Lors d’une entrevue récente avec La Presse Canadienne, le ministre Caire a indiqué que le gouvernement a prévu des garde-fous pour empêcher que l’identité numérique serve à la surveillance des citoyens. (Photo: La Presse Canadienne)
Québec — Parmi les centaines de personnes qui étaient de retour devant l’Assemblée nationale, dimanche à Québec, pour déclarer à nouveau leur opposition aux mesures sanitaires, plusieurs s’opposent à l’identité numérique, et à la possibilité que celle-ci devienne un outil de contrôle et de surveillance du gouvernement.
Des manifestants contre les mesures sanitaires réclament un «débat public» sur les possibles dérives de l’identité numérique.
Parmi eux, il y a Michel Dutil est Annie Marquis, deux trentenaires doublement vaccinés contre la COVID-19.
«Le passeport vaccinal, ça semble être une très belle porte d’entrée pour l’identité numérique et la surveillance éventuelle de la population», s’inquiète Michel Dutil.
Sa conjointe ajoute que «c’est un terrain très glissant» et que le gouvernement devrait davantage informer la population sur le sujet.
«Je ne vois pas la nécessité de l’identité numérique, ça fait peur», indique Annie Marquis.
Le gouvernement souhaite qu’en 2025, des pièces d’identité comme la carte d’assurance-maladie, le certificat de naissance ou le permis de conduire soient numérisées. Le gouvernement mène également des discussions avec des institutions financières afin d’évaluer la possibilité d’y intégrer des documents non gouvernementaux, comme la carte de crédit.
Le ministre de la Cybersécurité et du Numérique, Éric Caire a récemment indiqué que la biométrie, la reconnaissance faciale ou encore la reconnaissance des empreintes digitales, pourrait être utilisée pour sécuriser l’identité numérique.
Depuis l’instauration du passeport sanitaire, plusieurs théories du complot prétendent que cette mesure sanitaire n’est que la prémisse à l’instauration d’une sorte de «crédit social» comme en Chine, où la biométrie et l’identité numérique sont utilisées pour attribuer des notes aux citoyens, selon des facteurs comme la moralité et le civisme.
C’est ce que croit un manifestant originaire de Québec, qui refuse de s’identifier parce qu’il se méfie des médias et du gouvernement.
«L’identité numérique servira à diviser les citoyens et instaurer le crédit social comme en Chine», a indiqué le manifestant.
Selon lui, lorsque les mesures sanitaires seront levées, une partie des manifestants continueront de se battre contre l’identité numérique.
Laurice Nadeau, un manifestant qui brandit une pancarte sur laquelle il est écrit «Contrôle électronique = Chine», souhaite qu’il y ait un débat de société sur le sujet.
«Sur le long terme, l’identité numérique ça me fait peur, ça me fait peur sur le contrôle des populations, regardez en Chine, chaque geste que tu fais et qui est en dehors de la ligne de conduite, tu perds des points».
Lors d’une entrevue récente avec La Presse Canadienne, le ministre Caire a indiqué que le gouvernement a prévu des garde-fous pour empêcher que l’identité numérique serve à la surveillance des citoyens. La Commission d’accès à l’information du Québec joue le rôle de «chien de garde» afin d’empêcher une utilisation inadéquate des données.
Passeport vaccinal
En début d’après-midi, les principaux organisateurs du «Convoi de la liberté» se sont adressés à la foule réunie devant l’Assemblée nationale en cette deuxième journée de manifestation.
Bernard Gauthier a félicité les manifestants en indiquant que les deux week-ends de manifestation à Québec avaient été pacifiques et il a réitéré qu’il attendait «un retour d’ascenseur de la part du gouvernement».
«Il faut que tu nous reviennes avec des réponses, a lancé l’organisateur. Nous autres, on va réagir si ça ne marche pas. On va se trouver d’autres choses, c’est sûr et certain».
Les organisateurs réclament notamment l’abandon définitif du passeport vaccinal.
Quatre arrestations et 167 constats d’infraction
Le Service de police de la Ville de Québec (SPVQ) a procédé à quatre arrestations samedi, deux pour des infractions criminelles (voies de fait et action indécente) et deux en lien avec le règlement sur la paix et le bon ordre.
Pendant les deux jours de manifestation, les policiers ont également délivré 63 constats en vertu de la réglementation sur la paix et le bon ordre, 75 constats en vertu du Code de la sécurité routière et 29 constats de stationnement.
En début de soirée dimanche, le maire de Québec Bruno Marchand a salué «la contribution des policiers et des policières de la ville» et il s’est dit «satisfait de la conclusion de la manifestation».
«La très grande majorité des manifestants ont fait ce qui était attendu d’eux, c’est-à-dire qu’ils ont manifesté dans le calme et le respect des règles», a mentionné le maire de Québec.
Une vingtaine de poids lourds
Un concert de klaxon a commencé à se faire entendre dimanche, vers 10h. Comme la veille, une vingtaine de poids lourds étaient stationnés sur le boulevard René-Lévesque, près du Parlement, où la police tolérait la présence de camions dans une zone spécifique, selon une entente préalable entre le SPVQ et les organisateurs de l’évènement.
Vers 16h30, la totalité des camions avait quitté la zone de tolérance sur René-Lévesque et vers 17h30, les manifestants avaient quitté les lieux.
Une forte présence policière surveillait les manifestants. L’atmosphère était festive, avec de la musique forte diffusée par haut-parleurs.