La proximité d’institutions d’enseignement et de recherche comme l’Université de Sherbrooke a eu un énorme impact sur l’expansion des technologies propres, dit Chloé Legris, de Sherbrooke Innopole. PHOTO : STÉPHANE LEMIRE
Sherbrooke, future Silicon Valley du bioplastique ? C'est ce que souhaite Pierre Morency, le fondateur de Nova Envirocom, un distributeur de produits de consommation et d'aide au recyclage. Ses sacs et ses ustensiles sont de bons exemples de ce qu'on peut faire avec les bioplastiques, composés de matériaux biodégrables comme la fécule de maïs, le fructose de la canne à sucre et l'amidon de betterave.
«Dans ce domaine, de plus en plus de produits innovants sortent des laboratoires de recherche et des entreprises de la région. Il y a là un savoir-faire en émergence, qui est à surveiller», affirme Robert Fortin, directeur régional de l'Estrie au ministère du Développement économique, de l'Innovation et de l'Exportation (MDEIE).
Bientôt, Nova Envirocom commercialisera un enduit imperméable qui permettra le recyclage d'emballages de viandes vendues en épicerie. Fait notamment de fibre de bois, l'enduit a été mis au point en collaboration avec le Centre de technologie minérale et de plasturgie et le Centre collégial de transfert de technologie en oléochimie industrielle.
Mais la région voit plus loin. Elle veut se démarquer dans un secteur plus vaste, celui des bio-industries environnementales. «Les bioplastiques et les bioénergies en sont les fers de lance», souligne M. Fortin.
Des PME de l'Estrie commencent à attaquer le marché des bioénergies à l'étranger. Chouchou des capital risqueurs, avec près de 68 millions de dollars (M$) amassés depuis 2010, la PME Énerkem construira bientôt une usine d'éthanol au Mississippi. Pour sa part, Biocardel, une jeune pousse de Richmond, s'installera au Luxembourg afin d'y fabriquer 20 millions de litres de biodiésel par année.
En raison de leur caractère prometteur, les bio-industries environnementales de l'Estrie ont été désignées «créneau de l'année» lors du Grand rendez-vous des créneaux d'excellence tenu en octobre dernier. «Décrocher cette mention montre que l'engouement pour les bio-industries environnementales, en Estrie, n'est pas un feu de paille», dit M. Fortin.
À l'heure actuelle, il n'existe pas d'étude sur l'impact économique de ce secteur d'activité. M. Fortin estime néanmoins que les bio-industries environnementales regroupent une trentaine d'entreprises dans la région et emploient environ 400 personnes. «Ces effectifs ont doublé en trois ans», précise-t-il.
Exploiter la matière grise
La proximité d'institutions d'enseignement et de recherche comme l'Université de Sherbrooke a eu un énorme impact sur l'expansion des technologies propres, dit Chloé Legris, directeur du développement des affaires pour les technologies propres et développement durable chez Sherbrooke Innopole. Ce secteur englobe les bio-industries environnementales ainsi que les secteurs de l'efficacité énergétique, des matériaux verts et de l'énergie solaire.
«Une bonne douzaine de jeunes pousses en technologies propres ont été créées dans la région depuis environ un an», dit Mme Legris. À l'instar de E2Metrix, qui fabrique un système de filtration d'eaux de laiteries, et de Technologie Demtroys, qui a conçu un système de contrôle de chauffage pour les immeubles.
Collaboration en R-D
L'existence de plusieurs projets en gestation témoigne du dynamisme des acteurs du secteur, ajoute Michel Petit, directeur intérimaire du bureau d'affaires de l'Estrie à l'Agence de développement économique du Canada pour les régions du Québec.
La Régie intermunicipale souhaite ainsi mettre en place un centre de valorisation des matières résiduelles pour le Haut-Saint-François et créer un parc industriel spécialisé dans la valorisation des matières résiduelles.
De plus, certaines entreprises collaborent entre elles sur le terrain de la R-D, signale M. Fortin, comme Enerkem, Biocardel et CRB Innovation, qui cherchent à transformer le glycérol en méthanol.