Booster la santé mentale de vos employés


Édition du 25 Novembre 2020

Booster la santé mentale de vos employés


Édition du 25 Novembre 2020

Des employeurs ont saisi l’importance cruciale de la santé mentale de leurs employés et sont passés à l’action. (Photo: 123RF)

 

Les sondages se suivent, plus terrifiants les uns que les autres. Le dernier en date est celui de la ­firme-conseil en ressources humaines ­Morneau ­Shepell, qui montre qu’au ­Québec un employé sur deux a aujourd’hui un besoin « urgent » de soutien pour sa santé mentale. Et que ces employés ne savent pas vers qui se tourner pour en trouver : 24 % s’appuient sur leurs proches, 20 % sur leurs amis ou collègues. Seulement 8 % font appel aux services d’un professionnel en santé mentale ; pis, 9 % ne cherchent plus aucune aide, même s’ils savent qu’ils en ont terriblement besoin.
La question saute aux yeux : que font les employeurs, bon sang ? D’autant plus qu’outre l’aspect humain, cette pandémie psychique affecte directement la performance des entreprises : l’enquête de ­Morneau ­Shepell indique que les employés fournissent davantage d’efforts au travail qu’avant la ­COVID-19, mais sans que cela se traduise par un gain en productivité. « ­Les entreprises doivent faire un effort conscient de prendre contact avec leurs employés et de revoir leurs stratégies en santé mentale, sous peine de subir des effets néfastes à long terme sur leur rendement », avertit ­Stephen ­Liptrap, président et chef de la direction de ­Morneau ­Shepell.
En vérité, certains employeurs ont saisi l’importance cruciale de la santé mentale de leurs employés et sont passés à l’action, ces derniers temps. En guise d’inspiration, voici ­quelques-unes de ces actions, à la fois simples et efficaces.
gOffrir des journées ­bien-être
Les employés de ­Radio-Canada ont récemment reçu un courriel leur annonçant une mesure inédite de la part de la haute direction : « ­Chacun dispose maintenant de deux journées rémunérées pouvant être utilisées pour prendre du temps dédié à son ­bien-être, pour se reposer et pour favoriser un bon état d’esprit au travail, y ­est-il indiqué. ­Celles-ci sont accessibles à tous, employés comme contractuels, et doivent être prises d’ici le 31 mars 2021. »
Autrement dit, ­Radio-Canada a compris que ses employés – sa ressource première – avaient besoin de souffler et a fait un pas concret 
en ce sens.
Bien entendu, tous les employeurs ne peuvent pas se permettre une telle chose, surtout lorsque les ventes souffrent de la récession actuelle. Toutefois, de petites entreprises embarquent tout de même dans ce type de projet, à l’image des ­Miels d’Anicet, à ­Ferme-Neuve, dans les ­Laurentides : chacun des quelque 40 employés dispose d’une banque de 24 heures de congé, lesquelles peuvent servir pour, par exemple, faire du camping en famille ou assister à un ­rendez-vous de son enfant. C’est que les propriétaires comptent ainsi permettre à chacun de respirer quand il en ressent le besoin, mais aussi de fidéliser la ­main-d’œuvre.
gInciter à faire
du sport
La firme informatique montréalaise ­Nexus ­Innovations offre à chaque employé deux heures rémunérées par semaine afin d’exercer une activité physique, peu importe laquelle. Résultat : 92 % des quelque 40 employés 
s’en prévalent et font, entre autres, du yoga, 
du spinning ou encore 
du curling.
gPrendre en charge les petits
Le cabinet d’avocats ­Davies ­Ward ­Phillips & ­Vineberg a conclu une entente avec ­Kiid, une firme montréalaise qui offre des services de gardiennage à domicile à la demande. L’idée est simple : lorsqu’un employé doit avoir la paix pour bien télétravailler sur un dossier important, lorsqu’il lui faut effectuer des heures supplémentaires, ou encore lorsqu’il lui faut inopinément s’absenter des heures durant pour rencontrer un client, il lui suffit de passer un coup de fil et une gardienne avertie arrive aussitôt à la maison pour prendre en charge les enfants (ex. : les faire jouer, les nourrir, les laver, les faire réviser leurs leçons, les coucher, etc.).
gSoulager le corps
et l’esprit
Au ­Saguenay, les propriétaires des ­cafés-bistros ­Summum, à ­La ­Baie et à ­Chicoutimi, ainsi que de la buvette mexicaine ­Maria ­Maria, à ­Chicoutimi, tiennent à avoir des employés en pleine forme. C’est pourquoi ils leur offrent douze séances chez le psychologue, histoire de bénéficier d’un précieux soutien psychologique en cette période de fortes turbulences. Des séances qui s’ajoutent à l’accès à des consultations gratuites dans une clinique privée ainsi qu’à des soins chiropratiques et kinésiologiques.
Dans le même ordre d’idées, l’entrepreneur général en construction ­Pomerleau a mis en place un service de télémédecine dont peuvent se prévaloir les employés et leurs proches quand bon leur semble. Ils peuvent ainsi bénéficier rapidement des conseils de médecins et d’infirmières, que le problème rencontré soit corporel ou mental. En toute confidentialité.
« ­Chaque jour, les gens doivent combler certains besoins psychologiques : éprouver un sentiment d’accomplissement, avoir des contacts sociaux, s’amuser, bouger. Les employeurs ont à présent une excellente occasion de favoriser et d’appuyer ces saines habitudes, qui contribuent à la résilience dont nous avons tous tant besoin, ces ­temps-ci », dit, avec raison, ­Paula ­Allen, première ­vice-présidente à la recherche, à l’analytique et à l’innovation chez ­Morneau ­Shepell.
Alors ? ­Chers employeurs, qu’­attendez-vous pour bien faire, maintenant que vous avez saisi qu’il est parfaitement possible de venir en aide à vos employés sans que cela vous coûte un bras pour autant ? ­Oui,
qu’­attendez-vous pour faire mentir ceux qui disent qu’il n’y a non pas « pénurie de talents », mais « pénurie de bons employeurs » ?

 

CHRONIQUE. Les sondages se suivent, plus terrifiants les uns que les autres. Le dernier en date est celui de la ­firme-conseil en ressources humaines ­Morneau ­Shepell, qui montre qu’au ­Québec un employé sur deux a aujourd’hui un besoin « urgent » de soutien pour sa santé mentale. Et que ces employés ne savent pas vers qui se tourner pour en trouver : 24 % s’appuient sur leurs proches, 20 % sur leurs amis ou collègues. Seulement 8 % font appel aux services d’un professionnel en santé mentale ; pis, 9 % ne cherchent plus aucune aide, même s’ils savent qu’ils en ont terriblement besoin.

La question saute aux yeux : que font les employeurs, bon sang ? D’autant plus qu’outre l’aspect humain, cette pandémie psychique affecte directement la performance des entreprises : l’enquête de ­Morneau ­Shepell indique que les employés fournissent davantage d’efforts au travail qu’avant la ­COVID-19, mais sans que cela se traduise par un gain en productivité. « ­Les entreprises doivent faire un effort conscient de prendre contact avec leurs employés et de revoir leurs stratégies en santé mentale, sous peine de subir des effets néfastes à long terme sur leur rendement », avertit ­Stephen ­Liptrap, président et chef de la direction de ­Morneau ­Shepell.

En vérité, certains employeurs ont saisi l’importance cruciale de la santé mentale de leurs employés et sont passés à l’action, ces derniers temps. En guise d’inspiration, voici ­quelques-unes de ces actions, à la fois simples et efficaces.

Offrir des journées ­bien-être

 Les employés de ­Radio-Canada ont récemment reçu un courriel leur annonçant une mesure inédite de la part de la haute direction : « ­Chacun dispose maintenant de deux journées rémunérées pouvant être utilisées pour prendre du temps dédié à son ­bien-être, pour se reposer et pour favoriser un bon état d’esprit au travail, y ­est-il indiqué. ­Celles-ci sont accessibles à tous, employés comme contractuels, et doivent être prises d’ici le 31 mars 2021. »

Autrement dit, ­Radio-Canada a compris que ses employés – sa ressource première – avaient besoin de souffler et a fait un pas concret en ce sens.

Bien entendu, tous les employeurs ne peuvent pas se permettre une telle chose, surtout lorsque les ventes souffrent de la récession actuelle. Toutefois, de petites entreprises embarquent tout de même dans ce type de projet, à l’image des ­Miels d’Anicet, à ­Ferme-Neuve, dans les ­Laurentides : chacun des quelque 40 employés dispose d’une banque de 24 heures de congé, lesquelles peuvent servir pour, par exemple, faire du camping en famille ou assister à un ­rendez-vous de son enfant. C’est que les propriétaires comptent ainsi permettre à chacun de respirer quand il en ressent le besoin, mais aussi de fidéliser la ­main-d’œuvre.

Inciter à faire du sport

La firme informatique montréalaise ­Nexus ­Innovations offre à chaque employé deux heures rémunérées par semaine afin d’exercer une activité physique, peu importe laquelle. Résultat : 92 % des quelque 40 employés s’en prévalent et font, entre autres, du yoga, du spinning ou encore du curling.

Prendre en charge les petits

Le cabinet d’avocats ­Davies ­Ward ­Phillips & ­Vineberg a conclu une entente avec ­Kiid, une firme montréalaise qui offre des services de gardiennage à domicile à la demande. L’idée est simple : lorsqu’un employé doit avoir la paix pour bien télétravailler sur un dossier important, lorsqu’il lui faut effectuer des heures supplémentaires, ou encore lorsqu’il lui faut inopinément s’absenter des heures durant pour rencontrer un client, il lui suffit de passer un coup de fil et une gardienne avertie arrive aussitôt à la maison pour prendre en charge les enfants (ex. : les faire jouer, les nourrir, les laver, les faire réviser leurs leçons, les coucher, etc.).

Soulager le corps et l’esprit

Au ­Saguenay, les propriétaires des ­cafés-bistros ­Summum, à ­La ­Baie et à ­Chicoutimi, ainsi que de la buvette mexicaine ­Maria ­Maria, à ­Chicoutimi, tiennent à avoir des employés en pleine forme. C’est pourquoi ils leur offrent douze séances chez le psychologue, histoire de bénéficier d’un précieux soutien psychologique en cette période de fortes turbulences. Des séances qui s’ajoutent à l’accès à des consultations gratuites dans une clinique privée ainsi qu’à des soins chiropratiques et kinésiologiques.

Dans le même ordre d’idées, l’entrepreneur général en construction ­Pomerleau a mis en place un service de télémédecine dont peuvent se prévaloir les employés et leurs proches quand bon leur semble. Ils peuvent ainsi bénéficier rapidement des conseils de médecins et d’infirmières, que le problème rencontré soit corporel ou mental. En toute confidentialité.

« ­Chaque jour, les gens doivent combler certains besoins psychologiques : éprouver un sentiment d’accomplissement, avoir des contacts sociaux, s’amuser, bouger. Les employeurs ont à présent une excellente occasion de favoriser et d’appuyer ces saines habitudes, qui contribuent à la résilience dont nous avons tous tant besoin, ces ­temps-ci », dit, avec raison, ­Paula ­Allen, première ­vice-présidente à la recherche, à l’analytique et à l’innovation chez ­Morneau ­Shepell.

Alors ? ­Chers employeurs, qu’­attendez-vous pour bien faire, maintenant que vous avez saisi qu’il est parfaitement possible de venir en aide à vos employés sans que cela vous coûte un bras pour autant ? ­Oui, qu’­attendez-vous pour faire mentir ceux qui disent qu’il n’y a non pas « pénurie de talents », mais « pénurie de bons employeurs » ?

 

À propos de ce blogue

ESPRESSONOMIE est le blogue économique d'Olivier Schmouker. Sa mission : éclairer l'actualité économique à la lumière des grands penseurs d'hier et d'aujourd'hui. Ce blogue hebdomadaire présente la particularité d'être publié en alternance dans le journal Les affaires (papier/iPad) et sur Lesaffaires.com. Olivier Schmouker est chroniqueur pour Les affaires et conférencier.

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