Ce vedettariat entrepreneurial encourage la mise en avant de personnalité nocive pour l’entrepreneuriat dont celle d'Elizabeth Holmes, fondatrice de Theranos, condamnée pour fraude.
BLOGUE INVITÉ. Depuis des années, je vis difficilement l’aspect qu’on tente de «star-systemiser» l’entrepreneuriat. Que ce soit lorsque quelqu’un vend son entreprise pour des milliards ou devient une «licorne» après une levée de fond, la manière dont l’histoire est racontée donne souvent l’impression que c’est totalement banal. Idem avec les émissions de télévision de plus en plus nombreuses comme les Dragons à Radio-Canada qui sont certes nécessaires pour faire la promotion de l’entrepreneuriat, mais qui, selon moi, ne donnent pas une image juste de ce qu’est l’entrepreneuriat.
Aujourd’hui, les entrepreneurs sont devenus rapidement les vedettes de notre époque. Steve Jobs, Jeff Bezos, Elon Musk et Bill Gates sont des noms familiers et attirent la même attention que les célébrités hollywoodiennes.
Ces titans de l'entrepreneuriat sont tenus en haute estime à la fois pour la richesse qu'ils ont générée et pour les changements progressifs en matière d'innovation rendus possibles par leur approche visionnaire de la technologie. Aujourd'hui, avec l'émergence de l'économie «YOLO», l'entrepreneuriat est de plus en plus considéré comme le meilleur moyen de gagner de l'argent, de faire la différence et de vivre pleinement sa vie.
Malheureusement, cette vision du parcours entrepreneurial est idéalisée et trop simpliste. Pour toutes les réussites très médiatisées, il y a beaucoup plus d'échecs!
Devenir entrepreneur n'est pas pour tout le monde
Le succès entrepreneurial peut éventuellement apporter la gloire et la fortune, mais avant cela, la plupart des fondateurs font face à de nombreuses années de travail acharné, à de longues heures au boulot et à peu de reconnaissance.
N'importe qui peut devenir entrepreneur — et c’est l’une des beautés de l’entrepreneuriat. Contrairement à certaines professions, il n’est pas nécessaire d’être né dans une famille aisée ou d’avoir de la facilité dans le système scolaire. Cependant, ceux-ci ont souvent des caractéristiques spécifiques telles que la résilience, une énergie plus élevée que la moyenne ou encore une forte capacité à convaincre et vendre.
Être entrepreneur exige beaucoup de détermination, une volonté constante d'apprendre et la reconnaissance que des sacrifices seront nécessaires en cours de route. Même alors, le succès est loin d'être garanti. La chance joue presque toujours un rôle.
Être entrepreneur, c'est constamment combattre les incendies
Mon associé a récemment pris la décision de devenir pompier volontaire pour la ville de Hudson. À la blague, je lui demandais s’il n’était pas déjà fatigué d’éteindre des feux dans l’entreprise, car être entrepreneur, c’est éteindre des feux.
Nous sommes constamment confrontés à de nouvelles situations, la pandémie étant un excellent exemple. Qui avait prévu dans sa planification stratégique un plan d’action en cas de pandémie mondiale? Si vous connaissez quelqu’un, svp me le présenter! Le tout s’ajoute aux défis liés aux produits ou encore aux difficultés de trouver des employés, en passant par les problèmes de fournisseurs et les difficultés de financement.
Si vous n’aimez pas l’incertitude et l’idée d’être sans cesse en mode solution, vous devriez probablement reconsidérer votre rêve, car, le plus souvent, c'est la réalité du rôle.
Les entrepreneurs sont aussi plus susceptibles de ressentir la solitude, le doute de ses compétences et de développer des enjeux de santé mentale. La pression est souvent incessante pouvant rapidement nous mener à l’épuisement professionnel étant donné que nous sacrifions trop souvent notre équilibre travail/vie personnelle pour éteindre les feux, préparer les mises à jour de produits ou tenter d’obtenir du financement.
Relever le défi
Quelle que soit la nature du dernier problème, l’entrepreneur doit rester calme et orienté vers la résolution de problèmes. La capacité à prioriser efficacement lorsque les problèmes arrivent de toutes parts est une compétence cruciale, non seulement pour garder son entreprise sur la bonne voie, mais aussi pour rassurer les employés et investisseurs.
Personne ne veut avoir l'impression que quelques mauvaises semaines d'activité peuvent mettre son travail en péril. Les fondateurs doivent donc aider leurs équipes à traverser des situations délicates, à rester pragmatiques et positives et, surtout, à éviter les drames.
Par-dessus tout, les fondateurs doivent savoir quand demander de l'aide. L'entrepreneur est peut-être le héros de l'histoire, mais chaque récit de héros présente une distribution de personnages secondaires — dans ce cas, des collègues, des pairs, des conseillers de confiance, des investisseurs et d'autres — qui peuvent les aider à se préparer et à surmonter les inévitables obstacles, goulots d'étranglement et défis personnels qu'ils rencontreront au cours de leur voyage.
L’entrepreneuriat, ce n’est pas dans la télé que ça se passe!
Ce n'est qu'en peignant une image plus honnête de l'entrepreneuriat que nous pouvons nous assurer que les fondateurs comprennent vraiment dans quoi ils s’embarquent! Entreprendre, ce n’est pas une télé-réalité ni un conte de fées. Cela n’arrivera jamais que vous rencontriez un investisseur et qu’après 3 minutes de présentation, il vous fasse une offre pour devenir «votre associé». Ce vedettariat entrepreneurial encourage la mise en avant de personnalité nocive pour l’entrepreneuriat. Par exemple, celle de la «jeune millionnaire», la pharmacienne Eliane Gamache qui avait séduit des milliers de personnes, mais qui n’incarnait que de la «fausse représentation» ou plus récemment celle de Elizabeth Holmes, fondatrice de Theranos, ancienne vedette de la Silicon Valley, condamnée pour fraude. Il y a plus longtemps, on peut aussi penser à Ronald Weinberg, le fondateur de Cinar condamné pour fraude à Montréal.
Soyons sincères avec la future génération: nous avons besoin d’entrepreneurs, certes, mais ce n’est pas fait pour tout le monde et clairement, ce n’est pas du tout le chemin le plus facile.
Comment faire un tabac en ligne quand on a peu de moyens? Le confinement et les restrictions sanitaires ont contraint nombre de PME à développer leur présence virtuelle in extremis. Entre services offerts par vidéoconférence et achats en ligne, toutes ne sont pas égales dans cette transformation numérique.