Martin Lalonde: «Les cryptos ont leur place dans un portefeuille équilibré»

Publié le 27/09/2021 à 13:57

Martin Lalonde: «Les cryptos ont leur place dans un portefeuille équilibré»

Publié le 27/09/2021 à 13:57

Par François Remy

Martin Lalonde, président de la firme québécoise de gestion de portefeuille Rivemont (Photo: courtoisie)

LES CLÉS DE LA CRYPTO est une rubrique qui décode patiemment l’univers de la cryptomonnaie et ses secousses boursières, industrielles et médiatiques. François Remy se donne pour mission d’identifier les entrepreneurs prometteurs, de décoder les progrès techniques et d’anticiper les impacts industriel et sociétal de cette monnaie numérique.


(Illustration: Camille Charbonneau)

Bitcoins et autres monnaies numériques alternatives semblent gagner une nouvelle dimension, beaucoup plus grand public. Le temps serait-il venu de considérer ces actifs comme des placements traditionnels ? Les Affaires en a discuté avec Martin Lalonde, le président de la firme québécoise de gestion de portefeuille Rivemont, dont le fonds Crypto demeure le seul de cryptomonnaies activement géré au Canada.

 

Les Affaires: Au rythme d’annonces remarquées telles (Tesla, Mastercard, Couche-Tard), les cryptomonnaies se sont invitées dans la finance classique. Les fondamentaux auraient-ils changé? 

Martin Lalonde: Fondamentalement, c’est-à-dire par rapport à la valeur de l’industrie des cryptomonnaies et à notre vision de cette dernière dans le présent et le futur, rien n’a véritablement changé. Nous demeurons optimistes et nos attentes demeurent haussières sur le moyen et le long terme.

Plusieurs projets hyper intéressants basés sur la chaîne de blocs ont eu un succès retentissant au cours des derniers mois, notamment avec le récent fork d’Ethereum [une mise à jour de la deuxième plus importante chaîne de blocs, NDLA], l’approche de masses des jetons non fongibles, ou NFT [sortes de certificat numérique d’authenticité d’un actif, NDLA] et de la finance décentralisée, la DeFi. Nous croyons que ce n’est que le début.

 

L.A.: Fait-il bon investir en cryptomonnaies au Québec et au Canada?

M.L : Il va sans dire que nous n’offririons pas le Fonds Rivemont Crypto aux investisseurs de la province et du pays si nous ne pensions pas que le secteur offre un fort potentiel de rendement. Dans ce secteur encore aujourd’hui émergent, il faut faire preuve d’une prudence et diligence élevée.

Utiliser les intermédiaires de confiance régulés nous apparaît comme le meilleur conseil pour tout investisseur qui désire rejoindre le marché. Les régulateurs du Québec font d’ailleurs preuve d’une grande prudence à cet égard.

Présentement, outre les FNB passifs, peu d’options s’offrent aux investisseurs. C’est pourquoi notre produit est en aussi forte croissance.

 

L.A.: Que vous inspire le fait que des institutions américaines – Goldman Sachs ou JPMorgan pour ne citer qu’elles – offrent désormais une exposition aux cryptos comme un service normal?

M.L : C’est en quelque sorte l’adage « si on ne peut pas les battre, rejoignons-les ». Ces grandes institutions ont d’abord vu l’industrie des cryptomonnaies comme une menace à leurs activités traditionnelles. Elles se sont positionnées en conséquence et ont tenté de nuire à son adoption.

Elles ne sont toutefois pas dupes. Lorsqu’elles constatent les rendements enregistrés, l’intérêt populaire et la taille croissante du marché qui leur permet désormais de l’intégrer de surcroît, elles sautent sur l’occasion. C’est une étape de plus dans l’adoption des cryptomonnaies. Il y a eu les individus, les corporations, les institutions financières et même aujourd’hui certains pays tels que le Salvador récemment. 

Les cryptomonnaies sont clairement en train de devenir une classe d’actif incontournable pour tout investisseur sérieux.

 

L.A.:La pression réglementaire sur l’écosystème du bitcoin grandit. Aubaine ou menace?

M.L : C’est une bien mince et difficile ligne à naviguer qu’est celle de la réglementation. Tout marché efficace doit présenter une réglementation suffisante afin que tous ses acteurs bénéficient de la confiance nécessaire pour y participer. Toutefois, il faut se rappeler que l’industrie même des cryptomonnaies est basée sur la décentralisation. Il faut donc éviter une surrèglementation qui aurait comme effet de nuire à l’innovation.

Trop en faire dans un esprit de contrôle, ce serait comme surréguler l’Internet en 1995 en plein essor de l’ère du World Wide Web. Les cryptomonnaies disposent d’avantages notables par rapport aux monnaies nationales et dans l’industrie de la finance en général. Il faut que la régulation mise en place encadre et aide l’implantation de ces innovations, et non le contraire.

 

L.A.: Tout investisseur, aussi petit soit-il, doit-il s’exposer aux crypto-actifs?

M.L : Le marché des cryptomonnaies demeure hautement volatil et devrait donc possiblement être évité pour les personnes avec un profil d’investisseur très prudent. On pense à ceux avec des objectifs précis et à court terme.

Dès que l’on parle d’un portefeuille le moindrement équilibré dans un objectif de croissance, nous pensons tout à fait que les cryptomonnaies devraient y être.

 

L.A.: Est-ce pour mitiger les risques d’inflation, pour équilibrer son portefeuille ou pour ne pas rater une opportunité d’investissement?

M.L : Toutes ces raisons sont bonnes. En investissement, une partie modeste du portefeuille dans des actifs risqués réduit en vérité le risque global. Cinq à 15 % de son portefeuille exposé aux cryptomonnaies majeures peut faire une grande différence sur un horizon de 10 ou 20 ans. La partie du portefeuille dédiée à ce marché dépend, comme tout autre actif, de la tolérance au risque et de l’horizon d’investissement du client.

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