Valeant était devenue une cible de choix pour les spéculateurs. Elle était lourdement endettée, et sa valeur en Bourse avait été multipliée par plus de dix en cinq ans à la fin de juillet. Le quart des actions de Valeant se trouve dans les mains de gestionnaires de fonds de couverture (hedge funds), selon Bloomberg.
Les conclusions de Citron à l'égard des pratiques de Valeant sont-elles fiables ? Impossible à dire avec certitude. Il est bon de savoir que cette firme a été poursuivie pour diffamation à de multiples reprises par des entreprises chinoises qu'elle a ciblées, dont par le fondateur de Google China, Kai-Fu Lee, peut-on lire dans The most dangerous trade : how short sellers uncover fraud, keep markets honest and make and lose billions.
Cet excellent ouvrage publié à la fin d'août dresse le portrait des principaux acteurs de la vente à découvert. De plus, il nous montre que certains d'entre eux sont prêts à tout pour avoir gain de cause, comme Bill Ackman dans son combat contre Herbalife (NY, HLF).
Les hedge funds qui font appel à la vente à découvert vivent des moments difficiles depuis le début du marché haussier, en 2009. Ils ont en moyenne perdu 12 %, pendant que l'indice S&P 500 s'est apprécié de 200 %. Pas étonnant qu'ils aient recours à des offensives bien médiatisées afin que leurs paris baissiers rapportent.
Le rôle clé des vendeurs à découvert
Même s'ils peuvent être nuisibles, les vendeurs à découvert jouent un rôle clé sur les marchés. Comme le souligne le réputé gestionnaire Leon Cooperman dans le livre cité plus haut, «quand Manuel Asensio [star de la vente à découvert] vend à découvert un titre que je possède, je cuisine mon analyste afin de m'assurer qu'il est au courant de ce dont il parle».
Il devrait en être de même pour l'investisseur individuel. Vous détenez des actions de Valeant ? Réalisez vos propres recherches pour contrevérifier les affirmations de Citron.
Les short sellers ont attiré l'attention sur d'importants cas de fraude, comme celui de la société torontoise Sino-Forest. Ils peuvent aussi aider à mieux nous faire voir les risques associés à un titre. L'ex-coqueluche de croissance Home Capital Group (Tor., HCG) en est un bon exemple. Des vendeurs à découvert l'avaient ciblée ces dernières années, craignant l'éclatement d'une bulle immobilière dans ses principaux marchés. La récente décision de la société de rompre ses liens avec des courtiers dont la documentation sur les emprunteurs laissait à désirer a fait plonger le titre.
Oui, les vendeurs à découvert peuvent vous être utiles. Mais pour éviter de vous faire déculotter par les short, ne prenez pas toutes leurs déclarations pour du cash !
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