L’heure est à la réconciliation et ce processus gagne maintenant la communauté d’affaires. [Photo: 123RF]
C'est un vent nouveau, et il vient de l'ouest. Je l'ai senti souffler pour la première fois en mai 2017. J'étais à Toronto pour présenter un gala et j'avais pratiqué longuement mon texte pour le prononcer correctement : « Nous sommes réunis ce soir sur des territoires traditionnels de peuples autochtones, y compris des Premières Nations wendates, de la Première Nation Anishinabek, des cinq nations de la Confédération Haudenosaunee et de la Première Nation des Mississaugas de la New Credit. » Un préambule pour moi insolite, mais j'ai compris que c'était la norme depuis quelque temps dans la Ville-Reine. Quelques jours plus tard, Denis Coderre déclenchait une polémique en faisant à son tour une déclaration de territoire lors de son allocution devant la Chambre de commerce du Montréal métropolitain.
L'heure est à la réconciliation, Indian Time, et ce processus mis en branle dans tout le pays depuis le dépôt du rapport de la Commission de vérité et réconciliation (CVR) gagne maintenant la communauté d'affaires.
Depuis un an et demi, une dizaine de grands employeurs québécois se rencontrent, de façon informelle mais régulière, pour parler d'affaires autochtones. « Une fois par trimestre, nous discutons des enjeux liés aux relations avec les communautés. L'objectif est de bâtir des relations d'égal à égal », explique Mihaela Stefanov, cadre chez EY, qui a eu l'initiative de créer ce regroupement. Les entreprises qui participent viennent des secteurs du transport, du droit, de l'énergie ou encore des ressources naturelles .
BMO en fait partie. « La banque a reçu, en 2017, sa cinquième certification Or du programme Progressive Aboriginal Relations (PAR) », m'a expliqué fièrement Mark Shadeed, directeur, Financement autochtone pour le Québec et les provinces de l'Atlantique. Décernée par le Conseil canadien pour le commerce autochtone, cette estampille récompense les efforts d'une organisation pour être un partenaire d'affaires et un employeur engagé dans la prospérité de ces communautés.
Maillage B2B et accès à l'emploi sont les leviers que les entreprises ont le pouvoir d'activer pour compléter les initiatives d'éducation. Dans son appel à l'action, en 2015, la CVR s'adressait d'ailleurs directement à elles avec son article 92 : « Nous demandons au secteur des entreprises du Canada d'adopter la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones en tant que cadre de réconciliation. » Même s'il n'a pas encore de feuille de route particulière, le comité y travaille. La première étape, m'a expliqué Éric Cardinal, membre du comité et cadre chez National, est de « juste reconnaître que c'est un univers complètement différent du nôtre ».
Pour en savoir plus, lisez l'article «Des entreprises s'engagent dans la réconciliation».
Julie Cailliau
Éditrice adjointe et rédactrice en chef, Groupe Les Affaires
julie.cailliau@tc.tc