Une expérience de haute voltige en finances, un virage professionnel à 180 degrés et une vie familiale riche font de Sophie Stival la candidate parfaite pour nous entretenir de finances personnelles. Elle signe à compter de ce numéro une chronique régulière sur le sujet.
Mon premier patron s'appelait Bob. Pendant mon entrevue d'embauche en 1996, il m'a fait un aveu. En fait, c'était une mise en garde, mais je ne le comprendrais que bien des années plus tard.
Bob n'avait jamais déjeuné avec ses deux garçons. Ils étaient maintenant de jeunes adultes.
Travailler à la trésorerie d'une grande banque, cela signifiait être au boulot à 7 h, et Bob habitait sur la Rive-Sud. À l'époque, je voulais tellement ce travail que sa remarque ne m'a pas fait sourciller. J'avais 22 ans, et les enfants ne faisaient pas partie de mes plans à court terme.
Quand j'ai démissionné de mon poste d'arbitragiste de taux d'intérêt en 2006, je me suis souvenue de cet avertissement. Mes fils étaient alors âgés de 20 mois et de 4 ans. Depuis ce jour de juin, je déjeune tous les matins avec Simon et Laurent, pour mon plus grand bonheur.
Bien sûr, j'ai craint un moment de foutre ma vie professionnelle en l'air. Quand on consacre près de 60 heures par semaine à son travail, c'est un saut dans le vide. Je disais aussi adieu à un salaire dans les six chiffres, sans oublier mes employés, mon équipe.
Mais en retournant sur les bancs de l'Université de Montréal en journalisme, j'ai compris qu'une deuxième chance s'offrait à moi. Celle de faire les choses autrement. De reprendre le contrôle de ma vie.
Ce virage professionnel m'a également ouvert les yeux sur plusieurs réalités du quotidien. Gérer ses finances personnelles, ce n'est pas qu'une affaire de chiffres. C'est aussi la vie, le travail et les enfants. Nous partageons tous un peu les mêmes préoccupations. Alors, comment concilier tout cela sans bouleverser ses habitudes et son portefeuille ? Je compte bien vous éclairer à ce propos dans cette nouvelle chronique.
Si j'ai choisi d'être travailleuse autonome, ce n'est pas faute d'avoir trouvé mieux ni en attendant autre chose. Dans mon cas, comme pour bien d'autres, c'est une décision assumée. Une liberté qui, bien qu'elle soit contraignante financièrement, permet d'être le maître d'oeuvre de sa carrière.
Aujourd'hui, j'ai un horaire flexible. Je rédige souvent le soir afin de pratiquer mon sport favori le matin. Il m'arrive aussi, je l'avoue, d'écrire en pyjama dans le confort de mon foyer. Sans oublier tous ces bouchons de circulation que j'évite. Mais le plus important reste ce temps précieux que je peux consacrer à ceux que j'aime.
Saviez-vous que ?
L'an dernier, Statistique Canada publiait une mise à jour sur le travail à domicile. Tous ceux qui effectuent un travail rémunéré à la maison entrent dans cette catégorie. Remarquez que le télétravail s'applique surtout aux employés et qu'il n'a pas toujours lieu à la résidence du travailleur. En 2008, près de 1,8 M d'employés au pays disaient travailler à domicile. Cela représentait 11,2 % de la main-d'oeuvre des entreprises, et 1 % de plus qu'en 2000.
Autre fait intéressant, parmi tous ces employés qui travaillent à la maison à temps plein ou à temps partiel, plus d'un sur cinq est un diplômé universitaire. La recherche de Statistique Canada montre que les «employés plus scolarisés, qui occupent souvent des postes leur conférant plus d'autonomie, avaient plus de facilité que les autres à s'entendre avec leur employeur s'ils désiraient travailler de la maison».
Chez les travailleurs autonomes, le travail à domicile a connu une hausse plus importante, particulièrement entre 2006 et 2008. Le Canada comptait également 1,8 M de travailleurs autonomes en 2008. Le pourcentage des travailleurs à la maison est ainsi passé de 17 à 19 % de 2000 à 2008.