Quiconque suit le moindrement l'actualité pourrait être porté à croire que les quelque 26 000 entreprises de génie et de construction actives au Québec trempent jusqu'au cou dans des affaires de collusion et de corruption pour obtenir des contrats publics. Malheureusement, il s'agit d'une généralisation inadéquate. Il est dès lors primordial de distinguer les gestes condamnables commis par certains individus des actions des entreprises qui les ont employés ou, plus encore, des entreprises qui n'ont jamais rien eu à se reprocher.
Les personnes coupables de fraude doivent être traduites en justice et tenues responsables de leurs actions. Il faut cependant éviter de mettre tout le monde dans le même panier. La vaste majorité des employés travaillent de façon honnête et intègre, et ne méritent pas de payer pour ceux qui ont commis des gestes contraires à l'intégrité et à l'éthique.
Il semble donc essentiel que le Québec trouve une voie de passage entre, d'une part, la nécessité que soient redevables les entreprises et les entrepreneurs qui ont adopté des comportements contraires à l'intégrité et à l'éthique en matière de contrats publics et, d'autre part, l'obligation pour le secteur public de maintenir un dialogue transparent avec ses fournisseurs.
C'est pourquoi le gouvernement, tout en appliquant des règles qui répondent aux standards les plus élevés au chapitre de la gouvernance, de l'intégrité et de l'éthique, doit éviter d'alourdir le fardeau administratif des entreprises.
Plusieurs des secteurs d'activité économique qui font affaire avec l'État ont modifié leurs façons de procéder ainsi que leurs processus. Ces entreprises se sont dotées de règles strictes en matière de transparence et d'éthique.
Au cours des dernières années néanmoins, les règles mises en place par le gouvernement provincial et les municipalités pour favoriser davantage l'intégrité, l'éthique et la saine gouvernance ont changé la donne. En effet, les cas que des enquêtes policières en cours pourraient révéler sont susceptibles de s'être produits avant l'adoption de ces mesures.
Le génie et les bâtisseurs du Québec, depuis la Révolution tranquille, ont fait la fierté de tous les Québécois, tant aux échelles locale et nationale qu'internationale. Il serait vraiment dommage de voir plusieurs de ces fleurons porter un boulet qui les ralentirait dans leur croissance future. Au contraire, nous sommes d'avis qu'il faut saisir cette occasion pour renforcer ces acteurs, dont l'apport à la prospérité et à la qualité de vie collective est indéniable.
Yves-Thomas Dorval, pdg du Conseil du patronat du Québec
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