(Photo: 123RF - Écoquartier BO01 à Malmö, en Suède)
Montréal figure parmi les 20 grandes villes à revenu élevé les plus denses au monde. Son ratio de 4916 habitants au km2 est cependant bien en deçà de celui de New York (plus de 10 000 habitants au km2) ou de Paris (plus de 21 000 habitants au km2). « Certes, il y a de la place pour densifier Montréal. Mais encore faut-il le faire intelligemment », soutient Nik Luka, professeur à l’école d’Architecture et de développement urbain de l’Université McGill. Il sera l’un des invités à la conférence Marché de l’habitation, présentée par les Événements Les Affaires, le 4 décembre prochain, à Montréal.
Que veut dire densifier intelligemment ?
Nik Luka : Pour les grandes villes, la densification de la population est devenue une préoccupation de rentabilité et de faisabilité. Toutefois, la densification ne se limite pas à la construction de tours. Aujourd’hui, la densification urbaine implique que les villes et les promoteurs se questionnent sur leur projet.
Quel genre de questions doivent-ils se poser ?
N.K : Les intervenants doivent se questionner sur leurs méthodes de remplacement de bâtiments existants. Faudra-t-il décontaminer les terrains ? Quels seront les coûts réels liés à ces projets ? Bâtir en hauteur coûte en effet généralement plus cher. Et puisque la plupart des terrains accessibles pour la construction de ce type de projets se trouvent aux abords d’axes routiers bruyants, comment construire de manière à réduire le bruit ? Il y a aussi toutes les questions liées à l’acceptabilité sociale.
Quel est cet enjeu d’acceptabilité sociale ?
N.K : La densification urbaine implique une large préoccupation culturelle de la part des promoteurs. Se sont-ils préoccupés du trafic routier que ces nouveaux immeubles vont générer dans le quartier ? Se sont-ils demandé quel impact leur projet aura sur le paysage actuel et sur la quiétude des résidents ? En général, quelle que soit la nature des projets de densification urbaine, la population émet des inquiétudes. En fait, la perception de la population s’avère habituellement négative face à ce type de projet.
Comment faire pour s’allier la population ?
N.K : Il y a du travail à faire en amont. Les villes et les promoteurs ont avantage à étudier la topologie des bâtiments. Ils doivent déterminer quelle sera la meilleure volumétrie qui pourra convenir aux secteurs et aux quartiers ciblés par leur projet de densification. Dans un contexte montréalais, par exemple, les promoteurs ont intérêt à analyser des idées de projets acceptables visuellement qui se rapprochent de l’architecture actuelle.
Avez-vous des exemples ?
N.K : L’écoquartier BO01, à Malmö, en Suède, est un bel exemple de densification urbaine qui regroupe des maisonnettes superposées dans des bâtiments d’au maximum 5 à 6 étages. De plus, les appartements ont une vue sur la cour et non sur les axes routiers qui entourent ce développement. C’est un modèle qui se rapproche de ce qui s’est déjà construit dans certains quartiers de Montréal dans les années 1930, 40 et 50.