Entrevue n°202: Malcolm Gladwell, auteur de David et Goliath


Édition du 03 Mai 2014

Entrevue n°202: Malcolm Gladwell, auteur de David et Goliath


Édition du 03 Mai 2014

Par Diane Bérard

«On tire une grande force de ne rien avoir à perdre» - Malcolm Gladwell, auteur de David et Goliath

Les livres de Malcolm Gladwell deviennent tous des succès. Sa capacité à raconter des histoires accrocheuses et à en tirer des théories universelles plaît. Certains trouvent sa recette facile, mais ses fans en redemandent. Au début de mai, David et Goliath arrive dans les librairies québécoises.

Diane Bérard - Nous pensons connaître le récit de la bataille de David contre Goliath. Pourquoi dites-vous que nous nous trompons ?

Malcolm Gladwell - David était plus fort qu'il n'y paraît et Goliath, plus faible. Contrairement à la croyance populaire, la fronde était une arme redoutable. Rien à voir avec un jouet d'enfant. Les guerriers d'expérience s'en servaient régulièrement. David ne s'est donc pas présenté à cette bataille avec un tire-pois. Quant à Goliath, sa taille démesurée serait due à une maladie, l'acromégalie. Cette maladie aurait pour effet secondaire fréquent des troubles de la vue. Goliath aurait demandé à David de s'approcher de lui, non pas pour le défier, mais bien parce qu'il ne le voyait pas bien.

D.B. - Croyez-vous que la plupart d'entre nous s'identifient à David ?

M.G. - Probablement. Nous sommes conscients que le pouvoir n'est pas distribué également dans la société. Il est concentré.

D.B. - Possédons-nous tous ce qu'il faut pour triompher comme David ?

M.G. - Non. Tout le monde ne peut pas vaincre Goliath. Prenez les dyslexiques. Certains sont devenus des sportifs émérites, comme Tigers Woods, ou des entrepreneurs à succès, comme le fondateur d'Ikea. C'est la théorie de la «difficulté souhaitable». Tiger Woods et Ingvar Kamprad ont transformé leur handicap, la dyslexie, en avantage. Ce n'est pas donné à tous.

D.B. - Comment savoir si on possède ce qu'il faut pour vaincre Goliath lorsque nous le rencontrons ?

M.G. - Nous sommes peu doués pour prévoir nos émotions face à une situation donnée. Le courage vient lorsqu'on l'a affronté et découvert qu'elle s'avérait moins terrifiante que prévue.

D.B. - Qu'ont les David de ce monde en commun ?

M.G. - Ils ont compris que les armes intangibles triomphent généralement des armes tangibles. Le courage, la persévérance, la foi et l'expérience vous confèrent souvent le dernier mot.

D.B. - David a une autre arme, il sait être désagréable...

M.G. - En effet, la force de David tient aussi au fait qu'il n'a pas besoin de l'approbation des autres. C'est probablement parce qu'il n'a rien à perdre. On tire une grande force de ne rien avoir à perdre.

D.B. - David doit-il avoir connu l'adversité pour triompher de Goliath ?

M.G. - Non, mais les épreuves que nous traversons accélèrent notre courbe d'apprentissage. Vous n'avez pas besoin d'avoir perdu un parent pour devenir un politicien accompli. Mais la perte d'un parent vous force à développer certaines compétences plus tôt que la moyenne de vos congénères. Vous les maîtrisez donc mieux. L'expérience fait partie des armes intangibles qui confèrent un avantage aux David de ce monde.

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