Chut... Photo: DR
Qui dit créativité dit idée. Ou plutôt, idées. Et c'est bien là le coeur du problème : dès lors que nous souhaitons nous montrer créatifs, nous avons tous le réflexe de chercher le plus d'idées possible, dans l'espoir d'en trouver une géniale. Mais voilà, est-ce là la meilleure façon de procéder ?
Pour y voir plus clair, j'ai rencontré Ani Lodrö Palmo, une nonne bouddhiste qui enseigne la méditation au Centre Shambhala de Montréal ainsi qu'en milieu de travail. Pourquoi elle ? Parce que je me disais qu'une personne experte dans l'art de méditer saurait m'indiquer s'il y a moyen, ou pas, de maîtriser le flux d'idées qui inondent notre cerveau.
Le temps d'un thé et de deux ou trois croissants au Café Cherrier, Ani Lodrö Palmo (soeur de la Glorieuse Sagesse, en tibétain) m'a confirmé que la méditation revenait bel et bien à vivre pleinement l'instant présent, et non pas - comme nombre d'entre nous le croyons à tort - à se relaxer, voire à faire le vide en soi.
«L'objectif est simple : fixer son attention sur une chose - et une seule - pendant plusieurs minutes. C'est tout. Mais c'est plus facile à dire qu'à faire, car nous sommes continuellement assaillis par les idées, au point même d'en avoir parfois le tournis», m'a-t-elle dit.
Ainsi, ceux qui méditent se concentrent souvent sur leur respiration. Et sur elle seule. «L'explication est que nous respirons au présent, pas dans le passé ni dans le futur. Cela permet d'empêcher les idées liées au passé et au futur de nous parasiter», m'a-t-elle expliqué.
«Tant que nous n'avons pas repris le contrôle de notre pensée, nous bataillons contre les idées qui nous envahissent de toutes parts. Par exemple, nous songeons à ce collègue qui nous a énervé la veille, ou encore au boss qui attend avec impatience le dossier dont on a la charge. Et nous gaspillons notre énergie», a poursuivi Ani Lodrö Palmo, qui s'appelait Danièle Lamoureux avant de devenir bouddhiste.
Une salle sans bruit
Du coup, la méditation permet de devenir calme et serein, un état propice à la créativité. «C'est une fois la paix intérieure faite que nous viennent les meilleures idées. Pas autrement», a-t-elle souligné.
Le truc ? Renouer avec le silence. Le silence en soi, mais aussi le silence autour de soi. «Nous ne le réalisons plus, mais nous sommes aujourd'hui submergés par le bruit. La circulation automobile, la télévision, sans parler des écouteurs que certains ont rivés aux oreilles. Tout cela a pour effet de nous distraire de la réalité.»
D'où l'intérêt de s'extraire autant que faire se peut du bruit. «En redécouvrant le silence, nous faisons preuve de bienveillance envers nous-mêmes. Mieux, nous nous montrons curieux de nous-même et donc, entre autres, de nos pensées les plus créatives», a-t-elle enchaîné, en précisant qu'elle rêvait du jour où une entreprise aurait l'idée de se doter d'une «salle de silence» : «Un lieu où les employés pourraient se ressourcer quand bon leur semblerait et, ensuite, se montrer plus frais d'esprit au travail».