Des québécoises championnes des acquisitions


Édition du 03 Mai 2014

Des québécoises championnes des acquisitions


Édition du 03 Mai 2014

Par Philippe Leblanc

Philippe Le Blanc est gestionnaire de portefeuille de COTE 100 et éditeur de la Lettre financière COTE 100.

Si vous aviez le choix entre investir dans une entreprise qui réussit à croître à l'interne (c'est-à-dire grâce à une augmentation de ses parts de marché, à la croissance de ses marchés ou à l'élaboration de nouveaux produits) et investir dans une entreprise qui croît par acquisitions, vous choisiriez sûrement celle qui connaît une forte croissance interne. Règle générale, une telle croissance comporte moins de risques que celle par acquisitions, qui peut mal tourner.

Le hic est que les investisseurs sont attirés par les titres de ces champions de la croissance interne. Prenons celui de Chipotle, chaîne de restaurants à service rapide offrant des mets mexicains, qui connaît un beau succès depuis quelques années. À la fin de 2013, la chaîne exploitait 1 595 restaurants, et la direction prévoit en ouvrir jusqu'à 195 par année. De toute évidence, le potentiel de croissance de la société est important ; seulement aux États-Unis, un géant comme McDonald's exploitait 14 278 restaurants à la fin de 2013. C'est pourquoi le titre de Chipotle se négocie présentement à près de 42 fois les bénéfices prévus de 2014.

Tous les chemins mènent à Rome

Si la croissance interne est la manière la plus noble pour les entreprises de créer de la valeur pour leurs actionnaires, les acquisitions ne sont pas à dédaigner. Dans un contexte où la croissance économique est faible et où de nombreux secteurs sont matures, la stratégie par acquisitions devient une voie obligée qui peut devenir fort lucrative pour les actionnaires.

De fait, de nombreuses sociétés québécoises ont justement emprunté la voie des acquisitions depuis quelques années et, dans l'ensemble, le résultat a été très enrichissant. Le tableau ci-dessus en présente quelques-unes.

De rigoureux critères

Le succès d'une stratégie de croissance par acquisitions repose avant tout sur la rigueur de l'équipe de direction. Cette dernière doit :
1- S'en tenir aux acquisitions sensées d'un point de vue stratégique, pour éviter de s'éparpiller ;
2- S'assurer de payer un prix attrayant, ce qui nécessite souvent une grande patience de la part des acquéreurs ;
3- Intégrer efficacement les activités acquises.

Les entreprises citées dans le tableau se distinguent à chacune de ces étapes. Par exemple, la stratégie d'acquisition de Quincaillerie Richelieu est claire : consolider le marché des distributeurs de quincaillerie spécialisée. Il y en a toujours une pléthore, surtout de petits acteurs régionaux américains, et chaque acquisition renforce Richelieu en lui permettant, soit de gagner des clients et d'investir un nouveau marché géographique, soit d'ajouter des produits à sa gamme.

L'exemple de l'acquisition avortée de Casey's par Couche-Tard en 2010 illustre très bien la discipline de la direction de la chaîne lavalloise concernant le prix qu'elle est prête à payer. Couche-Tard ne fait pas d'acquisition si le prix demandé n'a pas de sens du point de vue financier. Lorsque la société dirigée par Alain Bouchard réalise des acquisitions, son but n'est pas seulement de faire croître son chiffre d'affaires, mais aussi d'augmenter son bénéfice par action.

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