BLOGUE INVITÉ. Porteur d’eau! Pour ceux qui l’ignorent, c’est le célèbre romancier britannique Anthony Trollope qui, lors d’un voyage au Québec en 1861, fut le premier à utiliser cette expression péjorative à l’égard des Canadiens français.
À l’époque, il prédisait aux «scieurs de bois et porteurs d’eau, un futur miséreux sous le joug et la soumission des anglophones. Au fil du temps, les francophones se sont emparés de cette expression et en ont fait un symbole de lutte contre la dépendance envers les Canadiens anglais.
Cela étant dit, revenons à Hydro-Québec.
C’est sous le gouvernement Godbout qu’a vu le jour Hydro-Québec avec la nationalisation de la compagnie Montreal Light, Heat and Power (MLH&P), qui exerçait alors un monopole dans la région de Montréal. Mais c’est René Lévesque, alors ministre des Richesses naturelles, qui travailla à créer la société d’État telle qu’on la connaît aujourd’hui, avec l’idée d’être “maîtres chez nous”.
Aujourd’hui, Hydro-Québec est considérée comme notre plus grande richesse collective avec ses 61 centrales hydroélectriques qui font d’elle l’un des plus importants producteurs d’hydroélectricité au monde.
Société d’État, elle occupe une place stratégique dans l’économie québécoise en se positionnant comme leader nord-américain de l’énergie verte. Le contrat record qu’elle a récemment conclu avec l’État de New York démontre l’immense potentiel de produire et de vendre à profit de l’électricité propre et renouvelable.
Avec le départ de Sophie Brochu, le gouvernement se trouve à la croisée des chemins quant au futur d’Hydro-Québec. Allons-nous nous inspirer des pays qui extraient et vendent à profit leurs ressources ou de ceux qui les vendent au rabais empêchant, de surcroît, tout enrichissement collectif de leur population?
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Bien que ces deux exemples soient aux antipodes, je trouve important de rappeler que nous n’avons pas le meilleur bilan des deals d’affaires quand vient le temps de vendre nos richesses naturelles et même notre talent!
Que ce soit notre précieuse eau que l’on donne à certaines multinationales qui ensuite nous la revendent dans une bouteille de plastique à usage unique ou les aides salariales financières massives que l’on offre aux entreprises étrangères qui promettent de s’installer au Québec (jusqu’au moment où les aides disparaissent) et qui viennent directement compétitionner nos PME, disons qu’il serait intéressant d’être de meilleurs deal maker.
La province étant en manque criant de main-d’œuvre, nous n’avons pour les prochaines années aucune raison d’attirer de nouvelles entreprises sous prétexte de création d’emplois ni aucune raison, face à l’immense demande notamment de nos voisins du Sud, de brader notre électricité verte.
Le choix du prochain PDG d’Hydro-Québec, qui mènera le plan stratégique des prochaines décennies, est donc d’une importance cruciale et se résume assez simplement. Soit nous sommes des porteurs d’eau qui bradent notre plus grande richesse naturelle et collective en espérant que des entreprises viennent s’installer ici, soit nous mettons nos culottes et produisons et vendons avec fierté et à prix compétitif ce que tout le monde s’arrache, de l’électricité propre et renouvelable.
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