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Je pense qu’il est maintenant temps de laisser sortir le dragon féministe qui sommeille en moi, de dévoiler mes vraies couleurs. Oui, je l’avoue, avoir droit aux mêmes chances que tous les autres citoyens, peu importe le F ou le M écrit sur mon certificat de naissance, ça me tient à coeur.
Aujourd’hui, j’aimerais vous dire ce que je pense du fractionnement de revenu. Lorsque le gouvernement conservateur a annoncé une nouvelle mesure permettant aux couples de transférer 50 000$ de revenu d’un conjoint à l’autre afin de réduire sa facture fiscale, ça n’a pas pris plus que quelques heures pour que les premiers calculs sortent et que l’on constate que cette nouveauté n’aiderait en rien les familles de la classe moyenne. Pire que ça, cette mesure limite encore plus le désir d’émancipation que les femmes au foyer pourraient avoir après quelques années auprès de leurs enfants.
Considérant que même en occupant le même poste professionnel que son conjoint, une femme sera moins bien payée, pensez-vous que c’est le père qui sera tenté de rester à la maison lorsque les finances seront plus serrées?
Cette mesure, combinée en plus à l’augmentation fulgurante des tarifs en garderie, hausse le seuil de revenu à partir duquel il devient avantageux pour la mère de retourner sur le marché du travail.
Autant le gouvernement provincial que fédéral travaillent à faire reculer la position de la femme libre de faire ses choix dans un modèle de famille nucléaire. Là où j’ai trouvé qu’on riait trop de nous pour que je continue à me taire, c’est quand j’ai lu cet article dans Le Devoir.
Dans un courriel de financement envoyé aux militants du parti conservateur à l’occasion de la fête des Mères, la députée torontoise Stella Amber démontre bien que le gouvernement ne se cache même plus pour annoncer cette mesure comme un encouragement aux femmes à rester à la maison. Elle en profite même pour mentionner qu’être mère au foyer est un travail des plus difficiles et gratifiant. Est-ce une porte ouverte vers le dénigrement des mères qui travaillent? Est-ce avec ce genre de discours qu’on fera avancer la cause de l’égalité homme-femme?
Ce courriel de fête des Mères arrive à point, quelques jours seulement après que le Conseil du statut de la femme (CSF) ait proposé au gouvernement d’allonger le congé de paternité de trois semaines. En effet, comme le souligne cet article, cette mesure en est une qui pourrait faire avancer la cause de l’égalité homme-femme : « Un des effets pervers des longs congés de parentalité pris exclusivement par les mères est en somme le renforcement des rôles traditionnels, même lorsque le discours des parents est égalitaire. »
Je rêve encore de voir un monde où l’égalité et la valorisation du choix seraient au coeur des priorités gouvernementales. J’ai bien peur que ça n’arrive jamais si une société évoluée comme celle dans laquelle on se targue de vivre n’arrive pas à appliquer quelques principes de base pour donner les mêmes chances à chaque membre d’une même famille.