À l’âge de 46 ans, l’entrepreneur en entretien industriel Normand Boucher a décidé de diversifier ses activités pour explorer un tout nouveau secteur : l’agriculture nordique. Avec l’appui, entre autres, de la Société d’aide au développement des collectivités (SADC) Chibougamau-Chapais, il s’est donc lancé dans la culture des pommes de terre dans le Nord-du-Québec. Et la réception de son produit sur les marchés locaux a dépassé toutes ses attentes.
Faire pousser des pommes de terre dans le nord aurait pu paraître hasardeux. Pourtant, Normand Boucher y voyait de nombreux avantages concurrentiels. « Tout d’abord, nous avons un climat favorable, avec de longues périodes d’ensoleillement, des journées chaudes et des nuits fraîches, et beaucoup de pluie, explique l’entrepreneur. Mais surtout, nous n’avons pas de voisins agriculteurs. Ça nous permet de cultiver une pomme de terre sans maladies ni parasites. »
Cette culture nordique avait déjà été tentée, mais sur de petits lots et de manière expérimentale. L’entrepreneur de Chapais, quant à lui, a décidé d’en faire une activité commerciale à plus grande échelle, avec l’aide financière de la SADC Chibougamau-Chapais, de l’Administration régionale Baie-James et de la Société de développement de la Baie-James. « La SADC a accepté de convertir le prêt qu’elle m’avait accordé en actionnariat. Ça m’a donné une plus grande marge de manœuvre pour acheter la machinerie dont j’avais besoin. »
Un atout pour le développement régional
Le projet de Normand Boucher avait exactement le profil recherché par la SADC : « Pour nous, c’est important de soutenir l’innovation et le développement régional. Ça fait partie de notre mission centrale », explique Annie Potvin, directrice générale de la SADC Chibougamau-Chapais.
Avant de pouvoir cultiver, le nouvel agriculteur a dû défricher une terre. La première souche a été arrachée en 2009. Dix ans plus tard, Normand Boucher possède un champ de 250 hectares produisant un million de semences de pommes de terre par année. « Nous produisons des semences zéro-virus que nous revendons aux producteurs de pommes de terre de table situés dans le sud du Québec. »
De plus, l’agriculteur de Chapais vend des pommes de terre sur le marché local : au Provigo de Lebel-sur-Quévillon, au Marché Tradition de Chapais, au IGA de Chibougamau et à la plupart des restaurants de la région. « Je ne pensais pas que l’achat local était si important pour les commerçants de la région. Je sens qu’ils me soutiennent vraiment, qu’ils sont fiers de promouvoir mon produit. Leur accueil a été vraiment formidable ! »
Quelques souvenirs d’enfance… pour toute expérience
Avant de devenir agriculteur, Normand Boucher se spécialisait en soudure et en entretien industriel. Il n’avait donc ni expérience ni formation en agriculture. « La seule expérience que j’avais, c’était d’avoir grandi sur une ferme bovine jusqu’à l’âge de 12 ans », dit-il avec amusement.
Le défi était donc grand, d’autant plus qu’il avait l’ambition de développer une culture inédite à grande échelle dans le nord du Québec. « C’est sûr qu’on a fait des erreurs en cours de route. Quand nous avons commencé à défricher, nous enlevions toutes les souches, ce qui avait pour effet d’appauvrir le sol. On a rapidement corrigé le tir en utilisant des broyeurs forestiers, afin de laisser les matières organiques au sol. »
Pour faire avancer son projet, Normand Boucher a su bien s’entourer. « Je me suis associé à Jean-Luc Baril, de la ferme Lunick, au Témiscamingue, qui est devenu un mentor. Mon fils Keven, qui est technicien agricole, s’est joint au projet. On fréquente les colloques et on collabore avec des chercheurs en agronomie pour qu’ils nous éclairent sur des questions plus pointues. »
L’agriculteur compte aussi sur l’accompagnement de la SADC Chibougamau-Chapais, qui le tient au courant des tendances du secteur et des programmes d’aide à l’entrepreneuriat. « Je reçois les courriels de la SADC régulièrement, et je dois dire que c’est d’une grande aide. Comme je suis beaucoup dans les champs, je n’ai pas toujours le temps de me tenir à jour. »
La passion d’apprendre et d’innover
Normand Boucher ne compte pas les heures passées au champ, à peaufiner ses systèmes de contrôle pour amener ses pommes de terre nordiques à maturité. Pourtant, il est toujours aussi motivé. « Quand on se lance dans un projet comme celui-là, il faut vraiment être passionné et avoir le goût d’apprendre, dit-il. On continue d’ailleurs de faire du développement et d’explorer de nouvelles avenues pour notre produit. » L’aventure ne fait que commencer !
- Nombre d’employés : 2 à 8, selon la saison
- Superficie des terres : 250 hectares
- Production annuelle de semences de pommes de terre : 1 million de livres
- Production annuelle de pommes de terre : de 160 000 à 200 000 livres