(Photo: Alain McKenna/Les Affaires)
Au cours des prochains mois, il semble qu’on assistera à la naissance d’un nouveau créneau de téléphones haut de gamme qui ont pour principale caractéristique d’arborer un écran qui peut être replié sur lui-même. Les deux fabricants les plus en vue dans ce mouvement sont les deux marques qui se disputeront, pour les années à venir, le titre de plus grand vendeur dans le sans-fil sur la planète.
Il s’agit du coréen Samsung et du chinois Huawei. Et même si, en théorie, le Galaxy Fold et le Mate X proposent la même chose, en pratique, ces deux appareils s’opposent de bien des façons, à tel point qu’ils pourraient mener à la création de deux tendances, plutôt qu’une seule.
On a mis la main sur un Galaxy Fold plus tôt cette semaine. Contrairement aux collègues américains qui ont connu des malchances avec leur appareil, notre modèle à l'essai ne souffre pas d'un écran trop fragile, qui semble être le fruit de l'empressement de Samsung d'être le premier fabricant à avoir un tel appareil en vente, quitte à aller un peu trop vite en matière d'assemblage. Un porte-parole nous a par contre indiqué que le Galaxy Fold aura droit à une garantie toute particulière promettant un usage prolongé de son écran souple sans anicroche.
Êtes-vous plus «intro» ou «extro»?
Entre Samsung et Huawei, on voit deux téléphones pliables, et deux philosophies. Car tandis que le Mate X a un seul grand affichage souple qui se replie vers l’extérieur pour en former deux plus petits dos-à-dos, le Galaxy Fold, lui, en possède deux.
Son principal affichage fait 7,3 pouces de diagonale, et a droit à une technologie appelée Dynamic AMOLED faisant 2152 x 1536 pixels. Celle-ci est protégée par une membrane d’un polymère appelé «polyimide» qui garantit la souplesse et la durabilité de la bête, même après l’avoir plié et replié des dizaines de milliers de fois.
En le repliant, le Galaxy Fold cache cet affichage, et révèle un second petit écran de 4,6 pouces au format 21:9 très vertical qui, par contraste, a l’air tout petit (et pourtant!). Qui aurait cru qu'un écran de 4,6 pouces serait jugé petit... Et pourtant, il l'est. Étroit, surtout, n'affichant qu'une portion de ce qu'un smartphone normal affiche.
Ouvert ou fermé, le Galaxy Fold recourt à la même triple caméra arrière que le Galaxy S10+. À 16 mégapixels, elle propose un zoom optique 2x, et une prise grand-angle qu’on prend plaisir à utiliser sur le grand écran. Samsung ajoute deux caméras frontales un peu moins détaillées, qui permettent de faire des appels vidéo ou de prendre des égoportraits, au besoin. Les appels vocaux, eux, se font exclusivement avec l’appareil rabattu sur lui-même, à moins d’utiliser un casque d’écoute.
Notez que Samsung inclut des Galaxy Buds sans fil (Bluetooth) dans la boîte, le Galaxy Fold n’ayant pas de prise pour un casque audio traditionnel. Un petit cadeau…
Sous le capot, une mécanique rodée incluant 12 go de mémoire vive suffit à rendre le tout assez rapide. Le stockage de base fait 512 go, et on peut y ajouter une carte micro SD, au besoin. L’appareil est prêt pour le WiFi 6, Bluetooth 5.0, et une version rapide de la connexion cellulaire LTE (4G).
Le Canada n’a pas droit à l’édition 5G du Galaxy Fold. C’est probablement la plus importante lacune pour cet appareil, qui coûtera cher quand il sera mis en vente au pays cet été. Par comparaison, le Mate X de Huawei a droit à une antenne 4G/5G qui se connectera aux premiers réseaux 5G attendus au pays d’ici 2 ans, ce qui prolongera d’autant sa vie utile.
Une question d’applications…
Sur le grand écran, l’interface tactile n’est peut-être pas aussi nerveuse que celle d’un écran en verre, et le glissement des doigts a parfois des ratés. Rien qui ne vous empêchera de jouer à la bêta de Fortnite pour Android, mais ça demeure légèrement agaçant.
Parlant d’applications, Samsung (tout comme Huawei…) a droit à un coup de pouce de Google, qui a intégré les bouts de code nécessaires à son système Android plus tôt cette année pour que les applications puissent s’afficher avec aisance sur un écran carré comme celui du Galaxy Fold.
On peut aussi activer un affichage multitâche séparant l’écran en trois fenêtres, en simultané.
Ce ne sont pas toutes les applis qui sont prêtes (ni même jolies sur le grand écran), mais les principales le sont (de YouTube à Netflix, en passant par Instagram, Twitter et Chrome, pour n’en nommer que les plus évidentes). Détail intéressant : le Galaxy Fold fait passer d’un écran à l’autre l’image affichée quand on ouvre l’appareil, une continuité fort agréable à utiliser.
Android ne faisant pas trop de distinction entre les téléphones et les tablettes, la plupart des applications déjà sur le Play Store qui semblent plus naturellement destinées à un usage sur tablette sont compatibles avec ce nouveau format.
Un trois-en-un PC, tablette et mobile?
En d’autres mots, on peut imaginer un tel appareil remplacer à la fois un téléphone et une petite tablette, dans le sac de voyage d’un travailleur qui aime voyager léger. Ça ne remplacera pas un ordinateur portable, en revanche. Mais c'est presque ça, car on peut jumeler le Galaxy Fold à un DeX Pad, le socle qui transforme les Galaxy en un ordinateur de bureau.
On a déjà traité du DeX, qui se connecte à un moniteur informatique, et permet d'utiliser clavier et souris.
Bref, le Galaxy Fold est-il un appareil trois-en-un? Téléphone, tablette et ordinateur personnel? Pas tout à fait, et c’est bien malheureux, car son prix de détail, de 1980$US (le prix canadien est à venir avant l'été), équivaut à celui combiné de trois appareils séparés.
Ça en fait donc un modèle haut de gamme s’adressant aux adopteurs pressés d’avoir le dernier cri dans leurs poches. Ceux-ci voudront utiliser l’étui de protection inclus dans la boîte, car ce téléphone n’est pas certifié à l’épreuve des éclaboussures. Et comme le Galaxy Fold est déjà plutôt costaud, lorsque replié, on recommande des pantalons cargo pour le transporter en tout confort.
Car on ne peut pas tout révolutionner d’un seul coup. Tant Samsung que Huawei proposeront, dans les mois à venir, des appareils dont l’affichage redéfinit ce qu’est un téléphone intelligent de pointe. Mais comme chaque fois qu’une nouvelle catégorie de produit électronique se crée, ils ont tous deux des lacunes qu’une seconde génération corrigera sans doute.
D’ici là, on sent tout de même que la révolution est en marche…
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