Dans une proportion de 70%, les entreprises s’entendent pour dire qu’il faut multiplier les gestes pour lutter contre le réchauffement climatique, selon un sondage du CPQ. (Photo: 123RF)
La majorité des entreprises veulent contribuer à la décarbonisation de l’économie, selon un coup de sonde du Conseil du patronat du Québec (CPQ). Certains obstacles se dressent cependant sur leur chemin, selon un document dévoilé jeudi.
Dans une proportion de 70%, les entreprises s’entendent pour dire qu’il faut multiplier les gestes pour lutter contre le réchauffement climatique, selon un sondage effectué auprès des membres. Ce résultat est de la «musique aux oreilles» de Karl Blackburn, président et chef de la direction du CPQ. «Les entreprises veulent en faire plus. Elles sont prêtes à signer le contrat social pour l’environnement.»
Les dirigeants d’entreprises partagent en grand nombre les valeurs de leurs employés, ajoute M. Blackburn. Le sondage démontre que 84% des Québécois veulent que le gouvernement adopte des lois plus sévères pour forcer les entreprises à réduire la pollution.
Les entreprises partagent cet objectif, assure M. Blackburn. Les employeurs rencontrent cependant des obstacles dans cette quête. Il cite notamment les coûts liés à la décarbonisation de leurs activités, le manque de financement et le manque de connaissance. «Ça va demander des investissements importants en capitaux», souligne-t-il.
Le gouvernement peut encourager le virage vert des entreprises, notamment en intégrant des objectifs environnementaux dans ses appels d’offres, suggère le CPQ. «Ça risque de coûter plus cher à court terme, mais à moyen et long terme, le retour sur l’investissement est beaucoup plus important.»
Le CPQ fait une série de recommandations pour favoriser la décarbonisation de l’économie, notamment d’élargir la portée du marché du carbone à d’autres secteurs et d’autres juridictions, d’intégrer l’écofiscalité dans le système québécois, d’investir dans le transport collectif et d’encourager l’économie circulaire.
Membre du CPQ, l’emballeur Transcontinental mise sur l’économie circulaire, le recyclage du plastique dans ses produits d’emballage, donne en exemple Charles David Mathieu-Poulin, son chef des affaires publiques et relations avec les parties prenantes. Par exemple, le sac du Publisac, critiqué par certains groupes environnementaux comme un important générateur de déchets, est 100% recyclable.
L’entreprise montréalaise veut que 10% des composantes de ses produits d’emballage soient recyclés d’ici 2025. «Ça peut sembler petit, mais la majorité de nos produits d’emballage sont dans l’alimentaire et c’est un secteur très réglementé. Il n’y a pas beaucoup de résines qui sont approuvées par Santé Canada ou la FDA (l’équivalent américain de Santé Canada).»
Si Transcontinental a les moyens financiers d’investir dans la transition, M. Mathieu-Poulin reconnaît qu’elle entraîne des coûts qui pourraient représenter un obstacle pour d’autres entreprises.
«Oui, il y a un coût en recherche et développement. Il faut avoir des laboratoires et des équipements. Une fois qu’on a développé de nouveaux produits, il faut parfois faire des ajustements ou acheter de nouveaux équipements qui peuvent coûter plusieurs millions de dollars.»
Investir dans le développement durable est une bonne chose, cependant, car il permet d’attirer de nouveaux clients et de suivre l’évolution de la réglementation, ajoute M. Mathieu-Poulin.
C’est aussi un moyen d’attirer la main-d’œuvre, dans un contexte où elle se fait rare. Selon le sondage du CPQ, 71% des Québécois affirment que plus une entreprise a de fortes valeurs environnementales, plus ils ont envie de travailler pour elle. «C’est quelque chose qui est important de savoir qu’on travaille pour une entreprise qui prend le développement durable au sérieux et que ça fait partie de la stratégie», estime M. Mathieu-Poulin.