C'est une figure obligée pour les constructeurs automobiles présents au Salon IAA de Francfort: des voitures connectées à internet pour commander une pizza, lire ses e-mails ou consulter les réseaux sociaux, même dans les bouchons.
Dernier raffinement destiné à capter la clientèle haut de gamme ou gadget voué à disparaître rapidement, les connexions à internet à bord figurent en tout cas au catalogue des deux poids lourds du secteur, BMW et Mercedes-Benz (groupe Daimler).
Chez le constructeur bavarois, un ordinateur de bord donne accès aux voyageurs à un portail dédié, leur permettant de trouver le restaurant, le magasin ou le musée de leur choix.
Il leur délivre également les bulletins de nouvelles, la météo ou des informations pratiques.
Côté Daimler, internet est au programme en option de la toute nouvelle Classe B, une citadine présentée en grande pompe à Francfort. Le conducteur peut accéder à l'ensemble du réseau internet, mais seulement à l'arrêt.
En marche, il n'aura le droit qu'à une sélection d'applications siglées Mercedes-Benz.
A l'avenir, la plupart des voitures permettront peut-être de se connecter à sa musique, ses films et ses documents, qu'ils soient contenus dans son ordinateur domestique, ou hébergés sur un "nuage de données", comme le suggère Ford avec son prototype "Cloud" à Francfort.
Les équipementiers comme l'allemand Bosch ou le français Valeo explorent aussi différentes pistes. Ce dernier présente par exemple un nouveau système permettant à une voiture de se garer toute seule, sans conducteur a bord.
Les services les plus désirés par les conducteurs sont l'aide à la conduite, par exemple la localisation de stations service, puis la consultation du courrier électronique ou des réseaux sociaux, selon une étude du Bitkom, la Fédération allemande des entreprises de haute technologie.
"Pour l'instant, il s'agit surtout d'un effet de mode" mais l'internet au volant devrait se banaliser car il permet aux constructeurs de proposer des voitures appétissantes pour les clients, explique Stephen Reith, spécialiste du secteur pour l'agence de consultants Booz & Company.
L'avènement d'internet au volant est une certitude car "quand le marché dit qu'il veut quelque chose, il l'obtient", renchérit Frank Biller, de la banque régionale LBBW.
Ces nouveaux services ne vont pas sans danger. "Il faut répondre à la demande (de connexion internet) sans nuire à la fois à la facilité d'utilisation ni à la sécurité des transports", résume Martina Koederitz, membre de la direction du Bitkom.
Connecter les voitures, c'est aussi en faire la proie éventuelle des hackers, a récemment souligné la société de sécurité McAfee.
"Qu'un compte e-mail ou un ordinateur portable coure un risque, c'est une chose, mais si une voiture est piratée, ça devient un danger important pour la sécurité personnelle" du conducteur, a mis en garde le patron de McAfee Stuart McClure.
Très pointilleuses sur les questions de vie privée, les autorités allemandes s'inquiètent aussi de ce que des voitures, notamment électriques, peuvent apprendre à l'insu de leur propriétaire, à des entreprises, des Etats ou des personnes mal intentionnées.
"Les systèmes doivent être configurés de manière à posséder le moins possibles de données personnelles", pour éviter par exemple que Google n'apprenne des choses sur vos habitudes de conduite lorsque vous rechargez les batteries de votre véhicule, pointe ainsi dans un entretien à l'AFP Peter Schaar, chargé par le gouvernement allemand de ces questions.
Une voiture électrique pourrait même, "utilisée comme un virus" par un pirate, attaquer le réseau électrique, s'alarme-t-il.