(Photo: Bloomberg)
La ministre fédérale de la Santé Jane Philpott affirme que le Canada va déposer un projet de loi le printemps prochain pour débuter le processus de légalisation et de réglementation de la marijuana.
Mme Philpott avance que le plan du Canada pour la marijuana va "remettre en question le statu quo dans de nombreux pays", mais est convaincue qu'il s'agit de la meilleure façon de protéger les jeunes tout en améliorant la santé publique.
Elle a formulé ces commentaires lors d'un discours passionné livré au siège des Nations unies à New York, mais n'a offert aucun autre détail.
La ministre dit que le Canada doit améliorer ses façons de faire en ce qui a trait aux politiques sur les drogues, relevant que l'approche du gouvernement sera fondée sur les preuves scientifiques lorsqu'il s'agira de répondre aux conséquences désastreuses des drogues et des crimes reliés aux stupéfiants.
Mme Philpott a indiqué avoir récemment entendu l'histoire émouvante d'une mère ayant perdu sa fille qui était dépendante aux drogues.
Elle a relaté que la femme avait raconté avoir regardé sa fille "disparaître" progressivement pendant qu'elle se démenait pour obtenir des traitements et des services qui auraient dû être disponibles pour sauver ce que Mme Philpott a décrit comme une "vie belle et fragile".
En tant que médecin, la ministre a aussi dit avoir vu de trop nombreuses vies perdues en raison de la toxicomanie.
Pardonner la détention?
Pendant ce temps, l'Institut C.D. Howe affirme que le gouvernement de Justin Trudeau devrait penser à pardonner les individus reconnus coupables de possession de cannabis - et abandonner toute accusation en instance - afin de libérer des ressources pour la légalisation de la drogue.
Dans un nouveau rapport, l'Institut recommande également au gouvernement de se concentrer sur ses objectifs de santé publique et d'éviter le marché noir de la marijuana.
Les libéraux ont promis de légaliser et régulariser la marijuana en plus d'en restreindre l'accès afin de la garder loin des enfants et d'empêcher les organisations criminelles de faire des profits. Le système de prohibition actuel n'empêche pas les jeunes de consommer du cannabis et trop de Canadiens se retrouvent avec un casier judiciaire parce qu'ils ont possédé de petites quantités de la drogue, affirment les libéraux.
Le gouvernement prévoit retirer la consommation et la possession de cannabis du Code criminel et créer de nouvelles lois pour punir plus sévèrement ceux qui fournissent la drogue à des mineurs ou conduisent après en avoir consommé.
Le document de l'Institut C.D. Howe indique que le gouvernement doit conserver ses pouvoirs relativement à la réglementation sur la santé et la sécurité, tandis que les provinces devraient avoir la liberté de créer leur propre système de distribution.
Les deux paliers de gouvernement devraient avoir le pouvoir de taxer la marijuana, Ottawa pouvant taxer les manufacturiers et les importateurs et les provinces pouvant taxer la vente au détail, ajoute le rapport rédigé par Anindya Sen, professeur en économique à l'Université de Waterloo, en Ontario.
Le gouvernement devrait décourager le marché noir en définissant la quantité de cannabis qu'une personne peut posséder, en plus de conserver les pénalités associées à la production illégale et au trafic, écrit M. Sen.
On suggère également qu'il faudra travailler à déterminer à partir de quelle quantité la marijuana devient dangereuse pour la conduite automobile.
Le rapport soutient aussi que la légalisation du cannabis pourrait initialement mener à une hausse de sa consommation et à la nécessité d'une surveillance policière accrue, ce qui entraînerait une hausse des dépenses gouvernementales.
Justin Trudeau a déjà affirmé que bien qu'il existe un potentiel de revenus découlant de la légalisation, le gouvernement ne cherche pas à créer une nouvelle vache à lait. Les sommes qui garniraient les coffres publics grâce à la taxation devraient être investies dans le traitement des dépendances, le soutien en santé mentale et les programmes d'éducation, a indiqué le premier ministre.