Téléphones intelligents, ordinateurs, tablettes... bien avant l'avènement de ces technologies qui nous envahissent autant qu'elles nous servent, nous prônions déjà la nécessité de pouvoir «décrocher» pendant les vacances ! Arrêter de travailler l'espace d'une ou deux semaines, c'est aussi commencer à penser à soi et établir une autre forme de communication avec les autres. Pour ceux qui en ont perdu l'habitude et qui sont finalement plus proches de leurs collègues de travail que de leur famille et de leurs amis, cela peut sembler très difficile, voire insurmontable. Oublier un peu son téléphone cellulaire, c'est aussi accepter de renoncer, le temps des vacances, à occuper une fonction sociale pour tout simplement se retrouver et redevenir soi.
Pourtant, 95 % d'entre nous n'imaginent pas un seul instant de pouvoir partir en vacances sans téléphone ou ordinateur. Selon une étude réalisée par la société américaine Brocade, 86 % des Nord-Américains choisiraient leur hôtel en fonction de la qualité et de la gratuité de la connexion Wi-Fi qu'il offre et nous serions près de 26 % à travailler pendant nos vacances !
L'illusion d'être indispensable
Selon certains spécialistes, cette accoutumance à la technologie nous procurerait un plaisir proche de celui d'une drogue. Se sentir relié et connecté calme une angoisse et procure l'illusion d'être indispensable... sentiment quelque peu discutable et qui reste probablement le premier inhibiteur à la nécessaire capacité de savoir déléguer !
Ces mêmes spécialistes soulignent l'importance de prendre de la distance avec son travail et notamment de veiller à sortir de la dépendance liée au téléphone et à l'ordinateur portable. Jamais vous ne pourrez bénéficier pleinement d'une journée de randonnée en montagne, d'une sieste réparatrice sous les palmiers, de la visite d'un musée à l'autre bout du monde ou tout simplement d'un moment privilégié avec vos enfants, si le soir même vous recevez un appel professionnel ou lisez un message qui va réactiver tous vos soucis de travail.
Réapprendre à être absent
Si la technologie nous permet désormais d'être présents, joignables et disponibles - parfois trop - tout au long de l'année, se couper de l'univers professionnel, ne serait-ce que quelques jours, est devenu un véritable défi pour bon nombre de cadres, dirigeants et entrepreneurs qui doivent, paradoxalement, pour être plus efficaces et performants, véritablement réapprendre à être absents.
Nombreuses sont les méthodes, et bien entendu chacun pourra envisager le degré de «déconnexion» adapté à sa situation et à sa capacité d'éloignement professionnel. Si certains - et j'en connais - usent de mille astuces pour pouvoir rester injoignables, d'autres préfèrent désigner dans la société un interlocuteur unique qui collectera les différentes demandes et jugera de la nécessité de communiquer avec vous. D'autres encore, probablement ceux qui souhaitent vivre pleinement et positivement leurs vacances, annoncent clairement qu'ils n'accepteront d'être «dérangés» que pour de bonnes nouvelles !
Dans tous les cas, il conviendra de fixer avec vos collaborateurs ou collègues le niveau d'urgence accepté et tolérable pour toute communication. Privilégier courriels et boîtes vocales vous permettra de profiter pleinement de vos journées et de gérer efficacement votre emploi du temps estival.
Personnellement, j'avoue me considérer comme quelque peu privilégiée pendant cette période, puisque j'ai la chance d'avoir mes quatre enfants qui oeuvrent au sein des services clés de l'entreprise. S'ils veillent à la bonne marche et à l'efficacité de la compagnie pendant mon absence, c'est avec un comportement très protecteur qu'ils restent attentifs à mon bien-être et à la qualité de mon repos. Ayant pris le temps d'informer mes principaux clients et partenaires de ma période de vacances, c'est l'esprit serein que j'aborde ces quelques jours réparateurs, avec la certitude de n'être dérangée qu'en cas de réelle nécessité ou d'urgence. Un privilège que j'apprécie d'autant plus que mes activités professionnelles m'amènent également à m'absenter et à voyager très fréquemment dans le monde.
Lâcher les réseaux sociaux
À titre plus privé, sachez que beaucoup d'entre nous souffrent de «troubles anxieux des médias sociaux». Une notion pas vraiment scientifique mais bien réelle, puisque d'après un sondage conduit en Grande-Bretagne, près de la moitié des utilisateurs de réseaux sociaux jugent que ces derniers ont un effet négatif sur leur vie. Le magazine Forbes affirme même que la possibilité de se comparer à nos pairs sur Facebook ou Twitter, par exemple, impacterait défavorablement notre estime de soi, le nombre de «j'aime» ou de «retweets» pouvant devenir une obsession et causer une véritable anxiété. Cela étant dit, inutile de vous précipiter sur Facebook ou Instagram pour diffuser dans l'heure qui suit les photos de votre premier coup de soleil. Je reste persuadée que vos amis y survivront et qu'ils sauront attendre pour apprécier comme il se doit votre magnifique bronzage dès votre retour.
Une volonté plus qu'un choix
Voilà ! Les statistiques sont éloquentes, les bienfaits des vacances reconnus et les méthodes pour se «déconnecter» relativement simples à mettre en oeuvre. Pour utiliser une formule aussi populaire qu'imagée, j'ai juste envie de vous dire que maintenant... la balle est dans votre camp ! Ressentez-vous vraiment le besoin de vous ressourcer ou tout simplement de vous retrouver ? Avez-vous vraiment envie de partager pleinement avec vos proches ces instants de bonheur et de bien-être devenus peut-être trop rares ? Avez-vous pensé que ces moments privilégiés partagés avec vos enfants, alors que vous êtes totalement serein et disponible, resteront à jamais gravés dans leur mémoire ?
Et si vous doutez encore de l'efficacité de votre entreprise pendant votre absence, vous aurez peut-être l'agréable surprise de découvrir que bon nombre de vos collaborateurs et collègues sont parfois dotés d'un formidable esprit d'initiative et de capacités décisionnelles insoupçonnées parce qu'un tantinet inhibées pendant l'année par votre présence et votre disponibilité rassurantes.
Le professeur Michel Lejoyeux, psychiatre à l'Hôpital Bichat-Claude Bernard à Paris, aime à dire que «les travailleurs les plus efficaces savent se reposer». Quant à moi, et en guise de conclusion, je me contenterai de citer le journaliste, écrivain et humoriste Alphonse Allais, en livrant à votre réflexion cette phrase sans appel : «Les cimetières sont remplis de gens irremplaçables.»
Bonnes vacances !