Le moral est à zéro... (Photo: Drew Hays pour Unsplash)
CHRONIQUE. Au Canada, 37% des propriétaires de PME veulent aujourd’hui «prendre leur retraite», «vendre» ou «transférer» leur entreprise au plus vite, selon un sondage du cabinet-conseil KPMG. Et ce, en raison de l'incertitude persistante causée par la pandémie du nouveau coronavirus.
Leur découragement est monumental. Ainsi, 1 propriétaire de PME sur 4 (24%) reconnaît qu’ils n’avaient jamais pensé en arriver là, qu’ils n’avaient aucunement préparé le moindre plan de sortie. Et ils disent le regretter amèrement.
Pis, la plupart des PME sont difficilement vendables à court terme. C’est que 60% d’entre elles n'ont pas d'états financiers audités, et 76%, aucun cadre, ni structure, de gouvernance.
À cela s’ajoute le fait qu’ils n’ont aucune idée précise de qui pourrait reprendre leurs affaires. Un exemple frappant concerne le degré d’avancement technologique de leur entreprise: 78% des propriétaires de PME estiment que pour espérer survivre il va falloir que leur entreprise passe franchement au numérique, et ils sont 70% à juger qu’une nouvelle génération de dirigeants doit donc prendre les rênes de celle-ci, une génération plus au fait des derniers bonds technologiques. Mais voilà, ne voyant pas d’où celle-ci pourrait bien provenir, ils restent aux commandes, se sentant «obligés de rester», faute de relève.
Résultat? La moitié des propriétaires de PME (54%) admettent qu'ils consacrent actuellement tous leurs efforts à la seule survie de leur entreprise. C’est-à-dire qu’ils ne font rien d’autre, ou presque, que courir après l’argent. Sans aucune vision d’avenir, sans aucun projet novateur, sans investir moindrement dans la technologie: 48% avouent n’avoir pas dépensé un cent en technologie depuis le début de la pandémie; seulement 8% l’ont vraiment fait, histoire de soutenir les ventes, les services et les paiements en ligne.
Des chiffres carrément inquiétants pour l’avenir, aux yeux de Yannick Archambault, leader, bureau de gestion familiale, de KPMG Entreprise: «La pandémie a pourtant mis en évidence à quel point les investissements dans la technologie étaient essentiels, non seulement pour survivre, mais aussi pour bien se positionner à moyen et long termes», dit-il.
«Nous sommes à un moment charnière de la crise, un moment qui pourrait propulser ou détruire de nombreuses PME canadiennes, lance John Cho, leader, services-conseils transactionnels, de KPMG. L'incertitude économique provoque beaucoup d'angoisse chez les entrepreneurs, et il est clair qu’un grand nombre d’entre eux s’apprêtent à baisser les bras. Qui sait? Cela pourrait faire l’affaire d’une poignée d’entrepreneurs qui, eux, voient des opportunités dans la crise et pourraient bien se porter acquéreurs d’actifs en difficulté.»
De fait, le sondage de KPMG met également au jour le fait que 29% des propriétaires de PME considèrent la pandémie comme «une occasion de développer leur entreprise, soit à l'interne, soit par le biais d'acquisitions». En conséquence, si jamais l’on assistait bientôt à une vague d’opérations de fusion-acquisition, cela pourrait permettre de «renforcer l’épine dorsale de l’économie canadienne», selon les mots de M. Cho. Mais voilà, rien ne dit qu’on puisse assister sous peu à une telle vague: pour l’heure, nous assistons plutôt à un «début de vague d’insolvabilités», note l’expert de KPMG…
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Un rendez-vous hebdomadaire dans Les affaires et Lesaffaires.com, dans lequel Olivier Schmouker éclaire l'actualité économique à la lumière des grands penseurs d'hier et d'aujourd'hui, quitte à renverser quelques idées reçues.
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