La première gamme de produits d’Aquartis, appelée Ecovision, permet de récupérer les eaux usées ménagères en vue de la réutiliser pour la chasse d’eau des toilettes ou pour arroser des plantes. [Photo : Aquartis]
Le Québec possède un immense potentiel en eau potable, puisque plus de 3 % des réserves mondiales se trouvent sur son territoire. Mais les Québécois, qui aiment bien arroser leur pelouse, sont parmi les plus grands utilisateurs d'eau du monde avec une consommation moyenne qui s'élève à plus de 500 litres par jour par personne.
«Il y a malheureusement beaucoup trop de gaspillage», fait valoir Jean-François Lamy, président de l'entreprise de recyclage d'eau Aquartis, qui a voulu s'attaquer au problème. En particulier celui des eaux grises, c'est-à-dire l'eau souillée provenant des bains, douches et lavabos des salles de bain, qui représente environ le tiers de l'eau potable utilisée.
Jean-François Lamy a mis cinq ans à peaufiner la technologie ayant mené au lancement de l'entreprise en 2010. D'abord seul, puis en collaboration avec le Centre des technologies de l'eau (CTE) affilié au Cégep de Saint-Laurent. Un ingénieur en robotique a ensuite collaboré à l'automatisation des équipements de l'entreprise. Ces étapes de recherche et développement, réalisées pendant ses études en administration à l'Université du Québec à Montréal, ont été consacrées à la mise au point d'un procédé de traitement pour enlever les bactéries et l'odeur de l'eau sale.
«Si l'eau n'est pas traitée correctement, si sa qualité n'est pas optimale, les consommateurs auront une réticence à la réutiliser», souligne Jean-François Lamy, qui a d'abord fait ses classes en tant qu'apprenti auprès de son père, entrepreneur en plomberie.
Les équipements de recyclage d'eaux grises conçus par l'entreprise de Beloeil s'apparentent à une microstation d'épuration. Sa première gamme de produits, appelée Ecovision et mise en marché l'an dernier, permet de récupérer les eaux usées ménagères en vue de la réutiliser pour la chasse d'eau des toilettes ou pour arroser des plantes. Car, malgré ces traitements de choc, les eaux grises recyclées demeurent non potables.
Le plus petit appareil peut être utilisé dans une maison où logent de une à quatre personnes. Quant au plus grand, il répond aux besoins des multilogements où habitent de 24 à 36 personnes ; il vise également une clientèle commerciale, dont celle des hôtels et des centres de villégiature ou commerciaux.
En début d'année, Aquartis a lancé la gamme Intello destinée aux bâtiments commerciaux, qui peut s'installer directement sous le comptoir d'une salle de bain afin de récupérer l'eau, la traiter et la réutiliser pour alimenter la chasse d'eau des toilettes ou des urinoirs dans la même pièce. Le centre sportif de Chambly et le Centre culturel de Beloeil sont maintenant équipés des appareils Intello.
Ce nouvel équipement «peut s'implanter plus facilement dans les bâtiments existants», explique M. Lamy.
Consommation réduite
Selon Aquartis, ses appareils permettent de réduire de 30 % à 40 % la consommation d'eau potable d'un bâtiment. À titre d'exemple, une maison unifamiliale (4 habitants) réduira sa consommation d'eau potable d'environ 145 000 litres annuellement, tandis qu'un immeuble de 12 logements (36 habitants) la réduira d'environ 1,3 million de litres chaque année.
Si le recyclage des eaux grises constitue une solution intéressante au gaspillage et à la surconsommation d'eau, Aquartis est toutefois consciente que la faible taxation de l'eau au Québec n'incite pas à réduire sa consommation. «On vise une clientèle qui a une conscience écologique et le souci du développement durable», souligne M. Lamy.
Aquartis mise d'ailleurs davantage sur les marchés étrangers pour assurer sa croissance. L'entreprise revient de la récente mission commerciale au Mexique organisée par le gouvernement du Québec, au cours de laquelle elle en a profité pour rencontrer des distributeurs «fortement intéressés par nos produits», dit M. Lamy.
Récemment, la PME a ouvert une division en Martinique pour développer le marché des Caraïbes et de l'Amérique latine. Elle s'intéresse aussi au marché américain, en particulier aux États de la Californie, de l'Arizona et du Nevada, où la sécheresse les incite à chercher des façons de réduire leur consommation d'eau.
Aquartis a d'ailleurs amorcé des démarches auprès d'investisseurs afin d'appuyer son expansion. L'entreprise compte neuf employés et prévoit doubler son effectif d'ici un an.
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