«On s’attendait à avoir une année difficile en raison des taux d’intérêt et des incertitudes géopolitiques», affirme le PDG du Réseau Capital, Olivier Quenneville. (Photo: Réseau Capital)
Les sommes investies en capital de risque ont chuté de moitié l’an dernier au Québec par rapport à 2022, tandis qu’elles ont plongé de 43% en capital de développement, selon le bilan annuel du Réseau Capital dévoilé mercredi.
Ces résultats, qui ramènent les investissements à des niveaux prépandémiques, ne constituent pas une surprise, car les fonds se font plus rares avec la hausse des taux d’intérêt et le ralentissement économique.
«On s’attendait à avoir une année difficile en raison des taux d’intérêt et des incertitudes géopolitiques, explique le PDG du Réseau Capital, Olivier Quenneville. Il faut comprendre que l’on compare 2023 a des années anormales comme 2020, 2021 et le début de 2022 lorsque les taux étaient très bas.»
Le capital de risque se fait discret
Avec 344 transactions totalisant 1,38 milliard de dollars (G$) en capital de risque en 2023, le Québec a connu une baisse de 17% du nombre de transactions par rapport à 2022. La deuxième moitié de 2023 a été la pire pour le niveau d’activité depuis 2014, selon l’association qui rassemble les joueurs de la chaine d’investissement dans la province. L’année 2023 se situe en huitième position parmi les onze dernières années pour le nombre de transactions et au cinquième rang pour les montants investis.
«Proportionnellement, le Québec représente 21% des transactions et 20% des montants investis en capital de risque à l’échelle nationale en 2023, positionnant ainsi la province au deuxième rang, peut-on lire dans le rapport. L’Ontario maintient sa position de tête, couvrant 42% du nombre total de transactions et représentant 48% des montants investis dans l’ensemble du pays.»
Sur une note plus positive, les secteurs des technologies propres et des sciences de la vie ont connu «une bonne année», selon le Réseau Capital.
Même chose pour le sous-secteur du financement d’amorçage, avec une hausse de 9% des transactions et de 1,6% des montants investis comparativement à 2022. Cette vigueur explique en grande partie la chute des montants moyens par transaction qui sont passés de 13 M$ en 2022 à 8,82 M$ en 2023.
Les rondes de E2iP Technologies (120 M$), DalCorPharmaceuticals Inc. (107 M$), dcbel (67 M$) et GHGSat (60 M$) ont été les plus importantes en 2023 dans la province.
Il y a eu huit sorties en capital de risque en 2023 au Québec, dont celle d’InversagoPharma, pour un montant divulgué de 1,45 G$.
Transaction plus petite en capital de développement
Le capital de développement a connu lui aussi une chute du nombre de transactions (-36%) en 2023 par rapport à l’année précédente avec 274 transactions et 3,97 G$ en investissement. Sur les onze dernières années, il s’agit de la neuvième pire année pour ces sommes.
«Le Québec glisse au deuxième rang au pays pour la première fois en ce qui concerne les montants investis, représentant 41% des montants investis au Canada en 2023 derrière l’Ontario (43%)», mentionne le document.
«L’année 2023 est caractérisée par des investissements de petite taille, avec 67% des transactions étant de 5 M$ et moins», ajoute-t-on.
Ici aussi, les technologies propres se distinguent avec une hausse des transactions de 100% et un énorme bond de 657% pour les montants investis.
En capital de développement, les transactions québécoises les plus marquantes sont celles chez Nemaska Lithium (250 M$), Lion Electric (188 M$), Workleap (GSoftInc.) (125 M$) et EquiSoftInc. (125 M$).
Sur 480 transactions en capital de risque et de développement réalisées au Québec, 207 l’ont été sur l’île de Montréal.
Pour 2024, Olivier Quenneville note que l’incertitude demeure. Il souligne toutefois que la fin de l’année dernière sur les marchés publics a été encourageante. Selon lui, une baisse des taux et une hausse des marchés boursiers pourraient favoriser l'émergence de liquidités pour le capital de risque et de développement.
«Il y a quand même de l’activité, de la résilience et de bonnes nouvelles comme avec le Fonds Découverte d’Inovia, la nouvelle enveloppe de la BDC pour le préamorçage et l’amorçage, ainsi que le studio Pre-Amp d’Amplitude», estime le PDG du Réseau Capital.