Ces tomates québécoises poussent grâce à vos déchets

Offert par Les Affaires


Édition du 11 Mars 2017

Ces tomates québécoises poussent grâce à vos déchets

Offert par Les Affaires


Édition du 11 Mars 2017

Les Serres Demers produisent cinq tonnes de tomates par semaine dans leurs installations de Drummondville.

Le paysage est quasiment lunaire et totalement désolant. Le chemin sinueux qui le parcourt n'est pas plus réjouissant. Cependant, il vaut la peine d'être suivi pour découvrir, quand on ne s'y attend plus, un des complexes agricoles les plus impressionnants du Québec.

En 2012, les Serres Demers, du quartier Saint-Nicolas, à Lévis, installaient sur l'immense site d'enfouissement de Waste Management de Drummondville une vaste serre pour y produire des tomates. Celle-ci s'étend sur 3,2 hectares, c'est-à-dire, pour reprendre la comparaison consacrée, l'équivalent de six terrains de football ! Et la production est à l'avenant : en moyenne, on réussit à y produire cinq tonnes de tomates par semaine.

Et ce n'est pas tout : on travaille présentement à agrandir le complexe pour porter sa superficie à 10 hectares, ce qui permettra de tripler la production et d'en faire la plus grosse serre du genre au Québec. L'investissement initial de 25 millions de dollars sera alors doublé, notamment grâce à la contribution du Fonds de solidarité FTQ et de Capital régional et coopératif Desjardins.

C'est très impressionnant, tout comme la façon dont on met à contribution le site d'enfouissement pour alimenter le complexe en énergie. En général, les dépotoirs n'ont pas bonne réputation. Toutefois, ce qu'on tire dorénavant du site de Drummondville montre qu'ils peuvent se faire valoir sur le plan environnemental si on met leur potentiel à contribution.

Les matières en décomposition y génèrent des biogaz. On comprend de plus en plus la valeur de ces énergies renouvelables qui, dans ce cas, profitent directement aux Serres Demers.

À quelques centaines de mètres des serres se trouve une centrale thermique qui produit 7,5 mégawatts d'électricité à partir des biogaz qui y sont acheminés par un réseau de capteurs souterrains. Cette production dégage beaucoup de chaleur, qui réchauffe de l'eau. Celle-ci est ensuite transmise par tuyaux à la serre, lui fournissant 50 % de ses besoins en chauffage. L'autre moitié est assurée par l'excédent de biogaz que la centrale ne peut traiter et qui y sont acheminés par un gazoduc pour qu'elle les brûle elle-même. Il faut quand même de l'électricité pour l'éclairage, surtout en hiver, mais son apport est ainsi grandement réduit.

Cette récupération d'une énergie autrefois ignorée ne constitue pas qu'un gain net pour l'environnement : elle permet aussi de réduire substantiellement la facture énergétique des serres, et ainsi, d'abaisser le coût de revient des tomates. C'est important pour être en mesure de concurrencer les importations en provenance du Mexique, par exemple.

C'est pourquoi on voit de plus en plus, dans les étalages de toutes les grandes chaînes de supermarchés présentes au Québec, des Bella et d'autres variétés savoureuses issues de Drummondville. Et même avec une production trois fois plus importante, on ne répondra qu'au sixième de la demande québécoise en tomates fraîches. Nous en sommes friands, ici ! Ne reste plus qu'à espérer qu'on nous proposera un jour d'aussi bonnes fraises et framboises pour oublier les machins fades qui nous arrivent de Californie l'hiver...

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