Tous ces progrès nécessaires à la révolution du métavers

Publié le 10/10/2022 à 14:14

Tous ces progrès nécessaires à la révolution du métavers

Publié le 10/10/2022 à 14:14

Par François Remy

Plusieurs défis doivent encore être surmontés avant que le métavers puisse réaliser son plein potentiel. (Photo: 123RF)

LES CLÉS DE LA CRYPTO est une rubrique qui décode patiemment l’univers de la cryptomonnaie et ses secousses boursières, industrielles et médiatiques. François Remy se donne pour mission d’identifier les entrepreneurs prometteurs, de décoder les progrès techniques et d’anticiper les impacts industriel et sociétal de cette monnaie numérique.


(Illustration: Camille Charbonneau)

Depuis que Facebook s’est transformé en Meta il y a un an, tout le monde parle du métavers, mais personne n’a encore trouvé de solution aux défis à surmonter pour que la révolution promise puisse se concrétiser.

Depuis que Mark Zuckerberg a dévoilé le nouveau nom de sa multinationale en octobre 2021, Meta remplaçant Facebook, de nombreuses entreprises ont établi leur présence sur des plateformes de métavers. Au-delà des effets d’annonces et du battage médiatique, plusieurs interrogations fondamentales demeurent.

En quoi le métavers aide-t-il les particuliers et les entreprises ? Quelle valeur peut-il apporter ? Quel est le degré de maturité de la technologie et quand sera-t-elle prête à être adoptée par le grand public ? Quels sont les risques et les défis à relever ? Quel est le rôle des entreprises, des régulateurs, et des gouvernements ?

Voilà largement brossés les enjeux de cette réalité parallèle dans le rapport Métavers – La prochaine révolution de l’e-commerce que cosignent les spécialistes du numérique à la Deutsche Bank.

Selon ces derniers, le métavers pourrait déclencher la prochaine révolution du commerce électronique, compte tenu de progrès technologiques devenus de plus en plus courants. Les entreprises de services financiers désireront y jouer un rôle important lorsqu’on estime à quelque 2000 milliards de dollars américains la taille du marché mondial du «commerce dans le métavers» d’ici 2030.

«Sur ces 2 billions de dollars, 1 billion serait généré à partir des écosystèmes du métavers basés sur la réalité virtuelle (VR), la réalité augmentée (AR), l’haptique et autres technologies, l’autre moitié étant réalisée sur les écosystèmes métavers accessibles sur les canaux mobiles et de bureau» chiffrent les experts en transformation numérique du géant bancaire.

Des mondes virtuels aux problèmes bien réels

Néanmoins, plusieurs défis doivent encore être surmontés avant que le métavers puisse réaliser son plein potentiel. La maturité des technologies de base, la confidentialité des données, la sécurité financière, la protection des droits de propriété intellectuelle…

Au-delà des changements technologiques nécessaires pour rendre l’expérience du métavers aussi immersive et réelle que possible, il y a une série d’obstacles à contourner pour permettre une adoption à grande échelle. Et ainsi créer de la valeur et obtenir un impact sociétal positif.

En termes de protection des données privées, les dispositifs de VR reposent sur la collecte et le traitement de données sensibles, notamment les données biométriques de l’utilisateur, les identifiants uniques des appareils et les informations de localisation de l’intérieur des habitations ou des entreprises.

«On estime qu’au cours d’une seule session de 20 minutes de VR, un casque peut générer environ deux millions de points de données et d’enregistrements uniques du langage corporel. Le potentiel de monétisation des données augmente le risque d’une mauvaise utilisation des données» épinglent les analystes de la Deutsche Bank.

Concernant la sécurité numérique, la création d’un environnement de confiance, sûr et sécurisé sur le métavers constitue une condition sine qua non pour son succès. Des mesures de protection visant à éliminer les abus, les préjugés et les attaques malveillantes s’avèrent absolument nécessaires. Mais il n’est évidemment pas réaliste de penser que ces risques seront totalement éliminés. On ne peut qu’espérer que les progrès de la cybersécurité seront intégrés à ces nouveaux espaces d’interaction et que les poursuites judiciaires ne se perdront pas dans le métavers par vice de procédure. Pour l’heure, les gardiens de l’Internet décentralisé ne font guère d’excès de zèle «Comme on le voit actuellement sur les grandes plateformes, une menace potentielle est l’ingénierie sociale, lorsque les criminels peuvent se faire passer pour d’autres personnes afin d’obtenir l’accès à des informations ou à des biens privés», rappellent les auteurs.

Risques augmentés requièrent cybersécurité renforcée

Des expériences plus immersives dans le métavers pourraient dès lors favoriser l’utilisation de méthodes d’escroquerie comme les hypertrucages (deep fakes) pour attirer les individus dans des situations qui les exposent ou exposent des informations privées. Propulsées par des algorithmes quasi autonomes, ces méthodes frauduleuses ont gagné en réalisme, sophistication et démocratisation. Une énième menace cyber à prendre très au sérieux, y compris pour les entreprises.

Le métavers requiert de disposer d’une identification numérique. Des solutions basées sur des modèles décentralisés sont en cours de développement telles que les identités numériques autosouveraines (Self Sovereign Identity, SSI). Les utilisateurs y bénéficient du contrôle total de leurs données disponibles sur une blockchain ou activées via des NFT et peuvent décider au cas par cas du type d’informations à partager.

«Dans le métavers, un utilisateur peut avoir différentes parties de son identité qu’il est prêt à partager à différentes occasions — par exemple, différents avatars dans un contexte professionnel ou de jeu», note la Deutsche Bank.

Enfin, parmi les grands défis abordés, évoquons l’un des moteurs de croissance de l’économie des métavers que sera la création et l’utilisation de diverses formes de propriété intellectuelle. Si certains concepts et régimes juridiques existants peuvent s’appliquer, des travaux supplémentaires sont jugés nécessaires.

Toutes ces normes doivent être évaluées dans le contexte de juridictions plurielles. Les contentieux demeurent inévitables avec toutes ces transactions économiques où, dans la plupart des cas, des systèmes juridiques établis avec des freins et contrepoids divergents sont en place. Et nous ne parlons même pas encore de la fiscalité, une joyeuseté bien réelle dont la complexité et l’hétérogénéité promettent de rythmer les activités virtuelles dans le métavers.

 

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