[Photo: Martin Flamand]
Sensible aux problèmes de pauvreté, de toxicomanie et de violence qui touchent les collectivités autochtones, Mélanie Paul commence sa carrière en travail social au Centre d'amitié autochtone de Québec. Après trois ans, elle éprouve cependant le sentiment que son aide ne suffit pas. Son père, un entrepreneur de Mashteuiatsh, au Lac-Saint-Jean, lui offre alors de se joindre à la PME familiale dans une perspective de relève, avec son frère, un cousin et une cousine.
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«Je ne voyais pas le lien entre ça et ma formation en travail social. Mais mon père m'a fait comprendre qu'il y a différentes façons d'aider les gens et que leur donner un travail brise l'engrenage de la pauvreté, leur offre une raison de vivre et de se prendre en main», se souvient celle qui dirige deux filiales du Groupe ADL, un holding actif dans les biotechnologies, les produits forestiers et les granules de bois.
Mélanie Paul, aujourd'hui âgée de 39 ans et mère de trois enfants de 20, 14 et 10 ans, a commencé aux ressources humaines chez ADL tout en suivant des cours en finance, marketing et gestion à l'université. À la fin de l'été, elle sera également finissante du programme Élite de l'École d'entrepreneurship de Beauce. Le fait d'avoir su conjuguer carrière, études et enfants est sa plus grande fierté jusqu'ici. «Je me sens équilibrée comme femme, comme mère et comme femme d'affaires. C'est un accomplissement pour moi», confie-t-elle.
«Elle ne joue pas la carte "je suis une femme, donc c'est plus difficile". Elle fait juste prendre sa place», remarque Marc Dutil, fondateur de l'EEB, ajoutant qu'il faut du cran pour négocier avec les géants que sont les papetières.
«Elle ne joue pas non plus la carte autochtone. C'est son identité, pas sa contrainte. Beaucoup de jeunes qui ont ces caractéristiques pourraient penser que ce sera difficile pour eux, mais elle s'est donné le droit de l'ambition.»
Mélanie Paul a en effet une vision internationale pour le Groupe ADL, qui emploie quelque 110 personnes, dont 40 % sont des autochtones. Déjà, les granules de bois sont exportées en Europe.
Et en plus des rêves d'entreprise, il y a ceux qu'elle chérit de façon plus personnelle, à titre de leader. «Je veux continuer d'aider les gens à s'épanouir professionnellement et à réaliser leurs objectifs de vie. Je veux devenir un modèle positif en tant que femme d'affaires autochtone. Les gens sont de plus en plus ouverts, mais on sent encore des préjugés.»
«Elle s'engage dans différentes organisations pour établir des partenariats entre Roberval et la collectivité de Mashteuiatsh. Les commerçants l'appuient dans cette démarche et elle se démarque par son leadership», considère Denis Taillon, qui copréside avec elle la Chambre de commerce de Roberval.
Le souci de redonner est constant chez Mélanie Paul, que ce soit en créant des emplois, en aidant les organisations humanitaires ou en rétablissant une image positive de l'entrepreneuriat. «J'ai vu la détresse et j'ai toujours vu mon père aider, garder sa porte ouverte. C'est marquant.»
Âge : 39
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