(Photo: Oleksandr Sushko pour Unsplash)
Un texte de Charles Montpetit, du collectif Propre.org
COURRIER DES LECTEURS. Pour que les choses avancent sur le plan environnemental, les belles paroles du monde des affaires ne suffisent pas, et il faut que «les bottines suivent les babines».
Or, le Conseil du patronat du Québec (CPQ) fait tout le contraire en se contentant de déclarer que 70% des entreprises veulent «lutter contre le réchauffement climatique». Dans les faits, nous avons plutôt droit non pas à des bottines immobiles, mais à des sauts de sept lieues dans la mauvaise direction.
Prenez TC Transcontinental, que le CPQ présente comme un modèle de responsabilité sociale parce que le produit vedette de l’entreprise — le Publisac — serait «100% recyclable». Ne soyons pas dupes: non seulement la recyclabilité réelle du polyéthylène est-elle «faible» (Protégez-vous, février 2020), mais tant qu’on n’a pas retiré le contenu d’un tel sac, cela empêche carrément le recyclage des circulaires, voire de tout ballot de papier auquel il est mêlé par la suite. Résultat: des milliers de tonnes de matériel «recyclable» aboutissent plutôt à l’enfouissement, comme on l’a vu plus tôt cette semaine au centre de tri de Lachine.
Et loin de «favoriser la décarbonisation [en prônant] des lois plus sévères», le distributeur lutte bec et ongles contre toute action qui réduirait le gaspillage à la source. Entre autres, quand la Ville de Mirabel a décidé de ne permettre la livraison de circulaires qu’aux citoyens intéressés, TC l’a immédiatement poursuivie en justice.
Pire encore, en plus d’avoir causé les dégâts environnementaux qui ont mené à la crise actuelle, toutes ces entreprises qui se disent championnes de l’environnement ont le culot de «demander des investissements importants» de la part du gouvernement afin d’implanter de modestes changements qui ne suffiraient pas à renverser la vapeur de toute façon. Bref, nous assistons ici à une vaste opération de relations publiques visant à convaincre le public de la bonne foi des pollueurs, et aucun geste efficace n’est posé.
Oui, les entreprises sondées par le CPQ craignent une perte de revenus si elles se font plus vertes.
Mais est-ce que garder le cap vers un précipice environnemental constitue une meilleure stratégie?