«Si on ne fait rien, on va frapper un mur», s’inquiète le président et chef de la direction de Sun Life Québec. (Photo: Elisa Ventur pour Unsplash)
Employeurs, si vous n’êtes pas prêts à être conciliants en matière de santé mentale, vos salariés ne se gêneront pas pour aller voir ailleurs, a prévenu Robert Dumas, le président et chef de la direction de Sun Life Québec lors d’une allocution devant la chambre de commerce du Montréal Métropolitain.
Selon des chiffres tirés d'une étude menée par l’assureur en août 2021, 1 travailleur canadien sur 10 a quitté son boulot, car il n’a pas obtenu de soutien de la part de son patron lorsqu’il était aux prises avec des enjeux de santé mentale. Chez les 18-34, ce taux grimpe à 2/10.
Cette proportion est d’autant plus préoccupante que 55% des répondants ont laissé entendre qu’ils souffraient d’un problème de santé mentale. «On est à un même taux que ce qu’on observait au plus fort de la crise sanitaire en avril 2020», et ce, malgré les nombreux assouplissements des derniers mois, s’alarme Robert Dumas devant les 200 convives réunis à l’Hôtel Bonaventure.
Plus de la moitié des Canadiens sondés ont indiqué qu’il n’avait droit à aucun soutien de la part de son employeur pour traverser ce difficile moment. Et le pire, c’est qu’il semble que ce chiffre soit en hausse!
C’est pourquoi il est essentiel d’intégrer la protection de la santé mentale dans votre réflexion qui accompagnera votre retour au bureau, martèle Robert Dumas, car un tel changement apportera son lot d’inquiétudes, et pourra être une source considérable de stress pour vos travailleurs. Comment y parvenir? Il n’existe pas de marche à suivre.
«C’est propre à chaque organisation[…] dès le départ il faut des dirigeants convaincus que c’est important, et d’établir un dialogue pour savoir ce qui fonctionne ou pas avec leurs employés», glisse le chef de la direction en entrevue avec Les Affaires.
En tant qu’assureur, la Sun Life est aux premières loges pour observer les conséquences de ce «tsunami de la santé mentale». Non seulement elle est la première cause d’invalidité de longue durée au pays, représentant 35% des cas, mais c’est aussi celle qui se répand le plus rapidement. «Si on ne fait rien, on va frapper un mur», s’inquiète-t-il.
En plus des nombreux programmes d’aide et autres avantages sociaux, les PME peuvent actionner quelques leviers pour parvenir à empêcher, en partie, cette vague de déferler sur leur organisation :
1. Vous devez connaître l’état d’esprit de vos collègues, grâce notamment à des sondages répétitifs et détaillés, pour suivre l’évolution du moral de vos troupes.
2. Formez les gestionnaires pour reconnaitre, identifier un employé qui souffre de problème de santé mentale.
3. Ouvrez le dialogue, et encouragez la communication. Invitez vos gestionnaires à parler de leurs défis de santé mentale avec leurs coéquipiers, pour déstigmatiser, et dédramatiser la discussion.
Si les PME ont moins de moyens financiers que les grandes sociétés, elles ont toutefois l’avantage d’être plus près des membres de leur équipe, ce qui leur permet de réagir plus rapidement pour aider ses salariés. «Il faut développer cette aisance, de ne pas partir avec la solution, mais avec les symptômes et les problèmes», suggère Robert Dumas.
La direction doit s’investir
Ce qui assurera le succès de votre démarche pour veiller au bien-être de vos employés, c’est un «leadership engagé» qui s’investit dans ce changement. Robert Dumas vous recommande d’examiner votre propre comportement, votre discours, et de prêcher par l’exemple. Il rappelle que des études ont démontré qu’un dirigeant qui fait état sans gêne de ses expériences et de ses émotions avec ses collègues crée une équipe plus résiliente et performante.
«On croit encore qu’exprimer ses émotions en tant que leader c’est un signe de faiblesse. C’est le contraire, pense le PDG. Partagez vos vulnérabilités, ça ouvre la discussion avec les autres qui ont peut-être le même problème.» C’est l’étincelle qui pourrait encourager vos employés à aller chercher de l’aide.