bientôt Drummondville, Joliette et Rigaud.
Dans la grande région de Montréal, moteur incontestable du marché de l’immobilier, le prix médian des maisons individuelles atteindra 332 000$ en 2019, soit une hausse de 4%, d’après les prévisions de la FCIQ. On n’a pas vu de baisse depuis presque aussi longtemps qu’un défilé de la Coupe Stanley sur la Sainte-Catherine, les prix montent sans interruption depuis 1996, note la FCIQ.
Le prix des copropriétés grimpera de 3% en 2019, pour s’établir à 263 000$, selon l'organisme.
Ces données ne sont pas représentatives des valeurs qu’on retrouve sur l’île de Montréal et en périphérie immédiate, où ça chauffe. Qu’importe toutefois où l’on se trouve dans la RMR de Montréal, nulle part le marché n’est favorable aux acheteurs de maisons individuelles. Ça ne changera pas l’année prochaine.
Du côté des copropriétés, les acheteurs profiteront de meilleures marges de négociation s’ils lorgnent les banlieues, surtout sur la couronne nord. Dans les quartiers centraux de Montréal, les vendeurs ne lâcheront cependant pas le gros bout du bâton.
Selon Paul Cardinal, directeur, Analyse de marché de la FCIQ, l'industrie court peu de risque de rencontrer un vent contraire. Le bassin d’acheteurs continue de se renouveler par des soldes migratoires positifs et par l’apport de résidents non permanents. Les stocks d’unités de copropriétés achevées et non écoulées fondent depuis 2014, passant de 2851 cette année-là à 1623 en octobre dernier. Les mises en chantier restent à des niveaux raisonnables. Le chômage se maintient au plus bas, le revenu disponible augmente, la confiance des consommateurs touche des sommets.
Bref, si on se désole de voir ses actions d’Apple perdre des plumes, on peut se consoler à regarder la valeur de sa maison en gagner.
Hélène Bégin, économiste chez Desjardins, est venue brosser un portrait du climat général. Selon elle, la situation économique devrait passer «d’exceptionnelle» à «excellente» en 2019, notamment en raison d’une hausse anticipée des taux d’intérêt qui pourrait ralentir la cadence.
Selon Desjardins, les taux d’intérêt affichés par les grandes institutions financières (plus élevés généralement que les taux accordés aux acheteurs) devraient atteindre un sommet de 10 ans en 2019, à près de 6%.
Dans la foulée, l’économiste annonce que l’Indice d’abordabilité Desjardins devrait se dégrader en 2019 dans la RMR de Montréal. Il pourrait franchir une ligne qu’il n’a traversée que deux fois depuis 1989, ce qui n’est pas une bonne nouvelle pour ceux qui voudraient accéder à la propriété. La hausse coordonnée des taux et des prix fera en sorte que 2019 sera l’une des années où l’immobilier sera le moins abordable en 30 ans, avec 1990 et 2007.
Il n’y a rien là pour casser le marché, pense-t-elle, notant que les secteurs immobiliers résidentiels de Toronto et de Vancouver ont carburé durant des années alors qu’ils étaient beaucoup plus inabordables que celui de Montréal actuellement (mentionnons que l’Indice d’abordabilité Desjardins tient compte des revenus).
C’est pourquoi le FCIQ estime que les gains les plus importants, sur le plan des ventes que sur celui des prix, se réaliseront au printemps. À l’automne, ce pourrait se calmer, sans pour autant déboucher sur des baisses.
Les prix actuels, ce sont les nouveaux prix normaux. S'ils devaient baisser de 5%, on se retrouverait aux valeurs de 2017. Rien pour consoler les nouveaux acheteurs.
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