Pierre Bélanger, de Sherbrooke Inopole [Photo : C. Hébert]
Rome ne s'est pas construite en un jour. Et l'Estrie, qui veut axer son économie sur l'innovation, est bien placée pour le savoir. " Dans une culture traditionnellement manufacturière, on ne change pas aussi facilement des méthodes de travail éprouvées. Néanmoins, nos entreprises sont conscientes que l'innovation constitue une nécessité pour leur survie ", souligne François Crevier, directeur adjoint de Défi Innovation Estrie.
Cet organisme est un des éléments majeurs du plan d'action économique de la région pour lutter contre les déboires des entreprises manufacturières qui se sont soldés par une perte de 15 000 emplois depuis 2002. En collaboration avec les sept CLD de la région, Défi Innovation Estrie vient en aide aux entreprises qui veulent accroître leur profitabilité et leur productivité grâce à l'innovation. L'organisme agit à titre de guichet unique. Autrement dit, il fournit aux entreprises les outils nécessaires pour accélérer leurs projets de développement et de commercialisation. " Nous sommes aux aguets des moindres programmes d'investissements ou de crédit d'impôt qui peuvent donner le coup de main dont elles ont besoin ", explique M. Crevier.
Défi Innovation a déjà prêté main forte à une quarantaine de PME de la région. Cette aide s'est traduite par des investissements totalisant près de 20 millions de dollars. " Et nos conseils ont permis de sauvegarder près de 300 emplois, en plus d'en créer tout près d'une centaine ", ajoute fièrement Jacques Godbout, directeur de Défi Innovation.
Talea, à Windsor, spécialisée dans la découpe à jet d'eau, est l'une des entreprises qui a profité des services de l'organisme. L'optimisation de la production a permis à Talea de quadrupler son effectif à plus de 30 employés en moins d'un mois. Chez MP Eco, à Sherbrooke, une entreprise spécialisée en mécanique de procédé en traitement des eaux, le coup de main s'est traduit par une hausse substantielle de l'effectif, passant de 65 à 115 employés.
Sherbrooke Innopole
La ville de Sherbrooke adhère, elle aussi, au virage innovation et fonde de grands espoirs sur son outil commun de développement économique : Sherbrooke Innopole. Anciennement connu sous le nom IDES (Innovation Développement économique Sherbrooke), l'organisme a pour mandat d'attirer et de soutenir les entreprises liées à la haute technologie.
" Et par le fait même, de retenir de nombreux diplômés de l'Université de Sherbrooke , ajoute Pierre Bélanger, directeur général de Sherbrooke Innopole. Plus de 80 % d'entre eux repartent chez eux une fois leur diplôme obtenu.
Alliances régionale et internationale
Outre un fonds de démarrage, dont la mise sur pied devrait être annoncée d'ici juin, les grandes réalisations de Sherbrooke Innopole se trouvent plutôt dans l'établissement d'alliances car Sherbrooke entend bien devenir un pôle international de l'innovation.
Depuis mai 2009, la capitale estrienne est ainsi liée à celle du Languedoc-Roussillon, Montpellier. Non seulement cette dernière partage plusieurs points communs avec Sherbrooke en matière d'environnement et de santé, mais aussi, elle connaît aussi la plus forte croissance démographique de l'Hexagone.
Innopole a par ailleurs signé plusieurs ententes avec d'autres organismes régionaux de l'Estrie et d'ailleurs pour le développement de créneaux précis, comme les nanotechnologies, le transport et le biopharmaceutique.
Sherbrooke Innopole a lancé Biopolis Québec en association avec Montréal Invivo et Pôle Chaudière- Appalaches. " Du jamais vu ", soutient M. Bélanger, fier de cette alliance provinciale.
Le trio sera justement présent à l'événement Bio International Convention 2010 à Chicago, du 3 au 6 mai, pour se faire valoir auprès des 1 200 entreprises et institutions membres de cette association internationale de l'industrie biotechnologique.