Les ambitions d'Aliments Ultima ne se limitent pas au territoire du Canada. Plutôt que de chercher d'abord à percer aux États-Unis, comme on pourrait s'y attendre, c'est du côté de l'Asie que l'entreprise québécoise entend développer son premier marché d'exportation.
Déjà, la semaine dernière, un premier chargement empli de ses produits de marque Iögo a été expédié par avion à Hong Kong. Depuis cette ancienne colonie britannique rétrocédée à la Chine en 1997, Ultima entamera l'essentiel de ses efforts de développements étrangers dans les prochaines années.
L'entreprise de Saint-Hubert, sur la Rive-Sud de Montréal, a conclu une première entente de distribution avec Dairy Farm International et ParknShop, les deux plus importants distributeurs alimentaires de cet archipel de plus de sept millions d'habitants. Son objectif avoué : tester ses différents formats de yogourt auprès des consommateurs de l'endroit et définir sur cette base les prochaines étapes de son développement en Asie.
«Nous y allons avec l'intention d'écouter et d'apprendre, tout en ayant la conviction que nous pouvons parvenir à nous y tailler une place de choix», explique Martin Parent, président d'Aliments Ultima. Ce dernier connaît bien le continent asiatique pour avoir travaillé plusieurs années en Thaïlande pour le compte de Cadbury, géant britannique de la confiserie passé aux mains de Mondelez International après son rachat de Kraft Foods en 2012.
«Certes, la Chine est plus éloignée que les États-Unis et comporte des caractéristiques qui lui sont propres, mais, si le défi est grand, le potentiel de bénéfice l'est tout autant», souligne M. Parent. Il rappelle que les 10 plus grandes villes de Chine réunies sont à elles seules plus populeuses que le marché des États-Unis dans son ensemble.
Les trois cartes d'Ultima en Chine
Ses concurrents sont déjà sur place. Le géant européen Danone est bien présent sur le territoire de Hong Kong. Il en va de même de l'américaine Yoplait, qu'Ultima connaît bien pour détenir depuis plus de 40 ans la licence de fabrication de ses produits pour tout le marché canadien jusqu'en 2023.
Afin de se distinguer de cette concurrence, Ultima prévoit mettre de l'avant ses gammes de produits sans lactose. Il est bien connu dans l'industrie alimentaire que les consommateurs d'origine asiatique présentent une plus grande prévalence d'intolérance aux produits laitiers.
Considérant cet important frein à la consommation, on estime que les produits sans lactose développés ces dernières années, spécifiquement pour la marque Iögo, a des chances d'attirer la curiosité et l'intérêt d'une large part des consommateurs asiatiques.
Du lait sans mélamine
Autre élément de distinction : un produit importé de fabrication entièrement étrangère. Danone et Yoplait sont aussi des marques étrangères mais, à la différence des yogourts d'Ultima, leurs produits sont fabriqués localement à partir de lait des environs, précise M. Parent. Or, plusieurs se souviennent des scandales successifs qui ont frappé l'industrie laitière chinoise. Pour mémoire, de la mélamine mêlée au lait maternisé avait entraîné la mort d'au moins 6 bébés et provoqué des maladies chroniques chez 300 000 autres.
Même si la situation semble s'être sensiblement améliorée depuis - en dépit de la découverte fréquente de nouveaux cas de lait frelaté -, la crainte demeure chez les Hongkongais, qui accordent depuis une grande valeur aux produits laitiers de l'étranger.
Enfin, Martin Parent entend jouer à fond la carte de l'origine canadienne. En Asie, peut-être plus qu'ailleurs, un label de qualité important est associé à tout ce qui est produit au Canada. Notre pays y est généralement perçu favorablement. L'industrie du sirop d'érable et celle du vin de glace peuvent le confirmer. Roots, Canada Goose et Sorel, des marques qui insistent sur leur origine canadienne, ont toutes connu un succès important sur le continent asiatique. En faisant bien ressortir cet aspect «de produits frais, faits au Canada à base de vrai lait de vaches 100 % canadiennes, j'estime que nous avons de bonnes chances de réussir à séduire une part du marché», explique M. Parent.
Les États-Unis viendront peut-être ensuite. Même chose pour ce qui est de l'Europe, un marché où le yogourt fait l'objet d'une immense concurrence. Mais pour l'instant, M. Parent insiste : «Hong Kong présente des occasions réelles que nous comptons bien explorer.»